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Fenêtre sur le Haṭhayoga हठयोग

Fenêtre sur le Haṭhayoga हठयोग




Ce soir, et cela n’est pas habituel, je vais vous parler d’un domaine qui ne relève pas directement de la philosophie. Il participe toutefois intensément à la préparation de la pratique méditative en donnant au corps de la force, de l’endurance et de la stabilité. Je veux parler du Haṭhayoga.

Le mot Haṭha est composé de deux syllabes.
Ha = soleil prāṇa प्राण force de vie.
Tha = lune, énergie mentale.

Il est dit que ce yoga est le plus violent mais aussi le plus rapide et ses effets sont quantifiables. On l’associe au concept du mot "tapas तपस्" qui inclut à la fois la notion d’austérité et de pratique que représente la Sādhana साधन (la pratique spirituelle), mais aussi la notion de feu et de combustion. Le travail du Haṭhayoga, basé sur le Prāṇāyāma प्राणायाम, les Āsana आसन, et bien d’autres pratiques physiques, va accélérer le processus de combustion des toxines et de purification du corps en chassant les inerties et en réveillant les énergies dormantes et insoupçonnables.

Le travail du corps remonte bien évidemment à la nuit des temps mais les premières codifications du Haṭhayoga apparaissent au Ve siècle av JC, du temps de Buddha बुद्ध.

Deux grands maîtres indiens, entre autres, codifieront cette gestuelle millénaire, Matsyendranatha मत्स्येन्द्र et Gorakhnath गोरक्षनाथ.
Les œuvres textuelles dans le Haṭhayoga sont nombreuses et variées avec des interprétations parfois contradictoires mais riches en tous genres.
Toute la littérature contemporaine du Haṭhayoga est encore plus diversifiée et inégale avec toutefois des approches scientifiques pertinentes. Mais l’épine dorsale du Haṭhayoga réside dans les premiers manuels connus.

Plusieurs textes vont donc se succéder.
Les plus importants sont :


  • Le HaṭhaYoga Pradīpikā हठयोगप्रदीपिका
  • La Gheraṇḍa saṃhitā घेरण्डसंहिता
  • Le Śiva Samhità शिव संहिता
  • Le Gorakṣaśatakam गोरक्षशतकम्
  • L’Aṣṭāṅga yoga अष्टाङ्ग योग



Krisnamacharya yogi

-1) HaṭhaYoga Pradīpikā

Il est l’un des textes le plus connu.
" Pradīpikā " signifie littéralement " celui qui éclaire ". Il peut donc être traduit par " Lumière sur, ou illumination sur le Haṭhayoga ". L’auteur de ce travail minutieux en sanskrit est supposé être le Yogi svātmārāma स्वात्माराम au XVe siècle ap JC. Il fut un disciple de la lignée de Goraknath.
Toutefois, le Haṭhayoga Pradīpikā est mieux connu par ses compilations plutôt que par l’œuvre originale.
De nombreuses descriptions inspiratrices du texte sont attribuées à Goraksha.

Ce traité comporte 389 ślokas (strophes, stances héroïques), divisés en quatre upadēśa उपदेश (leçons ou chapitres).
Il est fondé sur des textes plus anciens et sur les expériences yogiques personnelles de Svāmī Svātmārāma.
Il inclut des informations sur les principaux Āsana (postures), le Prāṇayāma (discipline respiratoire), les cakra चक्र (centres d’énergie spirituelle dans le corps subtil), la Kuṇḍalinī कुण्डलिनी (énergie représentée par un serpent lové à la base du corps subtil), les Bandha बन्ध (verrouillages physiques), les kriyās क्रिया (techniques de nettoyages), la śakti शक्ति (pouvoir divin), les Nāḍī नाडी (vaisseaux dans le corps subtil) et les Mudrā मुद्रा (gestes significatifs).

