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Petits, mais précieux !

Le temps semble aller en avant, c’est l’illusion qu’il nous donne.
Voir la conférence de 2012 « La flèche du temps
Le temps semble aller en avant, telle une marche militaire qu’on entend, dans le noir d’un tunnel…
Voir le très beau film « Dreams » d’Akira Kurosawa, 1990.
Nul ne sait d’ailleurs si ce seront des vivants ou des morts qui en sortiront.
Le temps nous entraine malgré nous dans un processus auquel il semble impossible d’ échapper.
Nous étions beaux, jeunes, fous, heureux, libres, ignorants et perchés sur nos certitudes égotiques…du moins les nantis que nous étions. Nous, nous avons eu de la chance.
Sommes-nous restés libres pour autant ?
Pas si sûr.

Le temps, c’est surtout pour nous, notre Temps, celui qui vieillit nos os et notre cœur, celui qui nous use. La loi de l’entropie nous désintègre.

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Notre temps passé fut celui qui nous permit d’évoluer et d’arriver ici et maintenant.

Le temps de l’autre est différent.
Le temps de l’étranger ne représente rien pour nous tant que son temps ne mange pas le nôtre.
Quant à celui que l’on fait attendre, c’est considérer que le temps de l’autre est sans importance.
Si l’une de vos connaissances, hors amitié ou amour, quitte définitivement votre proximité, son temps vous échappe et ne vous concerne plus. La place de son temps dans votre temps est vacante et libre.
Son temps vous redevient aisément indifférent.
Il y a des départs qui nous sont insignifiants quand d’autres sont déchirants.
C’est une question de lien. C’est une question de temps !

Le temps de l’autre, c’est aussi celui de nos proches que nous voyons grandir ou vieillir. Nous nous accompagnons mutuellement depuis des décennies dans ce voyage du temps.
Nous murissons ensemble, nous grisonnons ensemble, nous aimons, nous rions, nous pleurons, nous craignons, nous crions, nous nous taisons ensemble, nous boudons ensemble.
Nous nous donnons mutuellement de notre temps.

Mes premières conférences à la Réunion datent de 1990, cela fait 32 ans.
Il y a dans cette salle, des fidèles qui étaient là à cette époque et je les salue humblement.
J’admire leur constance et leur qualité morale.
Nous nous sommes donnés du temps, du temps d’écoute et de parole, du temps d’amour et d’amitié, de respect, de partage, de réflexion et d’émerveillement.

Beaucoup de personnes aujourd’hui, par le seul fait que nous soyons plus de huit milliards de personnes et que nous puissions voyager et communiquer aisément, zappent vélocement leurs relations amoureuses ou amicales, estimant finalement que l’autre ne vaut plus grand chose et peut être changé à tout moment. Voir les réseaux sociaux et les « speed dating » des sites de rencontres par exemple.
La relation à l’autre dans notre monde d’aujourd’hui, obéit souvent à un rapport d’intérêt.
La quête de l’harmonie n’en est pas le moteur.
Il faut du temps pour façonner un lien harmonieux, mais le rompre peut être immédiat.
Nous pouvons parfois amèrement le regretter.
Souvent, quand vous êtes fidèle en amour ou en amitié, vous l’êtes en spiritualité ...

Au regard de la temporalité de l’humain, de sa durée de vie, le temps semble sur cette terre, malgré tout, œuvrer à faire de nous des êtres de passage par le seul fait de notre oxydation cellulaire.
Est-ce cette perception-là qui rend beaucoup de contemporains si peu profonds ?
Il y a dans cette attitude-là, manifestement, l’absence d’une vision métaphysique ou spirituelle de la nature humaine.

Bien que nous sachions que notre perception de l’univers est très limitée et que derrière la réalité se cache un monde fascinant, nous sommes assujettis à ce que le temps courbe notre dos et fasse un jour trembler nos jambes.
Ce temps-là nous montre le chemin du cimetière où reposent ceux qui s’en sont déjà allés.
Beaucoup de personnes ne voient que ce chemin-là !
Nous ne pouvons le leur reprocher.

Alors, il est permis de se poser des questions simples.
Où sont-elles toutes parties, ces milliards de personnes ayant déjà vécu sur terre ?
Plus de 107 milliards sont déjà passées sur cette planète.

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Ne sont-elles que poussière et âmes évaporées ?
Bien sûr, lorsque nous perdons un proche, nous mettons sur sa dépouille, du granit ou du marbre pseudo-éternels, des fleurs et des mots pseudo-éternels : l’incontournable phrase dépoétisante, « Nous ne t’oublierons jamais ! »
Dérisoire !

Nos morts, si tant est que l’on puisse les qualifier de « nôtres », nous ont-ils, quant à eux, déjà oublié ?

