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Le Ṣaṭkoṇa

Conférence donnée par Jaya Yogacarya en cours de méditation le vendredi 8 nov 2019

Dans notre travail d’éveil de l’énergie, nous allons poursuivre la compréhension des grands concepts touchant à la montée de la Kuṇḍalinī कुण्डलिनी.
Dans cet apprentissage, nous abordons un enseignement symbolique qui puise sa richesse dans l’iconographie tantrique.
Nos expériences vont donc être illustrées par des symboles.
Lors de la montée de l’énergie dans la colonne vertébrale, plus précisément dans Suṣumṇā nāḍi सुषुम्णा नाडि, appelée aussi Madhyanāḍī मध्यनाडी, la moelle épinière, la voie centrale, ces symboles seront des roues, c’est-à-dire les Cakra चक्र, mais aussi des triangles, les Trikoṇa त्रिकोण, des Liṅga लिङ्ग, et bien d’autres encore.
Dans le Brahmarandhra ब्रह्मरन्ध्र, le sommet du crâne, siège la roue cosmique, le cakra suprême, illustrant l’expression de la plus haute des énergies, l’énergie transcendée réunifiée à la conscience.
Cette roue cosmique contient tous les tattva कन्द réunifiés dans leur pure essence. Ces tattva कन्द, éléments ou niveaux de réalités, s’étendent pour le yogi, de Pṛthivi पृथिवि la terre à l’expression de la conscience éternelle, illustrée par Sadāśiva सदाशिव, le Śiva शिव éternel.

Avant de réunifier les tattva, il est donc nécessaire de les identifier, de les expérimenter dans les différents plans physiques et mentaux des six premiers cakra afin de les transcender en vue de leur fusion et leur retour à leur pure essence, d’où le long apprentissage symbolique associé aux pratiques.

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Les cakra sont des centres de force où la puissance de l’énergie se concentre d’abord pour ensuite être irradiée dans de nombreuses directions.
Ainsi, à chaque niveau de cakra, la radiation énergétique se déploie et de façon symbolique, elle le fait par le déploiement des pétales. Tournés vers le bas, ils indiquent le déploiement vers les activités mondaines, tournés vers le haut, indiquent la montée de l’énergie orientée à seule fin de transcendance spirituelle.

D’un point de vue pratique et énergétique, il est nécessaire que le yogi rassemble avant tout les énergies vers l’axe central. Ainsi donc, à chaque étape ou plan, les énergies se rassemblent, montent par Suṣumṇā dans le cakra supérieur, à partir duquel elles irradient vers les directions des plans physiques et mentaux.

Chaque roue ou cakra comporte trois principes :
-tout d’abord, les pétales, qui sont associés aux Kalā कला, les énergies subtiles auxquelles correspondent les phonèmes sanskrits appelés aussi les Varṇa वर्ण et Mātṛka मातृक voir conférence « Le langage des Dieux ».
-deuxième élément du cakra, les rais, les rayons, considérés comme des Nāda नाद, des résonances vibrantes voire lumineuses et colorées, rayonnant du centre vers la périphérie ou inversement, selon que l’énergie s’extériorise ou qu’elle s’intériorise lors de la montée de la Kuṇḍalinī. On voit ici que la nature sonore prévaut.
-enfin troisième élément, le Bindu बिन्दु, le centre de chacun des cakra.
Il est le point de représentation infiniment petit d’une puissance maximale et potentiellement infinie.
Ce point réside en fait dans la Suṣumṇā, la voie médiane.
Énergies mentales (les pensées), énergies physiques (les mécanismes physiologiques et les souffles), énergies sonores (paroles, son) vont être rassemblées en une seule vibration intense dirigée vers le bindu lors de la montée de la Kuṇḍalinī.

Il est dit que « le Nāda, en fondant dans le feu de la Kuṇḍalinī, devient Nādānta, la fin de la sonorité ».
Cela signifie que ces rayons, ces résonances vibrantes, sonores mais aussi lumineuses se résorbent pour devenir un mouvement dressé, la Suṣumṇā elle-même sonore et lumineuse. Il y a transfert des énergies.
Cela prépare et annonce la "pratique du bâton", ce dernier illustrant la Kuṇḍalinī lorsque elle se dresse spontanément grâce aux Prāṇāyama प्राणायम, techniques respiratoires et à la friction des souffles inspirés et expirés, ainsi qu’aux Kumbhaka कुम्भक, les rétentions poussées du souffle.
Ainsi donc, lors de l’activation de l’énergie primordiale, toutes les énergies du corps, de la pensée, de la parole se réunissent à chaque étape, à nouveau au bindu suivant du cakra suivant qui s’éveille à son tour.
Ce processus d‘unification se poursuit jusqu’à ce qu’il n’ y ait plus qu’un bindu unique, le SOI.
Ce n’est que lorsque toutes les énergies ont été réunifiées que le yogi peut transcender sa nature temporelle et devenir ce Soi immuable.

Mais le yogi peut rester cependant toujours enchaîné à l’état de Paśu पशु, voir principe d’adhyāropa अध्यारोप), si une seule de ces énergies est absente et n’a pas été réunifiée aux autres.

