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Clés et transcendance


Clés et transcendance

Conférence donnée par Jaya le 30 mars 2013 en cours de méditation

*Un jour, un sage faisait un sermon dans un temple lorsque quelqu’un le dérangea. Il s’arrêta alors et demanda au trouble-fête ce qui se passait. Le trublion se leva et demanda : "Qu’est-ce que l’âme ?".
Le maître se leva, prit son bâton et demanda aux gens de le laisser passer. L’homme se mit à déglutir, ne s’attendant pas à une telle réaction. Le sage prit l’homme au cou à deux mains et le serra jusqu’à ce que les yeux de ce dernier se révulsent hors de sa tête.
Continuant à serrer, il lui dit : " Qui es-tu ? Ferme les yeux !" L’homme ayant bien du mal à les fermer, le maître continua à serrer, en insistant toujours : Qui es-tu ? Réponds !
La foule en suspens assistait à la scène, quelques murmures inquiets s’en échappaient.
Suffocant sous la prise, l’homme finit par éclater de rire et se jeta aux pieds du sage.
Maître, lui dit-il, vous avez répondu à ma question.
Lorsque le guide se rassit, un disciple lui demanda : " Feriez-vous la même chose avec ceux qui poseraient la même question ? "
Il répondit alors.


"Lui, était prêt. Si votre question est une question de vie ou de mort et non une question pour le plaisir de la spéculation intellectuelle, alors vous êtes prêt. Vous êtes prêt à recevoir la réponse. Quand quelqu’un est sur le point de vous tuer en vous prenant à la gorge, vous ne pouvez être dans le futur, ni dans le passé. Vous devez être ici et maintenant. Il serait dangereux de manquer cet instant. C’est le moment de rentrer profondément en vous, et de savoir qui vous êtes. L’homme qui vit cela se transforme alors et entre en profonde conscience. Si vous êtes dans l’instant présent, pleinement, ne serait-ce qu’un instant, vous connaissez cet instant, vous le rencontrez et plus jamais vous ne perdrez sa trace.

La recherche spirituelle, c’est connaître de qui EST.
Ce Moi qui parle, ce Vous qui écoute, Tout ceci. Tout ce qui se passe ici, là, maintenant
.

Qu’est-ce donc, que TOUT ceci ?

Allez au plus profond de vous pour le savoir, au plus profond de l’instant présent ?
Si vous êtes intensément dans l’instant présent, vous allez faire une rencontre. Quelle rencontre ?
Celle de ce qui EST. Et ce qui EST, c’est l’objet de votre quête dans la vie.

On lui donne le mot YOGA, car YOGA signifie rencontre, union, retour à l’unité originelle.

Dans l’instant présent, TOUT est ouvert, toute l’existence est ouverte. Nous sommes si souvent enfermés dans la course de nos désirs. On court à une telle vitesse qu’on ne voit pas le présent. Plus on est frustré et plus on accélère.

Le mental nous dit " tu ne vas pas assez vite, c’est pour cela que tu n’y arrives pas ! "
"Ce sont les plus rapides qui y arrivent " continue-t-il à nous dire.
Et puis, il y en aura toujours un avant nous et un derrière nous. Et si vous dépassez quelqu’un, un autre passera devant vous. Pourquoi ? Parce que le désir tourne en rond. On court, mais dans un cercle.
C’est la roue du monde, le samsara, le cycle des naissances et des morts pour les religions orientales. Nous tournons et la roue tourne aussi.

roue du dharma

Si vous arrêtez, la roue tourne quand même.

Sortir de la roue, dit Rajneesh, c’est faire un pas de côté. Regardez le monde, il n’est que Dukkha, douleur et misère.
Et vous pensez cependant, intimement, que le monde n’est pas frustrant.
Mais la vraie frustration vient du fait que vous pensez que le monde n’est pas frustrant.
Et vous espérez ! Alors que cet espoir est absurde.
Vous mourrez un jour, quoique vous fassiez !

Si vous saisissez cela profondément, vous enlèverez déjà beaucoup d’angoisses en vous.
Vous devenez moins désespéré puisqu’il n’y a pas d’espoir.
Pas d’espoir, pas de désespoir, aucun sentiment.
Devenez à l’aise et paisible, juste dans l’instant présent, car dans l’instant présent, il y a TOUT, tout ce qui doit être connu !
Être dans l’instant présent, c’est la porte secrète, c’est le secret ouvert à tous.

Mais voilà, votre mental, ce fameux mental ne cesse d’angoisser et ne se lâche jamais dans les profondeurs de l’instant.
Il est en train de se dire au moment où je vous parle ? C’est bien beau tout cela, Jaya théorise, mais cela n’efface pas mes problèmes.