Sommes-nous, nous, vivants, condamnés à être oubliés par nos morts ?
Nous cherchent-ils dans l’univers ?
Font-ils des efforts pour maintenir le lien cosmique qui semblait tant nous unir ?
Les chercherons-nous nous-mêmes dans les étoiles à notre propre mort ou notre dessein cosmique est-il encore plus ambitieux ?

Est-ce une illusion que nous créons pour supporter l’impensable ?

La vie semble vouloir anesthésier en nous la part trop sensible ou trop consciente en nourrissant l’oubli. Avec le temps, nous baissons les bras devant le chagrin et retournons à la vie ordinaire loin de la souffrance existentielle, comme si nous n’avions pas le choix.
C’est un combat épuisant de ne pas accepter l’inacceptable.

Le chercheur spirituel accepte de sortir de ce combat en trouvant un sens à l’inacceptable.
Il n’en est pas moins sensible, bien au contraire.
Il transcende la douleur par le sens.

La majeure partie des gens parlent dans le silence du recueillement à la dimension vivante et passée de leurs morts. Ils parlent à l’abstraction qu’ils en ont faite.
Ils ne visualisent pas le corps de l’autre en putréfaction ou les os blanchis à deux mètres d’eux sous leurs pas, et s’ils y pensent, leur visualisation a des limites dans le réalisme, comme une soupape de sécurité.
Si de plus, les doctrines religieuses viennent à leur secours, alors la dépouille reste inerte et l’être devient une immatérialité vivante.

La réalité du cadavre sans vie est celle de l’observateur matérialiste et détaché.

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Et pourtant, le fantastique est déjà là, ne serait-ce que dans le présent de notre peine, la vivacité de notre mémoire et de nos larmes, le parfum des lys, la prière ou l’encens planté dans la terre qui brûle devant la tombe longtemps après notre départ.
Nous espérons toucher dans ces moments-là, le ciel qui nous entoure. Nous espérons que l’odeur subtile traversera la dalle et embaumera le caveau. Nous sentons le regard du défunt dans les feuilles qui bougent sous la douce brise, nos pas se font élégamment sonores pour l’ouïe psychique de la terre.
Oui, la vie continue pour le cœur qui sait voir les subtiles choses du monde.

Dans les yogas sutra de Patañjali पतञ्जलि, le 12e sutra du 4e chapitre, Kaivalya Pāda कैवल्य पाद,, nous dit ceci : " Atîtânâgatam svarûpato asty adhvabhedât-dharmânâm "
Atîta = passé Anâgatam = futur Svarûpatah = forme essentielle Asti = existe
Adhvabhedât dharmàânàâm = propriétés inhérentes du dharma

" Le passé et l’avenir existent sous leur propre forme par la différence des voies .
Passé, présent et futur ne sont pas contaminés ou amalgamés, ils ne sont ni mélangés, ni perdus. "

Sutra millénaire non démenti par l’approche de la relativité quantique qui va jusqu’à proposer la simultanéité de ces voies du temps dans des dimensions parallèles.
Nous avons bien souvent vu en métaphysique yoguique, lire conf « le Saut » art, comment l’esprit pouvait agir pour façonner sa ligne de vie et donc changer selon son intention, bien des événements.
Si bien des scientifiques confirment, toujours en accord avec les lois de la causalité et de l’entropie, que nous ne pouvons pas changer le passé, l’approche quantique voire yoguique laisse entendre d’autres possibles.
Tout reste ouvert. Tout reste possible.
Pour le yoga, tout évènement préexiste absolument dans le temps et l’espace.
La vision du yoga confirme que l’avenir devient le présent et le présent devient passé, mais un changement s’opère à tout instant, parce que nous avons la capacité de le changer.

Celui qui pratique cette fabuleuse science yoguique de l’éveil de la conscience par l’activation de l’énergie, peut avoir accès au secret du monde temporel.

Je ne veux pas parler ici de la dimension métaphysique de la nature humaine et de sa définition telle que le yoga la conçoit, en termes de subjectivité relative car temporelle et illusoire couvrant sa dimension objective intemporelle et absolue.
Tout le propos du yoga se trouve là et nous en avons très souvent parlé.

Je veux simplement nous remettre en situation de simple observateur de la nature en fonction de nos moyens actuels de prospection de cet univers.
Tout comme une prise de conscience intellectuelle métaphysique peut bouleverser votre conception de l’existence, de même, les évidences tangibles de l’observation scientifique du moment, d’autant plus si vous avez en toile de fond, un savoir millénaire sacré, peuvent être un amplificateur immédiat de la prise de conscience globale de votre être dans ce monde.
C’est là que les avancées technologiques vont nous aider.
L’astronomie, l’astrophysique et la cosmologie actuelles ont fait des bonds prodigieux avec les lancements dans l’espace des télescopes super-puissants.
Le dernier, Hubble conçu par la NASA avec une participation de l’Agence spatiale européenne, est opérationnel depuis 1990 et « désorbitable » en 2030-2040.