Ces quatre chapitres ou leçons sont :

  • 1.prathamo padeśaḥ प्रथम पदेशः  : premier chapitre (relatif à la pratique des āsana ou postures).
  • 2.dvitīyo padeśaḥ द्वितीयो पदेशः : deuxième chapitre (relatif au Prāṇāyāma ou contrôle du souffle).
  • 3.tṛtīyo padeśaḥ तृतीयो पदेशः  : troisième chapitre (relatif aux mudra).
  • 4.caturtho padeśaḥ चतुर्थठो पदेशः : quatrième chapitre (relatif au samādhi समाधि).

Le chapitre initial est le plus important.

*Le prathamo padeśaḥ traite principalement de l’environnement propice à la pratique du Haṭhayoga, de certaines exigences éthiques, et des āsana du yoga ou postures.

*Le dvitīyo padeśaḥ (deuxième leçon) concerne principalement le Prāṇāyāma et la mobilisation de l’énergie vitale à travers divers modes de rétention (kumbhaka कुंभक). Il aborde également le ṣaṭ karman षट् कर्मन् six actes de nettoyage, qui traitent de la purification du corps, des canaux vitaux (Nāḍī) et sont purificateurs de tous les doṣa de l’Ayurvéda.

*Le tṛtīyo padeśaḥ (troisième leçon), couvre le vaste domaine des mudras.

*Le caturtho padeśaḥ (quatrième leçon) traite de la pratique de
Nādānusandhāna नादानुसन्धान (méditation sur le son intérieur). Nous y trouvons la description détaillée de l’état de samādhi, qui dans sa forme la plus élevée est le but ultime du yoga.

Le texte du HaṭhaYoga Pradīpikā sera analysé par de nombreux commentateurs de l’époque et ultérieurs.



 2) La Gheraṇḍa saṃhitā est le deuxième des textes classiques ou traditionnels du HaṭhaYoga.

Ce travail est à peu près daté de la fin du XVIIe siècle apJC. Il est donc plus tardif au HaṭhaYoga Pradīpikā à partir duquel de nombreux ślōka श्लोक furent empruntés. La Gheraṇḍa saṃhitā est un ensemble des 354 ślōka, divisé en sept upadēśa उपदेश. Chacun traite d’un aspect du septuple système (sapta-Sādhana सप्त साधन) dicté par le sage Gheranda à son disciple, Chandakapali छन्दक पलि.

  • 1.Sat-karmāni (Purification),
  • 2.āsana (Postures)
  • 3.Mudrā (Position des doigts),
  • 4.Pratyāhāra प्रत्याहार (Retrait des sens),
  • 5.Prāṇāyāma (Contrôle de la respiration),
  • 6.dhyāna ध्यान (Méditation),
  • 7.samādhi (Achèvement par l’absorption profonde ou la contemplation).

    Dans le deuxième ślōka , Chandakapali demande à Gheranda de lui enseigner le chemin de la connaissance de la vérité. En réponse à sa requête, Gheranda lui parle du Ghatastha-yoga घतस्थ योग .
    Ghata signifie navire, pot ou conteneur : ce qui peut être traduit par " le yoga du navire " ou le yoga du contenu (du Soi). Le navire ici n’est pas simplement le corps physique grossier, mais tout l’organisme psychophysique à travers lequel le Soi (mieux connu sous l’Ātman आत्मन् ou le Puruṣa पुरुष expérimente le monde.


 3) Le Śiva Samhità शिव संहिता

Le Shiva Samhità - "la connaissance de Śiva", est présenté quant à lui comme un enseignement direct de Shiva lui-même. Il est probable que ce texte d’une période similaire à la La Gheraṇḍa saṃhitā, date du xvii e ap JC.

