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Darśana, l’impact !

Prophète 4e partie
Réponses élèves et analyse de Jaya

Depuis plusieurs semaines, nous travaillons en méditation sur la réflexion commune d’un exercice d’écriture demandé par mes soins.
Nous avons déjà analysé une dizaine de textes dans les trois dernières conférences.

Je rappelle ici l’intitulé de l’exercice de méditation demandé.
« Notre monde est en crise. Nous avons déréglé la nature de notre planète. Notre civilisation est prise à ses propres pièges. La psyché humaine est en perte de sens pour un plus grand nombre. Nous avons besoin d’une révolution par une révélation supérieure. Nous n’avons pas eu de nouveau prophète ou « être éclairé » depuis des milliers d’années apte à induire cette révolution du comportement humain pour son élévation vers un état supérieur.
« Pourriez-vous être ce nouveau prophète ? Qu’apporteriez-vous au monde ? »
Les textes d’élèves que je choisis au fur et à mesure ont des approches tout à fait différentes allant d’une fiction idéalisée aux réflexions pragmatiques, voire à des propositions concrètes.
Les approches parfois diamétralement opposées de la problématique proposée illustrent comment un même enseignement fait écho différemment chez tel ou tel élève.
Certains sont des vrais Bhakti भक्ति, activés par le cœur et baignés dans la douceur de l’idéal spirituel, ce qui pourrait les rendre non réalistes et donc incapables d’agir sur le réel mais aptes à l’état transcendant. D’autres, plus jñānayogin, fonctionnant sur l’analyse intellectuelle, pourraient par contre être très terre à terre et manquer d’élan spirituel nécessaire à la transcendance, cela rendant leur rêve impossible, mais plus aptes à l’ancrage avec le réel.
Cette question de la nécessité d’un prophète ou non que j’ai mise à l’étude n’est pas dénuée d’une attente de réflexions réalistes des élèves tout en ouvrant sur le paradoxe possible du monde de l’homme à toucher à l’extraordinaire.
C’est lorsque les facultés du cœur sont associées à la pertinence de la pensée analytique, cela soutenu par une pratique yoguique, que peuvent s’activer des fonctions supérieures intuitives. Nous travaillons ensemble tous les jours à cela.
Nous allons découvrir ce soir un texte particulier.


Élève P.S
 texte entier de l’élève

  • Bonjour très chère Jaya
    Puisque nous avons eu une heure pour méditer sur le sujet, je trouve intéressant d’essayer de retranscrire l’expérience du moment sans trop en rajouter a posteriori.
    La première chose venue à moi lors de la méditation est cette évidence que ma petite personne encore tellement remplie d’égo ne pouvait pas jouer ce rôle de prophète même de manière fictive. Pour le plaisir de l’exercice, j’ai néanmoins laissé libre cours à mon cœur, ma tête et mon instinct.
    Ce prophète, par la Grâce de Dieu et de lui-même aurait réuni dans une même salle les dirigeants des cinquante nations les plus puissantes de notre monde. Toujours par la Grâce de Dieu car il s’agit bien de cela, il aurait réussi à placer tous ces égos sur pattes en un grand cercle, chaque pays prenant la main d’un autre dans la sienne. Le cercle est maintenant fermé. En son centre, pour l’instant immobile, comme non manifesté, le Bindu, la porte... Le Prophète.
    Il s’approche de l’un des dirigeants, pose son pouce sur le front de celui-ci et instantanément c’est le darśana. Le grand darśana, celui dont on ne ressort pas indemne, celui qui dans la seconde change une vie. Ce n’est pas un mais cinquante darśana. En un éclair, ces hommes limités, se tenant la main comme des enfants, ont accès à la réalité ultime. Compréhension immédiate des grands mystères de l’univers. L’amour les envahit. Cet amour d’une puissance et d’une douceur infinie tranche la tête de l’avoir au profit de l’être. Dorénavant ils savent, ils savent pour l’éternité et n’auront de cesse de vouloir le partager.
    Ils seront les premiers disciples.
    Notre prophète, inlassablement, continuera à œuvrer. Après les dirigeants, voici venue l’heure des ministres, puis des grands patrons. L’intelligence de l’homme autrefois asservi par son égo est maintenant mise à la disposition du cœur. Du haut de la pyramide, patiemment il descendra jusqu’à rencontrer les petits d’hommes. Et dans chaque école de ce monde sauvé de lui-même, dès le plus jeune âge sera enseigné ce qu’est la vie en vérité.
    Bien à vous très chère Jaya
    P.S
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Analyse de Jaya

  • *Bonjour très chère Jaya
    Puisque nous avons eu une heure pour méditer sur le sujet, je trouve intéressant d’essayer de retranscrire l’expérience du moment sans trop en rajouter a posteriori.
    La première chose venue à moi lors de la méditation est cette évidence que ma petite personne encore tellement remplie d’égo ne pouvait pas jouer ce rôle de prophète même de manière fictive. Pour le plaisir de l’exercice, j’ai néanmoins laissé libre cours à mon cœur, ma tête et mon instinct.

