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Ambika, l’incompréhensible

« L’œil de la clairvoyance n°6 »

Conférence donnée par Jaya Yogacharya en cours de méditation du 18 sept 2015


"Ambika, l’incompréhensible"

Nous reprenons le chemin de la connaissance spirituelle et avec lui, l’échelle là où nous l’avions laissée avant les vacances, à savoir près de l’ajna chakra.
Dans la quête de l’éveil de l’énergie subtile dite kundalini, le pratiquant aborde toutes les techniques de yoga, du kriya yoga, de la maîtrise du souffle et celle du prâna dans les nadis. Il aborde aussi l’univers des chakras et de l’iconographie tantrique qui les représente au moyen de nombreux attributs.
Parmi ces attributs, les déités et les shaktis sont là pour illustrer les
fondements psychologiques et spirituels qui gouvernent chaque chakra, permettant de tendre vers l’expérience transcendantale de leurs concepts.

J’ai longuement parlé de Lalita Tripura Sundari et de ses trois aspects de représentation voir La belle des trois cités. Elle habite au sommet du Méru (la montagne cosmique), symboliquement associée à la sushumna nadi.
Lalita, la joueuse, fait référence avec le tripura, aux trois cités, à savoir les trois mondes, ou trois lokas, (Bhur, Bhuvah Svah) que sont le monde physique, le monde subtil et le monde causal. Associés aux trois corps, physique, astral et causal, cela indique la souveraineté de la déesse sur les domaines de la matière, de l’énergie et de la pensée au niveau de la création toute entière.
Lalita est la belle entre toutes et représente ce bonheur extatique suprême en tant que source de toute perception merveilleuse.

Les rites tantriques réalisés en son honneur ont pour but d’obtenir la révélation de la Déesse. Le fidèle opère alors une transformation radicale de son être, transcende sa condition humaine en réalisant l’union de Siva-Shakti.
Il devient un délivré vivant.
La conscience a été révélée par l’expérience de l’énergie.
Elle apparaît donc au sadhak sous trois formes de représentation ; sa forme grossière par l’image de la déesse à quatre bras et ses attributs. Sa forme subtile par la représentation de son sri yantra ou nava chakra voir Le nava chakra et sa forme suprême par son mantra spécifique, le sri vidya mantra, voir Pâra Vach.

KA E I LA HRIM
HA SA KA HA LA HRIM
SA KA LA HRIM


Notre étude la concernant n’est pas encore terminée, et nous aurons en cours de
kriya à appréhender son célèbre triangle dans lequel elle est représentée lorsqu’elle siège dans les plans supérieurs au-dessus d’ajna.
Lalita est entre autre, une représentation illustrant un certain stade de la félicité obtenue lorsque la kundalini monte dans les plans supérieurs. Elle participe de l’éveil et de la progression par la réalisation d’une énergie permettant la libération mentale.

Je voudrais revenir sur les chakras et cette énergie fondamentale avec laquelle nous travaillons patiemment.
Les chakras peuvent donc être des représentations imagées servant de base à la concentration, mais ils sont surtout pour les Shivaïtes du Cachemire, des centres vibratoires connus par l’expérience directe.
Lorsque le pratiquant éprouve, lors de la montée de la kundalini, un vif tournoiement au niveau des centres situés sur l’axe central vertébral, on appelle ces derniers des "roues tournoyantes", d’où le nom de Chakra. Chaque roue a un nombre défini de rayons. On en compte cinquante pour l’ensemble, qui ne sont autres que les cinquante lettres de l’alphabet sanskrit. Ces rayons devinrent ensuite dans les représentations tantriques, des pétales et prirent attributs sous formes de lettres, de sons, de formes et de fonctions.
Dans les textes anciens, il est souvent reconnu un système à cinq chakras où ces derniers s’étageraient par des intervalles de trois largeurs de mains ou de trois poings superposés, nous dit Lilian Silburn. On ne compte donc pas swadhisthana chakra sexuel) et sahasrara (sommet du crâne) qui est à part. Le système des sept chakras reste malgré tout celui de référence. Ces centres sont donc reliés par les nadis dans lesquels est endigué l’énergie vitale. Ida nadi, Pingala Nadi et Sushumna nadi ou (Madhyanadi), sont les trois nadis incontournables.