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Les données collectées par Hubble ont permis de mesurer le taux d’expansion de l’Univers, de confirmer la présence de trous noirs super-massifs au centre des galaxies spirales, l’existence de la matière noire et de l’énergie noire, ont mis en évidence des exo-planètes, des planètes solitaires, ne serait-ce que dans notre petite galaxie. (source wikipédia)

Au-delà du fait que nous cherchons toute trace de vie sur ces planètes, en cherchant bien sûr l’élément eau indispensable à son apparition telle que nous la connaissons, il en ressort que bon nombre de planètes ayant un ou deux soleils, voire aucun, sont plongées dans des conditions extrêmes allant des réactions permanentes d’un feu nucléaire au climat le plus aride et glacial dérivant dans le noir et le vide sidéral.
Bon nombre de planètes montrent un univers fait d’une réalité inauspicieuse pour notre fragilité humaine.

La place de notre terre à la bonne distance de son soleil et la présence d’eau en font une planète remarquable ayant permis à la vie de se développer sous des formes infinies.
Nous sommes dans cette manifestation, le fruit de cette chance inouïe.

Si toutes les lois de l’univers ne sont pas forcément favorables à l’homme, elles le sont sur cette planète. Le propos ici n’est pas de savoir si l’univers est juste matériel ou non et s’il est infini ou ayant eu un début et aura une fin.

« Lorsque nous voyons la sophistication de la vie dans la moindre cellule, comparable à une usine utlra-complexifiée, l’extrême improbabilité de son apparition dans cet univers gigantesque de planètes inertes donne d’autant plus de valeur à la vie même. »
(citation : Bolloré-Bonassies « Dieu, la science, les preuves » aux edts Trédaniel)

Et que faisons-nous pendant ce temps-là ?

Nous détruisons la planète, nous nous détruisons nous-mêmes par nos prétentions et guerres intestines.

Nous luttons dans nos vies pour payer le droit de vivre sur cette terre décemment, nous payons pour avoir un toit, nous nourrir, par les seules lois des hommes !
Mon dieu ! Que de stupidité, de dérision et d’auto-esclavage nous caractérisent !

L’univers entier a moyen de nous balayer en quelques secondes.

Nous sommes là malgré tout depuis des milliers d’années à construire des temples et à prier le soleil.

Notre temps humain est un temps relatif et pourtant nous avons du mal à relativiser nos importances.
Témoin conscient de nous-même, manquerions-nous de supra-conscience pour intégrer sans douleur et sans lutte notre temporalité physique ?
C’est ce que nous dit assurément le yoga.
Ne détournons jamais notre regard des étoiles…

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Hari om tat sat
Jaya Yogācāryaḥ

Remerciements à C. Pellorce pour sa correction

©Centre Jaya de Yoga Vedanta La Réunion

Messages

  • Merci Jaya pour cette réflexion qui ouvre de nouvelles portes…
    Le concept du temps est compliqué mais aussi passionnant car c’est une notion trés subjective, en effet déja Albert Einstein nous préparait et nous disait en substance : “une distinction entre passé présent futur n’est qu’une illusion obstinément persistante…” qui découlait de sa théorie de la relativité en démontrant que la simultanéité était relative donc que le moment présent universel n’existait pas… puis certains physiciens modernes troublés par un mystère : aucune analyse physique ne parvient à mettre en lumière la preuve du flux temporel ! et d’affirmer que l’impression du temps qui s’écoule inexorablement est une fausse impression ! enfin certains chercheurs qui soutiennent que nous ne pouvons isoler un moment présent particulier alors que chaque moment peut prétendre l’être donc que le passé, le présent et le futur doivent être également réels… ceci est en accord avec les yogas sutra de Pantanjali cités…
    Si “ l’avenir devient le présent et le présent devient le passé ” alors le futur devient le passé, autrement dit c’est se rire du temps ,Passé Présent et Futur fusionnant dans le déploiement de la supraconscience, union pulvérisant alors le principe du Karma car “ l’âme savait déjà dans un autre temps”( Jaya, le saut fev 2021)…
    Mais on peut encore ouvrir d’autres portes comme le soutiennent certains philosophes mystiques : si passé, présent et futur ne font qu’un alors ils se déroulent simultanément, cela signifierait qu’il serait peut-être possible de les remodeler, de les retoucher continuellement !…” tel un artiste qui reviendrait sans cesse sur son œuvre jusqu’à y enfanter le diamant de son être” ( daniel meurois, Vu d’en Haut) .
    Ce qui est passionnant dans la quête de l’Esprit c’est qu’elle est infinie et folle , de cette folie qui caractérise les chercheurs de l’absolu.

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