* Au départ, à la question posée : pourriez-vous être ce prophète ? l’élève raisonne sur son incapacité à endosser le rôle de prophète par le seul risque de son propre égo à pouvoir le croire !
Malgré tout, l’espace méditatif le lui permettant, il va se diriger dans une direction de fiction bien particulière.
La méditation peut être parfois un espace d’évasion, mais elle se doit d’être un champ d’expérimentation où l’intelligence intuitive, grâce à l’état de témoin, doit rester au plus proche du champ expérimental réel.
Le danger est de partir dans des rêveries spirituelles nourrissant des fantasmes, l’égo lui-même, etc.
L’élève rappelle ainsi et de suite, par le fait même de son inquiétude, un grand principe basique de la pratique yoguique et spirituelle, celui de la nécessité de combattre l’Ahaṃkāra अहंकार, l’égo.

Les sages nous conseillent vivement de déraciner l’égo à coups de hache.

Mais Ahaṃkāra ne doit pas être déraciné totalement et il nous faut redéfinir la notion de l’égo, cette notion étant confuse chez bien des pratiquants.

Lorsque vous êtes en état de souffrance, c’est parfois un problème d’égo qui se sent offensé, victimisé et qui réagit à sa façon, selon la personne et la nature de l’offense, soit par l’inhibition, soit par l’agressivité, soit par les larmes, soit par le silence, soit par la rancœur, par un ressentiment, etc.
Beaucoup de bagarres de rue qui peuvent aller jusqu’au meurtre en sont un exemple grossier.
On vous tue pour un klaxon !
Tous les contentieux parfois discrets dus à des rapports de force, de pouvoir, des conflits d’intérêts, professionnels et hiérarchiques, familiaux, relationnels sont nourris par cela.
La personne est touchée, remise en question dans le ressenti de son intégrité, éprouve un sentiment d’injustice, même si cette perception d’elle-même peut être sujette à erreur ou illusion selon les voiles qui couvrent sa conscience, illusions sur ses actions ou paroles du moment.

Il est difficile de reconnaître que l’on puisse avoir tort.
Vous évoluez quand vous êtes aptes à le reconnaître ou à identifier ces mécanismes en vous.

Lorsque les sages disent que l’ego doit être déraciné, ils font référence à un état spirituel de total détachement qui permet la fusion du « Je objectif » intemporel avec l’absolu, lui-même intemporel. Atteindre le « Je objectif » assimilé à l’âme suppose que le « Je subjectif », assimilé à l’ego, ait été transcendé ou identifié. Pour arriver à ce total détachement où louanges, blâmes et désirs ne sont plus un problème, il faut au yogi l’expérience préalable de tous les plans humains afin que tous les Tattva तत्त्व expérimentés (les Jñānendriya ज्ञानेन्द्रिय organes des sens, les Karmendriya कर्मेन्द्रि organes de l’action, les Prāṇa प्राण les énergies, Manas मनस् le mental, Buddhi बुद्धि l’intellect, etc.) puissent fusionner vers leur pure essence. Cela est illustré par la symbolique de l’Ājñā cackra आज्ञा चक्र, qui d’abord est le siège de l’intellect, de la maitrise du système nerveux, des processus cognitifs et intellectuels représentés dans un premier temps par l’itarakhya liṅga लिङ्ग en noir dans le yantra यन्त्र complexe du cakra. C’est ce « Je subjectif », scellé par Rudra granthi रुद्रग्रन्थि que la Kuṇḍalinī कुण्डलिनी doit percer lors de sa montée sur l’Ājñā, permettant au pratiquant d’aller au-delà de l’intellect, vers les états de conscience supérieurs.
Mais cela nécessite un cheminement spirituel de longue haleine qui commence dans les prises de conscience des premiers pas de la pratique telles la remise en question de ses fonctionnements, parfois erronés, parfois arrogants, ou de ses certitudes intellectuelles, etc., permettant de changer les défauts de son caractère pour les remplacer par des qualités objectives.
Ce sont là les prémices qui permettront ensuite le total changement vers un degré de développement supérieur humain et de noblesse d’âme.
Durant ce long travail du chemin spirituel, une partie de ce « Je subjectif » reste bonne et nécessaire, nous permettant d’affirmer notre personnalité, de mettre en œuvre nos initiatives et de planifier nos projets de vie. Il nous permet de sauver notre peau, d’assurer notre survie et l’affirmation de soi.
En cela, cette volonté de l’ego, voire cette śakti शक्ति de l’égo est utile. Elle permet d’affirmer la valeur de votre être et de vos compétences. Nous pourrions presque l’associer par extrapolation à Icchāśakti इच्छाशक्ति, la volonté dans une certaine mesure, volonté, désir de mise en œuvre.