L’auteur inconnu de cette œuvre textuelle établit une doctrine du yoga, qui est influencée à la fois par l’Advaita अद्वैत (non-dualiste) école de Vedanta वेदान्त et le système Tantrique.
Les 645 ślōka du texte sont classés en cinq chapitres.
Ce texte traite plus particulièrement de l’aspect philosophique, du fondement métaphysique du HaṭhaYoga ainsi que de la structure subtile de l’être humain et des pratiques s’adressant à ce corps énergétique et mental.
Le Shiva Samhità décrit la trame et propose les moyens de pénétrer les formes secrètes de la matière, de l’Univers et de l’être humain. Elle propose également de s’infiltrer dans la nature intrinsèque du mental, dans l’écheveau des pensées, pour atteindre et dépasser la source de l’erreur : Avidyā अविद्या, l’ignorance.
Ce texte se situe directement dans la lignée classique des textes du HaṭhaYoga , même si quelques colorations bouddhistes ou védantiques apparaissent.

  • Le premier chapitre est une introduction à la métaphysique Advaita, et affirme que c’est la tâche du yogique de réaliser l’unité du moi individuel avec le Soi universel, afin de percevoir la véritable nature de la réalité.
    Cela ne peut être fait que par la dissolution du voile de l’existence phénoménale qu’est la Maya, (illusion).

  • Le deuxième chapitre décrit certains aspects de la matrice subtile du corps humain.

  • Le troisième chapitre comprend une discussion sur le Prāṇāyāma et les Āsana.

  • Le quatrième chapitre aborde les mudrā मुद्रा.

  • Le cinquième, le plus long, comprend une description détaillée des six Cakra (चक्र majeurs.


 4) Le Gorakṣaśatakam गोरक्षशतकम्

GORAKHNATH est un personnage dont on sait peu de chose, sinon qu’il a dû naître dans le premier quart du xii e siècle ap JC. Il apparaît comme le fondateur de la secte tantrique des Nāths.

Ses traités sont presque tous perdus et l’on ne connaît de lui qu’un court poème (172 ślōka), le "Gorakṣa-śataka" signifiant "les Paroles de Goraksha".

"Ce maître est célèbre en Inde pour la forme extrême de tantrisme qu’il prêcha. Autour de lui se forma, dit-on, une communauté de yoguins pratiquant tous les « rites de la main gauche », au grand scandale des hindous orthodoxes. Sans doute, par mesure de protection, mais suivant en cela une tradition immémoriale, la secte se constitua en société secrète comportant une cérémonie d’initiation très éprouvante pour finir ensuite par le percement des oreilles de l’impétrant étaient percées (d’où le nom "d’oreilles percées). Les "Kānphaṭa Yogīs" sont ces yoguins tantrikas pourvus de lourdes boucles d’oreilles.
En vue d’obtenir la maîtrise de toutes les "puissances" latentes de son corps, le disciple était ensuite invité à pratiquer avec le maximum d’intensité les exercices physiques préconisés par le Haha yoga et à dépasser les normes traditionnelles de la vie sociale ; ainsi, transgressant les interdits alimentaires, les disciples de Gorakhnāth mangeaient de la viande de bœuf ; violaient les tabous sexuels, se livraient même à la nécrophilie, à la bestialité ; enfin, pour se rendre maîtres de la nature, ils pratiquaient l’alchimie et la magie noire. On prendra garde cependant au fait que, selon Gorakhnāth, de telles attitudes étaient ordonnées dans un but de transcendance : l’obtention du salut conçu comme l’union béatifique de l’âme individuelle avec l’âme cosmique, dont la forme divine est Śiva", nous décrit Jean Varenne.

Le Goraksha-Sataka décrit les Āsana, le Prāṇāyāma, les mudrā, l’oṃkāra japa ओंकार जप (répétition de la syllabe Om ॐ), ainsi que des concepts de la physiologie du corps subtil, comme le kanda कन्द, les nadī नदी, les Cakra, la Kuṇḍalinī कुण्डलिनी, etc.
Le Goraksha-paddhati, texte de l’école Nātha नाथ , écrit par Gorakshnātha est donc une méthode tantrique d’éveil de l’énergie Kuṇḍalinī.