Chez l’homme ordinaire, ces centres ne vibrent que peu ou pas et constituent d’inextricables enroulements, des nœuds qui nouent l’esprit à la matière et renforcent la notion du petit moi. Les plus difficiles à dénouer sont ceux du périnée et de Bhrû, l’espace inter-sourcilier.
L’ensemble de ces nœuds forme les samskaras, les impressions latentes tissées de l’illusion et des rigidités physique, émotionnelle et mentale.

Dans le premier centre, que nous avons déjà abordé en cours, il est à noter que les anciens textes disent de lui qu’il possède deux ouvertures, comme un clapet qui s’ouvre ou se ferme dans un sens ou dans un autre. En fait, il n y a qu’une ouverture, mais selon la direction de l’énergie du yogi, le trikona (le triangle), à savoir le symbole des trois shaktis, (action, volonté et connaissance) sera tourné la pointe vers le bas s’il est à son état latent, c’est-à-dire en position adhovaktra - ouverture inférieure. Il sera par contre, s’il est tourné vers le haut en medhrakanda, c’est-à-dire si sa pointe touche la racine des organes sexuels, voire dirigée vers le kanda à trois largeurs de doigts au dessous du nombril.
C’est donc dans mooladhara chakra que gît la kundalini, endormie comme empoisonnée, droguée et inconsciente. On la nomme ici Âdhàrashakti, « énergie réceptacle », car tous les éléments du cosmos sont en elle.
Elle sert pourtant de support de vie à l’homme ordinaire.
Son sommeil illustre la servitude de l’ignorant lié par l’adhyaropa, l’illusion maintenue par l’état de veille, de sommeil et de rêve.
Outre le fait que ses trois anneaux représentent les trois gunas dans sa représentation du serpent femelle lové trois fois et demi sur lui-même, il est rapporté qu’à l’intérieur de ses plis, se trouve un poison Visa (visha) qui détruit la vitalité des humains dans leurs activités sexuelles, sensuelles et mondaines. Ce n’est que lorsqu’elle s’éveille que le poison se transforme en une pure énergie omniprésente capable de monter.

La kundalini peut s’éveiller dans n’importe quel centre et rayonnera en fonction du plan de conscience du chakra en question. Elle y restera ou redescendra.
Dans le chakra du cœur anahata chakra ou Hrdaya chakra, l’énergie devient beaucoup plus subtile, car son degré de vibration fait qu’elle vibre intensément et peut transmettre sa puissance aux autres par l’amour spirituel. C’est là effectivement que le brassage des souffles et des prânas est intense. L’éveil de ce chakra est un stade important dans le cheminement spirituel.

Le cinquième centre vishuddha s’appelle aussi Kantha (base du cou) ou arrière-fond de la gorge. Il est un centre très sensible et subtil et j’en parlerai une autre fois. Le fameux sixième Bhrûmadhya est le point inter-sourcilier, dont nous avons déjà longuement parlé et qui nous intéresse encore ce soir.

Dans la région de la tête, nous allons trouver d’autres centres, qui parfois sont considérés comme des chakras mineurs ou simplement des points importants de concentration qui ne font pas partie des chakras.
Lalâta, au milieu du front est considéré parfois comme le chidakash, l’espace mental de visualisation. Il est en tous les cas en résonance avec les chakras soma chakra et kameshwara chakra qui sont la porte après l’ajna vers le Brahmarandra. Nous y reviendrons en temps voulu.

Tâlu chakra à l’arrière de la voute du palais, appelé aussi lambîka ou lampikâsthana, qui n’est autre que la luette. Elle peut avoir aussi le nom de
Catuspada, parce que ce point se trouve à l’intersection de quatre voies ; celles du souffle ordinaire faites d ’un souffle descendant vers les poumons et l’autre
ascendant vers la trachée artère, et deux autres voies propres au souffle
intériorisé qui donnent accès à la sushumna chez le yogi. L’une descend au centre mooladhara et l’autre monte vers le sommet supérieur lorsque la kundalini
monte dans son état d’urdhvakundalini. Quand l’énergie parvient à Tâlu, elle
engendre mille rayons nous disent les textes.
En fait, c’est quand l’énergie passe par Lâlana chakra, l’espace derrière le voile du palais, parfois assimilé à Tâlu chakra, mais qui est encore plus subtil.
C’est dans cet espace très particulier lors du retour des forces prâniques vers le haut via le kechari mudra, que l’on peut faire les expériences transcendantales du souffle. C’est une porte très importante qui nous met en relation avec Kamadhenu, le principe d’abondance capable de sécréter l’amrit qui s’écoule du bindu visarga, et qui est le processus de rajeunissement du corps.