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Mais l’ego a ses degrés de subtilité et sa prétention est toujours prête à surgir.
L’égo le plus délicat à débusquer est l’égo spirituel, le plus insidieux.
Lorsque la pratique vous change et vous donne des outils pour vous hisser différemment au dessus du lot - par la libération des mauvaises habitudes, par une meilleure hygiène de vie, une aptitude à une réflexion philosophique pertinente de l’existence, une compréhension plus éclairée du réel, par le développement d’outils physiques et mentaux plus performants, par l’apparition de nouvelles facultés cognitives, mémorielles, etc. - elle donne des ailes à l’égo qui dort ou qui se dissimule sous une fausse modestie.
Les pièges sont subtils et c’est un travail de grande vigilance à maintenir pour le pratiquant avancé.
Ainsi donc, essayons de bien redéfinir la notion de l’égo.

L’égoïsme c’est penser à soi. L’égocentrisme, c’est ne penser qu’à soi.
Cette nuance est fondamentale.

Le yogi, le pratiquant doit savoir penser à lui, à sa pratique. Il doit prendre soin de lui et d’elle.
Il doit aussi appliquer l’aphorisme du yoga :  « Aimer, servir, réaliser ».

Du point de vue métaphysique quantique et selon le principe des forces d’équilibrage de la nature, lorsque nous ne pensons qu’à nous-même, nous créons une importance qui va induire un potentiel en excès. Nous aurons un retour d’équilibrage face à ce potentiel.

L’égocentrisme est donc plus à combattre que l’égoïsme.

Aujourd’hui, une tendance émerge chez un grand nombre de jeunes personnes ou de jeunes adultes.
C’est un des effets indésirables « du culte de soi » observable sur les réseaux sociaux et alimentés par eux.
Le culte de son image, voire « l’artificialité » de cette dernière peut instaurer en soi la mégalomanie, le narcissisme, aspects exacerbés de l’égocentrisme.
Les accidents mortels dus aux selfies de certains jeunes influenceur·euse·s en est le paradoxe.
Pour exemple, il y a un ou deux ans déjà, une jeune brésilienne pour les besoins d’une photo d’elle sur son blog, au nom d’une posture de yoga spectaculaire, s’est suspendue à l’extérieur de son balcon en haut d’un building par les pieds... et est tombée...forcément ...
Moins dangereux mais tout aussi inquiétant, est cet égo exacerbé dans les démonstrations de maquillage à outrance, voire de transformation par la chirurgie esthétique où les jeunes gens, surtout les femmes, deviennent des « siliconées vivantes », les orientant vers une uniformisation d’une soi-disante beauté plastique qui n’a de résonance qu’avec les poupées gonflables ou les barbies.
Ces personnes là font tout semble t-il pour devenir aussi lisses que des robots.
Le vieillissement va leur être terrible sans maintien à long terme, bien plus qu’il ne l’est à nous-même, et si de nouvelles technologies pourront les maintenir dans une plastique définitive, elles n’auront pas non plus connu le charme vivant de la maturité.
Non, Jaya n’est pas jalouse de ces beautés là !
La prétention est l’art de la surestimation de ses capacités. Une personne mégalomane peut avoir un comportement exagéré et égocentrique, caractérisé par la puissance et l’amour de soi.
Mais ce n’est pas l’amour du Soi !

Dans l’égoïsme, penser à soi ne veut pas dire forcément toujours penser à soi avant les autres.
Il y a bien des situations de service où nous devons savoir penser à nous après autrui mais cela ne doit pas non plus devenir une maxime dominant toutes nos actions au risque de tomber dans les pièges d’une abnégation absolue.

Si je suis contre l’égo, je renforce l’importance de l’égo.
Attention donc à ne pas être trop obnubilé par lui.
Faites confiance à l’enseignement et à la pratique qui participent à l’érosion lente des aspérités négatives,
et faites ce qui doit être fait patiemment et gentiment par vous-même pour diminuer ou contrôler votre Ahaṃkāra.

  • *Ce prophète, par la Grâce de Dieu et de lui-même aurait réuni dans une même salle les dirigeants des cinquante nations les plus puissantes de notre monde. Toujours par la Grâce de Dieu car il s’agit bien de cela, il aurait réussi à placer tous ces egos sur pattes en un grand cercle,...