Lorsque le Yogi transcende vers un état de conscience absolue, cette expérience est illustrée par le Mahāvākya महावाक्य, la parole sacrée ; « Ahaṃ अहं », « Je suis Cela, je suis cet impérissable ».

«  A » étant la première voyelle de l’alphabet sanskrit et « Ha », son dernier phonème en tant que consonne aspirée, l’ensemble de ces phonèmes que l’on retrouve dans les attributs des cakra, illustrent l’ensemble des sons sacrés sanskrits fusionnés en un seul bindu, « Ahaṃ », le Soi.

La transcendance de la dualité s’est effectuée au profit de l’Unicité.

Là encore, le yogi est passé du multiple vers l’Un.
Śiva- Śakti शिव शक्ति ont transcendé leur nature dans une union où l’un ne peut fonctionner sans l’autre, étant finalement identiques.
Cette union donne ainsi le principe absolu fait à la fois de Conscience et d’Énergie.
« Ahaṃ , Je suis Cela, cette Conscience et cette Énergie. »

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Le trikona, devenant Tripura त्रिपुर dans le sixième cakra, illustre les nombreuses significations de toute triplicité, à commencer par celles d’Icchā इच्छा Śakti, la volonté, la Jñāna ज्ञान Śakti, la connaissance et Kriyā क्रिया Śakti, l’action, associées respectivement aux tattva du Feu, de la Lune et du Soleil.
Il désigne également le sujet connaissant, la connaissance et l’objet connu.

Le triangle représente aussi cette fusion du deux au un, du trois en un.

Du Deux au Un par la fusion des deux sommets de base vers celui du haut, et du trois au un, par la fusion des trois sommets vers le centre du triangle, son bindu.

L’homme ordinaire, le Paśu, est enchainé à la dualité, celle des souffles inspirés et expirés, des influences d’Iḍā इडा et de Piṅgalā पिङ्गला en terme d’influence de ces deux Nāḍi नाडि sur les comportements et les personnalités, ainsi que sur les énergies qu’elles mettent en action selon leur dominance.

Ce même homme ne vit que dans la dualité de la connaissance et du connu mais ne se connaît lui-même.

Le travail spirituel en vue de son éveil, consiste à faire fusionner le soleil et la lune dans le feu, le feu du connaissant.

Pour passer du Paśu au yogi, il doit faire fusionner Iḍā et Piṅgalā en Suṣumṇā सुषुम्णा, tout comme il doit faire fusionner les souffles inspirés et expirés en souffle vertical qui part d’Udāna उदान.

A chaque fois, les trois principes doivent être éveillés et doivent fusionner, leur permettant d’atteindre le bindu, le centre du triangle, le principe vital qui les nourrit, permettant au yogi de jouir du processus de fusion.

Au niveau symbolique, cette fusion du triangle illustre l’expérience réalisée dans trois endroits lors de la montée de la Kuṇḍalinī, à savoir, dans Mūlādhāra cakra मूलाधार, le cakra du périnée, dans Bhrūmadhya भ्रूमध्य, le point inter-sourcilier, et enfin dans Brahmarandhra ब्रह्मरन्ध्र, le sommet du crâne.

Le couple Śiva- Śakti est illustré par les deux trikona, de couleur rouge, la pointe vers le bas pour Śakti et blanc, la pointe vers le haut pour Śiva.
Le premier représenté en bas, le deuxième en haut sur un axe vertical sont faits pour s’inverser et se rencontrer. En l’absence de Prāṇāyama, de pratique transcendantale, de pratique méditative Dhyāna ध्यान, il est impossible que ces triangles inférieurs et supérieurs se rencontrent.
Ils ne le pourront que lors du Samādhi समाधि quand la Kuṇḍalinī s’éveille.

La jouissance sexuelle donne un avant goût de ce que peut être une jouissance beaucoup plus subtile lorsque le souffle, le Prāṇa प्राण, descend au centre du triangle inférieur, dans Mūlādhāra cakra.
Ce n‘est toutefois pas là encore, l’état extatique obtenu par la transcendance du Brahmarandhra.

Quand le flot de Kuṇḍalinī monte, il tourne la pointe du triangle inférieur vers le haut (triangle de Śakti) et emporte ce même triangle jusqu’à Bhrūmadhya, rejoignant là, le triangle supérieur de Śiva, afin que les deux s’unissent dans une indissoluble fusion.

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Dans Brahmarandhra, ils forment enfin le Ṣaṭkoṇa षट्कोण, l’hexagone, dont le centre Bindu représente l’endroit ultime de coïncidence entre la conscience et son énergie.
Hari Om tat sat

Jaya Yogācārya

Bibliographie :
 « La Kuṇḍalinī » de Lilian Silburn aux edts « Les deux Océans » (p 48 à 51)
 Adaptation et commentaire de Jaya Yogācārya

©Centre Jaya de Yoga Vedanta La Réunion

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    Le partage de la richesse de votre savoir nous façonne, nous guide à la lueur discréte de notre humble lampe, dont la flamme timide soutenue par votre bienveillante patience senhardit à chacun de nos pas sur le chemin de SATKONA.
    Ngico

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