Bien sûr, avis aux amateurs, je rappelle que la purification physique mais aussi mentale est la condition sine qua non à ce travail sans quoi c’est une grande prise de risque.

Nous rentrons là dans un langage un peu hermétique que seuls les pratiquants peuvent saisir. Il est dit que l’amrit parvient de la lune (chandra chakra) vers l’espace creux entre les deux hémisphères (Brahmara gupha) la cavité de Brahma. A cet endroit là, Kamadhenu sécrète le nectar en s’unissant aux quatre autres nadis ambika, lambika, talika et gambika .
Ambika est un autre nom de la déesse Durga et signifie l’incompréhensible ; difficile donc à atteindre .


Un autre point important est le Triveni, parfois considéré comme un chakra et représenté à plusieurs endroits, soit en bhrûmadhya, soit juste au-dessus d’ajna avant le manas chakra, soit à la racine du nez près de l’ajna mais distinct de celui-ci. Selon le yogi Kumbhari Pava et rapporté par Tara Michael, le triveni du nez sera alors représenté par trois pétales rouge noir et blanc (les 3 gunas). Il sera doté de la lettre A, la lettre U et la lettre M. Sa shakti est Sushumna, et sa déité est Maha-ahamkara illustrant le sens d’individuation cosmique.
Lorsqu’il est représenté au-dessus des sourcils, il représente le mandala des trois mondes, la confluence des trois nadis. C’est la voie qui mène soit au monde céleste, soit au monde mortel ou inférieur. Là ce chakra devient un lotus à 26 pétales et au milieu se trouve la déité Maheswara et sa shakti Isvari. Ce chakra peut donc être représenté tourné vers le haut ou vers le bas. En fait c’est toujours le même point.

Non seulement, ce point est considéré comme le confluent des trois nadis
ida, pingala et sushumna illustrés par les trois fleuves sacrés (Ganga, Yamuna et Saraswati), mais il est le confluent de toute la triplicité ; -feu, soleil, lune -, udana, prana, apana - tamas, rajas, satva - brahma, vishnu, shiva - etc.
Mais le plus important est celui associé au bhrûmadhya.
De même que l’ajna n’est que le point de résonance de la pituitaire, de même le triveni chakra du front est le point de résonance de la vraie rencontre des trois nadis à l’intérieur du cerveau mais aussi fait référence à l’unification des trois nadis, Vajra nadi, Chittrini nadi et Brahma nadi à l’intérieur de sushumna nadi, au niveau de leur point final dans le cerveau.

Le bhrûmadhya chakra va donc offrir à l’énergie vitale un passage particulièrement difficile à franchir sans un très bon guide.

Bhrubedha est la brisure de Bhrû, et Bhrusepa est son dépassement.
C’est par de longues pratiques de pranayama et de concentration que l’on peut remplir chaque centre d’une énergie concentrée. Par de longues méditations que l’on peut préparer le mental à la transcendance. Alors si l’ajna est enfin concentré en énergie et que le mental n’est plus dispersé vers l’extérieur, on peut canaliser la force vitale et la projeter vers le sommet du crâne via une digue très étroite et complexe qu’il aura fallu purifier avant.
Entre l’ajna et sahasrara, est cette digue complexe faite de cavité, de nadis secondaires, de détours pour parvenir à Brahmarandra. Si le souffle et le mental ne sont pas sous contrôle, alors le souffle et les énergies accumulées se disperseront par les narines.
On désigne souvent l’ajna lui aussi par le terme de bindu car au moment où ce centre se brise, l’énergie accumulée apparaît en ce lieu en un point intensément lumineux, tel un feu jaillissant.
Mais avant cela, inutile de vous concentrer au point de vous donner des crispations musculaires ou des tensions crâniennes.
L’attitude progressive et régulière, paisible et humble de la pratique sera plus efficace et sans danger.
Avant d’être roi en votre royaume, il vous faut en visiter ses moindres recoins.
Hari om tat sat
Jaya yogacharya


Bibliographie :
« Corps subtil et corps causal « de Tara Michael aux edts Le courrier du livre.
« La kundalini » par Lilian Silburn aux edts les deux Océans.
Commentaire et adaptation par Jaya yogacharya
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