*Le décor est posé. Nous sommes dans la magie, le pouvoir surhumain, l’action divine qui permet au prophète investi du pouvoir divin, d’agir sur les hommes pour les convaincre. Nous sommes dans une proposition idéalisée où
le combat premier est à nouveau là, celui qui concerne l’égo de chacun et de tous.
Nous voyons là problématique majeure de l’élève en question.

Pouvons-nous penser que les maux du monde seraient dus au seul fait de l’égo de la nature humaine ?

Nous pourrions être tentés de le croire, si nous incluons dans tous les maux et conflits mondiaux, ce qui nourrit les ambitions et désirs de tels ou tels dirigeants, despotes ou mégalomanes industriels.
Quand nous voyons comment les pays à coups de crises diplomatiques, de trahisons ou de prise d’intérêts du moment gèrent leurs relations internationales, c’est un copier-coller des conflits relationnels humains à petite échelle, famille, couple, amical, etc., qui dénonce l’immaturité de notre civilisation.
Nous avons donc bien là une même constante, l’égo humain, qu’il soit individuel ou collectif. Il suffit de voir le chauvinisme et les conflits nationalistes agressifs et exclusifs des supporters dans les stades de football.
Dérision et étroitesse de l’égo qui massacrent autrui pour un ballon dans un filet !
Alors quand il s’agit de territoire ou de profit !

Mais, nous avons quand même évolué !
Ne pouvons-nous penser malgré tout que les dirigeants mondiaux d’aujourd’hui soient plus civilisés et plus compétents que les chefs barbares anciens ? Sans quoi nous nous massacrerions en permanence à chaque coin de rue.
Les déclarations des droits de l’homme ont évolué !
Entre celle de 1789 et ses 17 articles, déclaration due à la révolution Française et celle de 1948 et ses 30 articles, ratifiée en France par 58 pays, il y a des articles supplémentaires adaptés au monde contemporain. Mais si nous nous penchons sur l’ Article 9 de la dernière déclaration, il y est stipulé ; « Nul ne peut être arbitrairement arrêté, détenu ou exilé », nous pouvons aisément constaté que ces droits ne sont toujours pas appliqués dans certains pays.
Bien d’autres articles de la déclaration peuvent confirmer ce manque.
Non seulement, les droits de l’homme ne sont toujours pas acquis par tous, mais les hommes et le monde évoluant, changeant rapidement, nous aurons à revoir ces déclarations plus vite que prévu, pour les ajuster, voire les augmenter de nouveaux articles concernant les nouveaux asservissements technologiques, les nouveaux despotismes, voire la notion de la propriété d’une terre surpeuplée et en chaos climatique.
Autrement dit, même les droits de l’homme risquent bien de changer.
Ne serait-ce pas là une action prophétique à mener que de revoir les futurs droits de l’homme avant que des systèmes phagocytent nos propres créations, changent à notre insu des droits que nous sommes supposés déjà avoir ?

Si pour l’élève, les chefs d’états ne sont que des égos sur pattes, c’est quand même une vision réductrice et caricaturale des capacités intelligentes de nos autorités politiques. Certes, parmi eux, certains despotes sont assez habiles pour se maintenir au pouvoir, attiser les rapports de force armés ou pratiquer des politiques immatures et dangereuses (politique sanitaire du Brésil par exemple).
D’autres, malgré tout, et ils sont plus nombreux, fonctionnent sur une éthique humaniste, certes aux nuances nombreuses et parfois opposées, tout cela restant des points de vue relatifs. J’ose espérer que nos chefs ne soient pas tous corrompus. La gestion du pouvoir nécessite une grande tenue intellectuelle et morale, du moins durant le temps du mandat...
Si nous élisons des représentants d’un programme politique, c’est que nous les jugeons aptes à défendre nos droits, sinon il nous est inutile de voter.
Pour des êtres idéalistes, qui ne trouvent dans la politique que des doctrines du moment, illustrant l’éternel rapport relatif du pouvoir, (celui qui n’a pas le pouvoir met le chaos pour prendre le pouvoir à celui qui le détient via une idéologie - cycles infernaux du jeu politique), nous pouvons comprendre qu’aucun représentant ne soit apte à relever le défi à leurs yeux.
Laissons donc à chacun la liberté de voter ou non.
Que reste-t-il alors pour ces derniers ?
L’indifférence, la citoyenneté silencieuse, la non-citoyenneté, l’anarchie, l’appel à autre chose, la marginalité, l’attente d’un ordre supérieur, un signe du cosmos, le désir d’un messie, d’un prophète peut-être, d’une magie supérieure pour changer ces carcans mentaux qui ralentissent l’évolution humaine ?
Leur attente est légitime.