Pour le Tantra, et la pensée orientale, en général, le mental est lui même maladie. Il n’est pas malade, il est la maladie. Si le mental était malade, il pourrait être guéri.
C’est le point de vue de la psychologie occidentale.
On est bien loin du concept de transcendance du yoga.

La transcendance nécessite au départ de ne pas s’identifier à l’objet à transcender.
Si en effet, vous pensez n’être que ce mental, ou que ce corps et rien d’autre, qui va transcender ?

Pour les sages de l’Inde, la maladie c’est le mental lui- même. Quant au corps, étant mortel, la santé physique n’est qu’un état d’équilibre précaire.
La vie est une mort lente.

A chaque instant, vous vivez un peu et vous mourez un peu.

Pour le yoga, la seule santé authentique est l’état de plénitude, d’unité.

L’anxiété profonde de l’existence vient quand on prend conscience de la vie, du corps, et du mental. Une souffrance subtile ouvre une plaie ouverte. Quoique nous fassions, ce sentiment d’absurdité est là.
L’esprit de l’homme se trouve devant un précipice.

D’une part, un corps voué à la tombe et de l’autre, quelque chose qui est immortel.
Vous avez en quelque sorte un pied qui va dans une direction et l’autre pied dans une direction opposée. Votre mental est pris dans un conflit insurmontable. Chitta, l’autre mot de manas, pour substance mentale, signifie "en train de penser". C’est un processus toujours en mouvement, où la tension est inévitable. Il va sans arrêt du futur au passé et il ne sait rien du réel et du présent ?

Les gens ne peuvent rester tranquilles ou silencieux et passent d’une activité à une autre parce que dans l’inactivité, ils ne peuvent affronter la tension existentielle qui se déroule dans leur tête.
En orient, où les problèmes matériels sont cruciaux, l’homme de la rue est nettement moins tendu qu’en occident. Il manque pourtant de tout et pourtant il est moins effrayé que son contemporain des pays nantis. La technologie et l’évolution de nos sociétés confèrent une telle cadence que l’esprit sera toujours insatisfait. A peine a-t-il assimilé une chose que celle-ci est dépassée.

Le mental est angoissé, il est tendu entre le mortel et l’immortel. Étant lui-même un processus, la vie ne lui laisse aucun repos.

Si vous êtes dans une chambre où il fait suffocant, vous pouvez installer un climatiseur, mais il faudra vous en occuper, veiller à l’entretenir, payer l’électricité, avoir des sinusites chroniques, aller chez le médecin, prendre des médicaments, etc.

C’est donc une solution qui crée des problèmes supplémentaires.
Il vous est aussi loisible de quitter la pièce et de dormir sous un arbre. Oui, je sais, dans nos villes, difficile...c’est une image...

L’occident nous a appris à rester dans la pièce et à l’aménager, tout comme nous aménageons la cage de notre cerveau. L’extase et la sérénité en sont exclues.

Nuit étoilée de Van-Gogh

La psychanalyse constate que l’homme ne peut être heureux et que c’est en soignant sa psyché qu’il peut s’en sortir. C’est une pensée aberrante pour le yogi, déclarait le célèbre et subversif tantrique Osho.

L’orient n’a conçu aucun enseignement psychologique similaire à nos psychologies modernes. Dans un continent où l’on étudie le mental depuis l’aube des temps, des milliers d’années de discussions, de méditations, de transcendance n’ont pas donné une science psychologique. Les sages connaissaient parfaitement l’inconscient, le subconscient, le conscient.
Patanjali, dans son Raja yoga, souvent comparé comme étant le premier traité de psychologie avant l’ère, décortique les mécanismes mentaux et donne lui aussi, comme solution, la méditation et la transcendance.

Les yogis éveillés ne s’intéressent pas à la chambre. Ils l’examinent pour en sortir, nous dit le maître.

Maharishi

Ils en trouvent l’issue.
Ils se moquent de l’aménagement intérieur et de la décoration, car ils refusent d’y passer leur vie. Ils cherchent la porte par laquelle ils peuvent sortir pour être sous la voûte céleste.
La transcendance, c’est retourner chez soi, mais ailleurs.
Vous pourrez vivre dans la chambre ou non, vous ne serez plus le même homme. Le yogi qui accède à l’univers sans fin, subit une mutation totale. Il devient conscience. Les parois de son crâne ne sont plus étroites mais de la même nature que l’immensité extérieure.
Il n’est plus l’esclave, il est le maître.

Si vous êtes déjà en marche dans cette quête de la transcendance, alors continuez sans répit. Si vous n’en prenez conscience que maintenant, alors commencez et sans doute.

