• 4 Allée d’Alsace 40530 Labenne Océan
  • +262 692369208 Jaya
  • +262 692559297 Maheswari
  • centrejayayoga@gmail.com

Bindu, le point de transcendance

Conférence donnée par Jaya Yogacharya en cours de méditation du vend 2 oct 2015

« Bindu, le point de transcendance »

Nous avançons ensemble sur un chemin spirituel. Ce chemin est fait d’expériences en termes de pratiques diverses, de la découverte de grands principes philosophiques, de leur compréhension et de leur application dans les travaux pratiques de l’existence. Nous tentons donc de dépasser des stades pour nous élever vers d’autres plus subtils. Mais quel en est le but ultime ?

Si nous sommes sur un chemin, quel qu’il soit, il est toutefois nécessaire d’en connaître la destination.

Certes, l’on dit toujours qu’en yoga, ce n’est pas le but qui compte mais le chemin.
Toutefois investir autant d’énergie sans avoir une vision claire du but à atteindre, c’est accepter finalement que le but soit encore trop loin ou inatteignable.

Il est donc important de comprendre le but du voyage pour en comprendre le cheminement.

Dans l’absolu, la fin du voyage commence déjà par notre propre mort, du moins la désintégration de notre structure de chair. La mort est donc en quelque sorte une des formes de ce but ou une des formes à dépasser. Du moins, elle se présente comme une porte. L’expérience de la réalisation de l’absolu dans la démarche spirituelle s’apparente à cela.

Si nous voulons percevoir la subtilité des grands concepts de la sagesse qui nous amènent au seuil de cette porte, nous devons percevoir ou intuitivement entrapercevoir l’aspect le plus subtil que l’esprit lui-même pourrait prendre, une fois le corps et le mental transcendés. Cela revient à tenter de percevoir ou de comprendre un principe qui va au-delà de la causalité et de l’espace-temps, afin d’entrouvrir cette porte vers l’absolu.
Pour avancer dans les techniques méditatives, il est important d’arriver à un stade où toutes les expériences méditatives précédentes vont se résorber en un point de basculement à partir duquel va pouvoir se déployer la vraie mystique.

Tant que vous ne percevez pas la complémentarité de toutes les connaissances, vous ne pouvez pas prendre conscience de la direction fondamentale de la pratique méditative.
Cette direction est la prise de conscience du point de convergence vers lequel la plupart des religions, des traditions méditatives, des pratiques spirituelles tendent.
Ce point est le concept du bindu, ce point de focalisation qui mène à l’expérience directe.
Mais le chemin pour arriver à la maturité mystique est un long et nécessaire chemin.
Toutes les pratiques, Védanta, Tantra, kriya, Bhakti, Jnana, karma, Raja, Laya yogas ont le même objectif ; la transcendance vers cette porte, vers le bindu.

Nous voyons là que le bindu est à la fois un concept très subtil de direction, de centre, de porte, mais qu’il fait référence aussi à un endroit très précis dans les corps énergétique et physique.
En kriya yoga, en méditation profonde, le bindu doit être littéralement expérimenté, percé et transcendé.
Cela ne pourra se faire que par l’aide d’un guide spirituel qui vous amènera à l’éveil de votre propre maître intérieur via l’éveil des chakras supérieurs tels que l’ajna chakra,
et cela ne pourra se faire, de même, sans l’éveil des plans intermédiaires, à commencer par celui du cœur.

Le caravage st-thomas (étude)

Bien que ce travail en perspective semble pour beaucoup délicat tant les strates à gravir sont souvent obscurcies par le mental, l’identification au corps, aux cinq sens et tant d’autres difficultés majeures, il est à la fois simple et complexe en même temps. Que ce soit le stade débutant ou celui plus avancé - tous deux ont ce double aspect, simple et complexe. L’acquisition des connaissances et les pratiques vont compliquer la vision de départ mais cela fait partie du chemin. N’oublions pas qu’il est nécessaire d’abord d’acquérir les connaissances intellectuelles pour les dépasser et basculer dans "La connaissance spirituelle".
« Dans les stades avancés, il est donc impératif de savoir retourner à la simplicité, mais une simplicité épurée appartenant à un ordre supérieur », nous dit S.J.Bharati.