Ainsi donc le postulat de départ de l’élève ; Dieu existe et il a pouvoir de déléguer.
Le prophète est-il forcément associé à Dieu ?
Si c’est le cas, il n’est donc pas humain mais supra-humain.
Dans la problématique de notre monde contemporain, Dieu n’a plus la même place au cœur des hommes.
Si philosophiquement, Dieu est le « principe d’explication et d’unité de l’Univers », son rôle a été fortement diminué dans le cœur des hommes avec l’augmentation dans leur esprit du discours scientifique et de la modernité.
Alors qu’est-ce que la grâce, kṛpā कृपा ?
Dans le christianisme, la grâce est une aide surnaturelle accordée par Dieu aux hommes pour leur salut, qui est le fait d’échapper à la damnation éternelle. Elle peut aussi correspondre au pardon, à l’affection, à l’amour et à la bienveillance divine.
Pour le yogi, c’est l’union avec l’absolu qui lui permet d’accéder à la connaissance de celui-ci, voire de devenir l’omniprésence, l’omnipotence de ce dernier. C’est pour le pratiquant avancé, le réveil des énergies divines qui s’activent dans les différents corps afin que les facultés supérieures s’expriment. A partir de ce moment-là, toute interaction avec le monde est une interaction éclairée et supra-consciente.
La grâce est aussi celle du guide spirituel, qui par le darśan दर्शन, donne au disciple, prêt à la recevoir, l’accès à cette supra-conscience.

  • *en un grand cercle, chaque pays prenant la main d’un autre dans la sienne. Le cercle est maintenant fermé. En son centre, pour l’instant immobile, comme non manifesté, le Bindu, la porte... Le Prophète.
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*lorsque vous voyez les assemblées du parlement Européen par exemple, ou la Cop26, ils ne se tiennent pas tous par la main bien sûr en cercle, mais ils sont parfois assis autour d’une grande table ou dans un hémicycle et se parlent par micros, casques et traducteurs interposés.
C’est la forme de notre rituel contemporain. Toutefois, devant les photographes, ils jouent souvent le jeu de congratulations amicales, montrant un contentement de cette pseudo solidarité pour les besoins médiatiques, même si aucun succès d’accord n’en ressort. C’est aussi cela la comédie humaine, jouer le jeu des civilités et de la diplomatie, de la bonne éducation.
Le cercle, symbole de la totalité d’un monde est fédérateur.
La ronde immobile que l’on veut faire jouer ici a pour vertu d’être unificatrice, de créer un accord à l’unisson, une fusion amicale. Je doute que la Palestine et Israël se tiennent si facilement la main pour ne citer qu’eux.
Nous sommes donc bien dans une fiction, une intention idéaliste pour agir non pas avec la réalité des hommes du moment, mais avec un pouvoir qui les soumettrait, par un sentiment altruiste.
Ce ne sont donc pas des propositions concrètes, immédiates et réalistes pour essayer de régler nos problèmes urgents planétaires.
Quels moyens réels pourrions nous utiliser pour contraindre tous nos dirigeants à faire cela ?
Continuons cependant.

Dès que l’on soumet, il y a contrainte. Le prophète dans ce scénario-là, subjugue, hypnotise les dirigeants.

Soumettre au nom du bien ne garantit pas la pleine objectivité de cette action.
Un sage n’est pas là pour subjuguer, imposer, il est là pour éveiller, révéler.
Il ne faut donc pas que le prophète soit un expérimentateur mais qu’il soit un révélateur d’une réalité positive et salvatrice future. Il a transcendé le temps. Il a donc eu la vision qu’il s’apprête à donner.
« Quand un prophète apparaît, quand un christ apparaît dans le monde, le prêtre et le politicien dressent l’oreille. Un Jésus est dangereux, il risque de troubler l’ordre établi. Cela fut vrai il y des milliers d’années et cela sera vrai également demain. L’histoire se répète, non qu’une loi naturelle le veuille ainsi, mais parce que l’humain ne change finalement pas. »
Il change de morphologie, de capacités cognitives, de performances spatio-temporelles, mais il ne change pas dans sa nature fondamentale et subjective.
« D’un bout à l’autre de l’espace et du temps, c’est le même inconscient qui gouverne le plus grand nombre d’humains. Beaucoup de gens ne veulent rien savoir de la vérité. La religion doit rester une sorte d’artifice, de convention, une affaire de bienséance, de conformité sociale. En présence d’un sage, les hommes se sentent inférieurs. Non qu’un Jésus ou un Bouddha essaie de les humilier.. L’arrivée d’un maître de l’éveil éclipserait les prêtres et ferait vaciller les autorités sociales. »
"Quand le soleil se lève, les étoiles palissent..."nous dit Osho Rajneesh.