Bien qu’ils soient anciens, l’intérêt et l’actualité des textes traditionnels demeure. En effet, même s’ils ne sont pas toujours précis et complets, souvent volontairement d’ailleurs car étant initiatiques, ils exposent la trame philosophique et technique d’une méthode. On les considère comme le support d’un enseignement oral direct. Mais ce qui fait leur intérêt majeur, c’est qu’ils ont été écrits par des sages ayant réalisé eux-mêmes l’illumination. C’est la raison pour laquelle, d’un auteur à l’autre, les exposés, les descriptions et les symboles concordent et témoignent d’une expérience énergétique ou mystique qui peut propulser le chercheur spirituel dans ces zones subtiles de l’univers intérieur.


 5) Les Yoga sūtra योग सूत्र de Patañjali पतञ्जलि

L’année de la composition des Yoga sūtra est inconnue. Cependant, certains experts l’estiment approximativement entre le iv e siècle avant notre ère et le IIIe siècle ap. Le texte comprend 196 sutras répartis sur quatre chapitres.
Ces sutras se réfèrent à une forme particulièrement laconique d’écriture, ce qui nécessite généralement un commentaire d’accompagnement.

Les Yoga sūtra sont la codification systématique des connaissances concernant le Yoga et plus encore le Raja yoga रजयोग. Toutes les écoles, y compris le Haṭhayoga sont issues de ce fondement, mais les "Yoga sūtra" n’abordent pas uniquement le travail de hatha yoga. Ils en font d’ailleurs un survol très large, tout en l’incluant dans un programme philosophique et psychologique de l’étude des mécanismes mentaux. C’est dans le fameux Aṣṭāṅga अष्टाङ्ग yoga que le Haṭhayoga sera cité.

  • (1)Yama यम (observances morales par rapport à autrui),
  • (2) Niyama नियम (observances morales par rapport à soi),
  • (3) Āsana अशन ( postures)
  • (4) Prāṇāyāma प्राणायाम (respirations )
  • (5) Pratyāhāra प्रत्याहार ( retrati des sens)
  • (6) Dharaṇa धरण (concentration),
  • (7) Dhyāna ध्यान ( méditation),
  • (8) Samādhi समाधि (réalisation)


Aucune mention n’est faite dans les Yoga sūtra, des mudrā, ni de la notion de Kuṇḍalinī-śakti शक्ति, ni de son ascension le long de Suṣumnā nadī सुषुम्ना नदी. L’accent est mis beaucoup plus sur les différents modes de méditation que dans les autres textes de Haṭhayoga. En dépit de ces divergences, le Haṭhayoga et les sūtra de Patanjali sont complémentaires à tous les égards. Par conséquent, ils sont souvent désignés par les Haṭha Yogis comme des textes aidant à la clarification des techniques.

Le Sage Vyāsa व्यास) aurait écrit un commentaire sur les Yoga sūtra communément appelé le Yoga-bhāṣya योग भाष्य.
D’autres commentaires également de Vyāsa existent tels que le Vyāsa-bhānyā et le Sāṁkhyapravacanasūtra सांख्यप्रवचन सूत्र ), (texte instructif du Sāṁkhya). Le Sāṁkhya, d’ailleurs, dans la tradition philosophique indienne, fournit très souvent la base du système métaphysique de Patañjali.


Voici donc un résumé de la présentation des textes importants qui sous-tendent le Haṭhayoga. Cette pratique illustre et toujours d’actualité apporte des bienfaits, sous peine bien sûr d’en appliquer avec effort ses principes.


Hari om tat sat
Jaya Yogācārya

Bibliographie :

 "Le HaṭhaYoga Pradīpikā " , commentaire de Swami Satyananda

 " Yoga et tradition Hindoue " de Jean Varenne "

 " The Awakening of Intelligence " by Krishnamurti


 adaptation et commentaire de Jaya Yogācārya

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