Ce qui constitue un être humain est caractérisé par un ensemble d’éléments physiques et mentaux qui s’agencent à partir d’un point d’ origine. De ce point d’origine ont divergé bon nombre de processus complexes qui tendent ensuite à s’unifier dans l’expression d’une individualité.
Pour les sages, le point d’origine et le point de convergence sont une et même chose.
C’est le bindu, le point, la graine, la semence, le bija.
Le point est un symbole fort qui illustre l’unité, la conscience maximale omniprésente dans une forme condensée la plus petite qui soit. C’est le point de dimension zéro, omnipotent.
Il appartient à l’expérience humaine universelle lors de son voyage intérieur et est souvent associé en terme de pratiques avancées au son et à la lumière. Ces concepts sont universels à toutes les pratiques spirituelles, quelles que soient les cultures et les religions.

Le point est souvent associé dans le Védanta, à l’âme, l’Atman, qui réside dans le chakra du cœur. « Infiniment plus petite qu’une tête d’épingle, cette âme est plus grande que tous les mondes réunis » dit la Chandogya Upanishad.
La porte de la libération est si étroite, comme un bindu, et l’égo et l’esprit humain sont devenus si gros ! Comment l’âme peut-elle passer par là ? se pose le Védanta.

Le point de convergence, objet de méditation est bien au-delà des sens et des pensées. C’est pour cela, qu’il vous faut d’abord vous aguerrir de leur mécanisme, les identifier, les maîtriser puis les dépasser. Alors le dépassement de ces outils, que sont le corps, les sens et le mental, permettra votre transcendance.
Avant donc d’avoir une concentration parfaite d’intériorité sur un point de convergence, un bindu, dans une prise de conscience extrêmement intense de la nature pure du point, du son et de la lumière, il faut souvent de nombreux apprentissages en terme de visualisation et de concentration, sur des supports moins absolus.
Quand l’entrainement à la méditation a préparé le terrain, quand l’esprit est suffisamment
stable et purifié, le trajet vers le bindu commence à devenir l’expérience de la luminosité (la jyotir bindu) et celle du son ( le nada bindu).

Avant tout cela, il vous faut souvent explorer pendant des années, les expériences sensorielles, les processus mentaux, les fausses identifications, les attachements, l’aversion, la peur. Cela garantira la paix intérieure pour aborder les expériences avancées, sans quoi vos propres démons peuvent surgir et vous engloutir.
L’art de la méditation s’affine avec le temps et la pratique.

A votre stade, vous pratiquez la méditation selon les niveaux, sur des points focaux tels que le souffle, un mantra, des sensations, des concepts, des divinités, des visualisations, etc. Toutes ont pour but d’affiner votre intériorité et votre capacité à l’absorption sur un point et un seul, là où tout disparaît en termes de perturbations.
Dans le Raja yoga, la méditation sur le mantra AUM est le moyen direct d’éliminer les obstacles et participe de plus à la réalisation elle-même. Le bindu du mantra AUM étant le symbole de l’état de turya, le quatrième état qui libère de l’illusion. Il symbolise la pure conscience. Il participe de même à la perception du son divin.

Le mantra AUM, le pranava des Védas est un mantra qui porte une forte symbolique en effet.
Fait de trois lettres, il établit le concept de la triplicité, telle celle du passé, présent et futur, mais aussi celle des principes énergétiques du positif, négatif et neutralité. De même, nous trouverons les trois gunas, tamas, rajas et satva ainsi que la trilogie de création, préservation et destruction. Mais à chaque trilogie s’ajoute un élément transcendant qu’est le bindu, à savoir l’élément qui permet d’aller au-delà de la triplicité phénoménale. Ainsi dans sa représentation sanskrite, le graphe du mantra montre en effet le diagramme du bindu symbolisé par le croissant de lune dans lequel est le point et qui illustre les sens psychiques, le maha nada, mais aussi la porte du maha manas , bref, la transcendance.
Cela ne peut se faire sans la compréhension des quatre grands états qui illustrent ces quatre parties du mantra, qui sont Jagrat, Swapna et shushupti, les états de Veille, de rêve et de sommeil qui caractérisent le pouvoir couvrant du monde sur la conscience. Voir le principe d’adhyaropa. Seul l’état de Turya apporte la libération de la conscience obtenue par l’expérience de l’énergie pure. C’est l’état de bindu.