Au centre du cercle, le Prophète ici est associé au principe du Bindu.
L’image est élégante, relevant un peu de la filmographie fantastique mais très en accord avec la symbolique du kriyā yoga क्रिया योग.
Le bindu en effet, est la représentation minimale de la conscience maximale et omniprésente. Il est le point de dimension mathématique zéro placé au centre des yantra यन्त्र.
Le bindu est donc le degré ultime de puissance auquel une chose ou une énergie puisse être contractée ou condensée.
Ainsi, assimiler le prophète au bindu, au centre du cercle en question est judicieux, car il détient en ce centre les pouvoirs
réunis de la supra-énergie associée à la supra-conscience, telle que cette union est définie dans le kriyā yoga.

  • *Il s’approche de l’un des dirigeants, pose son pouce sur le front de celui-ci et instantanément c’est le darśana. Le grand darśana, celui dont on ne ressort pas indemne, celui qui dans la seconde change une vie.
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*Nous y voilà ! C’est un thème important que l’élève aborde ici, même s’il y est décrit de façon spectaculaire,
scènographique.
Il parle du Darśan, du rite initiatique qui permet la révélation de la vérité ultime et divine à l’esprit humain enchâssé dans Avidyā अविद्या, l’ignorance.
Dans la vie d’un disciple, le Darśan peut avoir lieu de différentes façons et avoir différents degrés d’intensité.
Il peut être réalisé par un rituel, donné par un mantra मन्त्र, un b मुद्रा une pratique, une visualisation, un yantra, un objet, un geste, un contact, une activation d’un cakra.
Il peut prendre une forme anodine sous forme d’un geste, d’une situation, d’un mot, d’une image, donné par le guide à l’élève à un moment particulier.
La prise de conscience peut être subtile, douce et souterraine, cheminer pendant longtemps dans la psyché de l’élève en vue de son réveil progressif. Vous pouvez ainsi avoir des "mini" Darśan lors d’une méditation, lors de l’écoute d’une parole, lors d’une conférence, d’un enseignement. Ce sont ces micro-éveils spirituels qui jalonnent le parcours du pratiquant.
Le Darśan peut être aussi fulgurant, bouleversant, inattendu sans guide face à vous, mais dans ces cas-là, il y a un guide pas loin. Cela peut se faire dans une situation imprévue, la visite d’un lieu, d’un spectacle, une méditation qui vous transcende et vous emporte très loin et que vous n’oublierez jamais.

Et puis, il y a le grand Darśan, celui qu’on peut avoir si on est un pratiquant qui suit un guide.

Mais aussi celui qu’on peut ne pas avoir dans cette vie-là ou que l’on peut vivre au moment de sa propre mort si on arrive à la mort préparé spirituellement.
Car le grand Darśan est la mort à soi-même, à ses illusions, à ses fausses conceptions du monde et de soi.
C’est la grande révélation du jeu cosmique ou de la danse cosmique, du principe absolu que l’on peut ne pas pouvoir supporter tant en termes de sens et de compréhension qu’en termes d’énergie.
Ce Darśan-là dépendra de deux choses ; un maître apte à vouloir le donner et un élève apte à le recevoir, physiquement, énergétiquement, psychologiquement.
Si l’élève est prêt, il recevra ce Darśan. Si ne l’est pas, il passera à côté.
Un des grands Darśan décrit dans les textes sacrés est celui que Kṛṣṇa कृष्ण donne à Arjuna अर्जुन, dans la Bhagavadgītā भगवद्गीता.
Au chapitre X, verset 11, il est dit :
« Plein de compassion pour eux, demeurant dans leur Soi, Je disperse avec le flambeau radieux de la Sagesse les ténèbres nées de l’Ignorance. Kṛṣṇa ayant ouvert son immense bouche permet à Arjuna la vision divine et insoutenable du monde du cosmos tout entier, le bon comme le terrible.
Dans le Chapitre X1, verset 45, Arjuna répond ;
« J’ai vu ce que nul n’a jamais vu encore et je me réjouis mais mon esprit est troublé par la peur. Ô divin, montre moi cette autre forme de Toi. Incline Ton cœur à la grâce, Ô TOI, Seigneur des Dieux, Toi Demeure de cet Univers. »

Arjuna est le disciple parfait, le noble guerrier, l’homme accompli par la bravoure et une haute éthique.
Lui-même éprouve la crainte.