Cherchez la porte, changez votre regard pour la trouver.
Changez votre regard sur le monde et ses objets. Posez votre regard avec grande acuité et lâchez prise sur l’instant présent des choses.

Nous abordons trop souvent les gens et les choses de façon routinière. Chez nous par exemple, nous connaissons tout par cœur, au point que nous pourrions circuler les yeux fermés. Vivre mécaniquement n’est pas la solution.
C’est flagrant dans votre façon de travailler les postures en ha-tha yoga. Je vous rappelle toujours à l’ordre lorsque je vous vois travailler avec automatisme. Mais nous ne sommes jamais le même, et à force de laisser le regard inconscient, vous ne voyez plus ce qui est et ce qui change.
Depuis combien d’années n’avez-vous pas regardé vos proches, vraiment regardé ?


Vous "regardez" un bel homme ou une belle femme dans la rue ? Mais son propre conjoint ne le ou la regarde peut-être plus depuis longtemps !
Vous regardez le lever du soleil tous les jours ? Mais il n’est jamais le même.
Ceux qui ont un mudra solaire le savent bien.
Enfant, tout nous émerveillait. Nous avions le regard du peintre, du poète.
"Voir" est une des portes de l’instant présent. Faites-en une attitude permanente.
Regardez, écoutez, touchez comme si c’était la première fois.
C’est ainsi que l’on peut se libérer du passé.
Tout est fluide, tout change. Le regard qui se pose sur ce qui est fluide permet d’entrer dans ce qui Est, derrière le changement.
TOUT bouge donc TOUT change.

Ce regard, votre nouveau regard, celui qui est devenu le vôtre, permet d’accéder à tout ce qui n’est pas vous, tout en accédant à votre propre nature.
Toutes les techniques de méditations, plus ou moins complexes, vous ramèneront toujours au présent.
Connaissez-vous le centre intime des autres ? connaissez-vous vraiment l’autre ? Connaissez-vous le monde ?
Regardez fixement s’il le faut ! Dans notre société, cela est parfois mal venu et signe d’indécence ou de provocation. Toutefois, essayez avec beaucoup de discrétion à cet art du regard soutenu. Regardez, regardez en détail, puis regardez le tout, l’ensemble. En regardant, votre conscience coule vers l’extérieur et vous allez rencontrer dans l’instant présent, la force de la vie, la force de l’absolu, et donc vous connaîtrez Cela, ce qui EST.
Et ce qui EST, c’est Vous.

Pour ceux qui pratiquent les exercices de kriya yoga avec moi, ne voyez-vous pas qu’ils agissent à des niveaux très subtils en vous au fil des mois. Outre le fait qu’ils endiguent les nadis de façon à ce que le prâna s’y écoule librement, outre le fait que chez certains, la shakti s’éveille discrètement dans les couches profondes de leur conscient et de leur corps, les simples techniques d’unmani mudra qui sont des techniques de pratyahara (retrait des sens) développent considérablement cette acuité sur l’instant présent et le regard. Même retourné à l’intérieur, le regard devient conscient. Là est son paradoxe.

Voir - Porte - Instant présent- sont les clés nécessaires sur le chemin de la transcendance.

hari om tat sat
Jaya Yogacharya

Bibliographie :
"L’oeil de Shiva" d’Osho Rajneesh.
"la porte" de Sri Bhagavan Rajneesh.
Réflexions et commentaires de Jaya Yogacharya

Messages

  • Bonjour Jaya,
    Pour accéder à ces clés, le chemin est pavé de difficultés de toutes sortes. Parfois, je songe à nos jeunes... S’ils pouvaient comprendre plus tôt, plus vite où se trouve l’essentiel... mais, ils feront comme la plupart d’entre nous.
    Comme le dit si bien un proverbe chinois : "La lanterne n’éclaire que celui qui la porte !" Notre expérience ne leur sert en rien.
    Prenez soin de vous.
    Claire

    • J’ai dans mes cours, quelquefois et rarement j’en conviens, des jeunes personnes étonnantes d’intelligence et de quête, qui brillent au milieu d’une assemblée plus mature. Ne pensez-vous pas que cela relève plus d’un éveil et d’un engagement de l’être. Tout comme pour certains bien plus mûrs, il sera toujours trop tard.
      Quant à la lanterne, n’éclaire t-elle pas aussi celui qui marche dans nos traces..Jaya

    • Jaya,
      merci pour la pertinence de votre réponse.
      Bien sûr, nous espérons que certains, et notamment nos enfants, seront quelque peu éclairés "par notre lanterne", mais nos traces seront-elles à leurs mesures ?
      Que de chemin vers un but improbable...

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