Dans le Védanta, le AUM a la même vertu d’identification au Brahman, à la réalité absolue, qui sera perçue une fois les voiles de l’illusion (les upadhis ) enlevés et une fois la non identification à l’éphémère acquise. C’est le développement de Viveka, qui sert à discerner ce qui est réel ou l’irréel, ce qui est permanent de l’impermanence, ce qui en vous est éphémère ou éternel.
Dans le Tantra, et donc le kriya yoga implicitement, où nous travaillons avec la Shakti (l’énergie), le point de convergence de toutes les énergies trouve son apogée dans l’absorption du bindu du AUM par la perception du maha nada, du son divin lors de l’éveil de l’ajna chakra. De même, c’est dans l’expérience des trataks sur le sri yantra voir le Nava chakra et de son sri vidya mantra voir Pâra Vâch que le bindu centre, le parâ bindu, symbolisant l’union de Siva-Shakti permet d’atteindre la vision de la réalité absolue.

Voir la lumière au bout du tunnel est souvent rapporté par des personnes en expérience de mort imminente. Bien que la pratique spirituelle ne s’apparente pas uniquement et directement à cette expérience, il est à noter qu’elle relève du même processus qui consiste à sortir du corps grossier pour entrer dans la perception des plans astral et causal Voir la théorie des trois corps. C’est le processus qui transcende les couches qui nous constituent et qui sont les sources de nos identifications limitées.

Yoga signifie union et le bindu est le symbole de cette union. Il est le symbole de la fusion des plans grossiers et plans subtils et leur dépassement.

Dans le processus d’apprentissage méditatif, il va donc être important d’étudier sa propre nature, afin de stabiliser le mental et enlever les perceptions erronées du monde.
On méditera donc sur les sentiments d’amour, de compassion, de bonheur, d’acceptation et de neutralité et d’attention pour calmer le jeu de l’égo. Ce sont toutes les méditations accessibles par le grand public, qui dégrossissent les tyrannies du mental. Bien sûr ces méditations se retrouveront dans les stades avancés mais avec une acuité et pureté beaucoup plus exigeantes et subtiles, une fois le travail de purification fait.

Ensuite nous trouverons les méditations sur les supports tels que le corps, le souffle, les sensations, les luminosités énergétiques afin de stabiliser plus encore le flux de la conscience.
A cela s’ajouteront des méditations sur tout ce qui est agréable pour encourager sur cet âpre chemin, le pratiquant à l’exploration ultérieure.
Nous aborderons ensuite des méditations sur les tattwas, les éléments dans leur nature fondamentale ou subtile, les tanmatras, les prânas, les upadhis, les concepts des gunas, le principe de l’anthakarana, les dvadashantas , les Adharas ou supports du corps.
Nous aborderons ensuite les processus de détachement, les grands Mahavakyas voir védanta, les processus contemplatifs, les quatre états de l’adyaropa, la résorption par les mantras, la dissolution par le laya.

Dans l’approche tantrique, la méditation va travailler à la convergence de toutes les énergies par l’expression de la connaissance la plus haute, Vidya.
Nous trouverons là, tout l’art de purification des nadis, de la sushumna, des chakras, de leur stimulation, de l’approche de visualisation par leurs attributs et l’intégration de leurs concepts. L’entrainement fait par les techniques de kriya prépare ainsi aux états intenses de la méditation profonde et aux expériences d’illumination. Cela se fera par l’activation des centres supérieurs du cerveau et la transcendance de l’ajna et de sahasrara chakra. Le développement des réalités intérieures et des facultés supérieures de l’être humain amène à l’activation du maître intérieur et l’état de Mauna, le silence.

Toutes ces techniques complémentaires tendent vers un point et un seul, la réalisation la plus haute de votre être.
Mais le chemin est long et nécessite la patience et la tranquillité, la volonté et la régularité pour enlever une à une les strates qui couvrent votre conscience. L’éducation, le conditionnement social, culturel, religieux et moral ont cimenté en vous tout ce qui entrave la vision de votre véritable nature.


flint-castle de W.Turner

Vous êtes un enfant de l’univers et vous valez beaucoup plus que vous ne le pensez malgré votre apparente dérision.
Faites silence pour le comprendre. Suivez le chemin de votre vie comme si vous étiez sur un chemin sacré et ne lâchez plus du regard votre objectif le plus élevé, votre point culminant.

Hari Om tat sat
Jaya Yogacharya


Bibliographie :
« Au coeur des tantras de ksemarâja » de David Dubois aux edts les deux océans.
« Bindu : Pinnacle of the Three Streams of Yoga, Vedanta and Tantra » par Swami Jnaneshvara Bharati aux edts S.J.Bharati.
Commentaire et adaptation par Jaya Yogacharya.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?


Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Lien hypertexte

(Si votre message se réfère à un article publié sur le Web, ou à une page fournissant plus d’informations, vous pouvez indiquer ci-après le titre de la page et son adresse.)