Nous allons revenir sur quelques concepts.
Dans la philosophie indienne, la nature de la vérité ultime est décrite comme étant vérité (Satyam सत्यम्), beauté, (Sundaram सुन्दरम्) et bonté (Śivam शिवम्).
Ce ne sont pas là les attributs de Dieu.
Ces termes-là décrivent notre expérience de dieu. Ils n’appartiennent pas au Divin en tant que tels.
Ils sont le résultat de notre perception. Le divin est inconnaissable en soi.
L’univers est infini et infini de potentialité. L’absolu est omnipotent, omniscient, omniprésent, supra-conscient.
Il est tous les attributs à la fois, ou (et) aucun. Il est le Tout dans le Tout, et si j’enlève le Tout du Tout reste le Tout.
Dans l’esprit humain, le Divin est perceptible par trois fenêtres ; la vision peut être de beauté, de vérité ou de bonté.
Ces trois notions, nous dit toujours Osho, appartiennent à l’esprit de l’homme.
Elles représentent nos limitations. Nous fournissons un cadre alors que le Divin est sans cadre.
Quand nous regardons le ciel à travers une fenêtre, notre vision est limitée alors que le ciel est infini.
La vérité, la beauté, la bonté sont ces fenêtres qu i nous permettent de jeter un œil sur les régions divines.
Dans la personnalité humaine, si l’intellect est dominant, le Divin prendra la forme de la vérité. C’est son cadre de fenêtre. Si la personnalité est plus émotionnelle, qu’elle appréhende par le cœur au lieu de l’intellect, le divin prendra la forme de la beauté. La poésie viendra de vous. Dans le cas où la personnalité n’est animée ni par l’émotion ni pas l’intellect, alors c’est par l’action qu’elle voit le divin. La cadre devient la bonté.
Jñāna ज्ञान, Bhakti भक्ति, karma कर्म seront pour le pratiquant de yoga, les approches respectives.
La majorité de l’humanité a une personnalité avant tout active, non pas intellectuelle ni émotionnelle, même si ces deux derniers aspects ne leur font pas défaut.
Mais ils ne sont pas tous bons !
Dans le Tout, existe aussi les pôles opposés ; mensonge, laideur et méchanceté. Ils ne sont pas perçus comme étant les attributs du divin mais plutôt ceux de l’homme.
Si l’homme n’avait pas d’existence dans ce monde, le divin ne serait ni bon, ni beau, ni vrai.
La nature divine resterait exactement la même sans ces attributs.
Nous pouvons de même percevoir le Divin à travers d’autres attributs. Si nous arrivons à percevoir le Divin par une nouvelle fenêtre, nous pouvons lui trouver de nouveaux attributs.
C’est d’ailleurs ce qui se passe ou se passera avec l’évolution de la race humaine et des nouveaux moyens de prospection du réel. Soit, nous élargirons le cadre de nos fenêtres en élargissant le cadre de nos outils de perception, soit nous augmenterons le nombre de fenêtres.
L’univers, manifestation du Divin, restera infini.
Pour le yogi qui a transcendé les trois fenêtres dans sa personnalité, il a la possibilité de voir le Divin sous un quatrième aspect.
On l’appelle Turīya तुरीय, le quatrième, l’état de Brahman ब्रह्मन्, sans noms, sans formes, donc sans attributs.
Ce type de conscience n’est ni intellectuelle, ni émotionnelle, ni active. Elle est conscience pure. Vous ne regardez plus le ciel à travers une fenêtre. Il n‘ y a plus de concepts ni de cadre.
Seul ce type de conscience peut comprendre les trois autres.
De tout temps, les trois autres se sont querellés à travers les doctrines, les religions.
Penser ainsi que le darśan consiste à vouloir convaincre les hommes d’adopter ces notions de bonté, de beauté ou d’action pour comprendre le divin et régler les problèmes urgents de la planète, c’est tomber dans le piège millénaire de la subjectivité de ces attributs divins.
Toutefois, si tous les hommes évoluaient vers des personnalités plus réfléchies et plus sensibles, les fruits de leurs actions en seraient peut être améliorées.
L’humanité doit grandir, mais pas en nombre, en sagesse.

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Le darśan est donc l’initiation du disciple par le guide spirituel, le sage, l’être réalisé et en état de Turīya.
Tout le monde ne peut recevoir un véritable darśan, car l’être qui va le recevoir doit être apte à supporter cette révélation de la vérité du monde. Il doit être prêt à inclure la vie mais aussi la mort, le beau mais aussi le laid, le plein mais aussi le vide.
Le darśan n’est pas donné par un extraterrestre qui va vous propulser dans un monde idyllique avec des super-pouvoirs.
Le darśan consiste à vous révéler la réalité cosmique telle qu’elle est mais avec une telle ampleur que votre être humain au stade de son évolution, peut avoir du mal à l’expérimenter sans danger.
C’est pour cela que le pratiquant doit être prêt sur bien des plans.
Nos dirigeants mis en ronde par notre ami, bien qu’évolués intellectuellement seraient-ils prêts à recevoir cette révélation ? Sans démarche personnelle associée, ce ne serait pas gagné.

Notre élève parle-t-il bien alors de darśan ou d’un ersatz, d’un cliché ?
Malgré tout, il serait intéressant d’avoir accès à ces aspects-là de la personnalité de nos dirigeants, leur pratique religieuse ou non, leur vision spirituelle du monde. Mais cela fait partie semble t-il de la sphère privée. Or, c’est un aspect non négligeable qui façonne le profil d’une personne.

  • *Ce n’est pas un mais cinquante darśan. En un éclair, ces hommes limités, se tenant la main comme des enfants, ont accès à la réalité ultime. Compréhension immédiate des grands mystères de l’univers. L’amour les envahit. Cet amour d’une puissance et d’une douceur infinie tranche alors la tête de l’avoir au profit de l’être.
    Dorénavant ils savent, ils savent pour l’éternité et n’auront de cesse de vouloir le partager.
    Ils seront les premiers disciples.

*Mes élèves sont parfois et quand même de grands idéalistes aux envolées surprenantes. Cet élan est nécessaire pour œuvrer à l’ouverture du cœur, s’imprégner d’un humanisme infaillible et entreprendre le chemin de l’éveil.
Mais attention, l’éveil ne veut pas dire naïveté et ravissement permanent.
Le sage n’a pas l’air d’avoir fumé la moquette.
Pour qu’un darśan de groupe se fasse, il faudrait une onde de choc suffisamment puissante, en termes de pouvoir mental et énergétique pour la créer.
Cela nous renvoie à la nature divine ou extra-ordinaire du prophète apte à la créer.
Les prophètes précédents ont rayonné par des actes simples, des doctrines bouleversant le cœur ou l’esprit, des actes ésotériques, plutôt associés à des pouvoirs spirituels obtenus par des techniques anciennes yoguiques ou autres, mais aucunement d’envergure nucléaire. Les actes magico-spirituels d’un Jésus ou d’un Bouddha s’inscrivaient dans la maîtrise de facultés supérieures comme le furent les siddhi सिद्धि des yogis anciens.
Ne disait-on pas que Jésus aurait possédé ces connaissances.
Quant à l’idée que l’amour soit le seul garant du salut de l’homme, j’en émets une fois de plus la réserve au vu des tentatives millénaires précédentes et des résultats constatés.
Il semble nous manquer un maillon dans cette conception de l’amour.
Toutefois, l’amour spirituel tel que le conçoit la pratique transcendantale est un moteur essentiel au saut quantique que chacun d’entre nous se devrait de faire pour accélérer notre évolution, d’autant plus si nous considérons qu’il y a urgence au vu de la situation mondiale actuelle.
Je reste intimement convaincue que nous, détenteurs d’un certain type de pratiques et de connaissances millénaires ésotériques et énergétiques, préoccupés par la connaissance du pouvoir de l’esprit sur le réel et la transcendance de nos limitations, sommes en avance sur les lointaines et futures préoccupations de ces dirigeants d’aujourd’hui que nous ne pouvons mettre qu’en ronde fictive dans nos rêves les plus fous.
L’I.A et les neurosciences amorceront cette préoccupation.

  • *Notre prophète, inlassablement, continuera à œuvrer. Après les dirigeants, voici venue l’heure des ministres, puis des grands patrons. L’intelligence de l’homme autrefois asservi par son ego est maintenant mise à la disposition du cœur. Du haut de la pyramide, patiemment il descendra jusqu’à rencontrer les petits d’hommes. Et dans chaque école de ce monde sauvé de lui-même, dès le plus jeune âge sera enseigné ce qu’est la vie en vérité.
    Bien à vous très chère Jaya

*L’onde de choc ici est une onde d’amour mais reste une onde de choc.
La mise en scène est belle et touchante tout autant qu’inquiétante.
Le prophète devient Dieu lui-même et décide d’une réinitialisation de la race humaine en créant un darśan d’amour universel.
Le propre de la race humaine n’est-elle pas déjà de conserver son libre arbitre ?
La voie humaine est celle du cheminement qui permet l’apprentissage, l’acquisition de la maturité, la prise de conscience progressive. C’est donc un constat pessimiste de la nature humaine qui est fait là et sur son incapacité à pouvoir faire par elle-même ce chemin vers la sagesse au point qu’il faille le lui imposer, voire la rebooter.

6

C’est aussi, malgré tout, un rêve spontané et altruiste pour porter le monde plus haut qu’il ne l’est aujourd’hui.
Mais que fait-on de concret ?
Celui qui pratique agit patiemment à son humble niveau.
Comment sensibiliser le plus grand nombre sans les mettre en rond et sans leur mettre un Tilak तिलक sur le front ?
Merci à l’élève P.S
Hari om tat sat
Jaya yogācāryaḥ

©CentreJaya de yoga Vedanta Ile de la Réunion
Merci à Cecile Pellorce pour la correction

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