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Quand votre cerveau mijote !

Lorsque je m’installe à mon bureau et me prépare pour vous, à rédiger une nouvelle conférence, c’est la mise en voyage de mon esprit, afin de retisser inlassablement pour les pratiquants que vous êtes, ce fil magique de la réflexion fait de l’expérience et de la connaissance spirituelle.
Je vous invite ainsi, et pour certains depuis de longues années, à marcher à mes côtés, sur le fil du rasoir de l’exigence yoguique, mettant au défi nos inerties physiques et mentales.
Ainsi, la direction de ce cheminement est donnée par la nécessité, pour nous contemporains, de comprendre ce monde actuel afin que nous puissions y évoluer le plus intelligemment possible.
Nous optimisons ainsi nos facultés propres et nourrissons notre interaction avec le monde extérieur par l’éthique de la bienveillance.
Nous faisons ainsi le pont entre les traditions millénaires spirituelles - dont il nous faut savoir extraire les fondamentaux restés inchangés, car vérités universelles, des croyances et pratiques désuètes - et les nouveaux horizons porteurs d’innovations et de paradigmes inédits auxquels il nous faut ou faudra nous adapter.
Je vous invite à grandir, à rester clair et centré dans ce monde tumultueux.

Depuis plusieurs semaines, nous avons commencé l’étude des fonctionnements du cerveau en commençant par le sujet du stress cognitif et du rôle du préfrontal.

Nous allons ce soir parler de nos propres décisions et de la confiance que nous accordons aux autres et à nous-même.

4- Image de Thomas Meurer

Nos choix nous appartiennent et nous définissent.
Certains vont choisir de vivre une vie de sécurité et d’économie pour palier au futur, d’autres préfèrent la brûler dans l’instant présent.
Est-ce à dire que l’éternel credo spirituel « vivre dans l’instant présent » participe à cette deuxième option ?
Non bien sûr, car cet aphorisme est indissocié de l’état d’observateur, de la gestion optimale de nos outils par le lâcher-prise et de la relativité de notre condition mortelle.
Nous ne devons pas pour autant brûler notre capital humain, le but du yoga étant celui de la préservation à fin d’éveil.

Ainsi, nous pouvons vivre en prenant des risques ou ne jamais en prendre.
La voie spirituelle quant à elle est une grande prise de risque, puisqu’elle vous invite à vous dépasser et accepter la remise en question intellectuelle de vos certitudes.
Il faut être un aventurier, un audacieux pour suivre cette voie et accepter la mutation intérieure du processus transcendantal.
Nous ne pouvons le faire sans confiance.

Revenons à l’homme ordinaire. Il semblerait que sa personnalité soit plus définie par la somme des actions et des choix qu’il fait, que par ses réelles aptitudes.
Nous ne faisons pas toujours les choix en fonction de nos compétences car bien des facteurs entrent en jeu dans nos de prises décisions.
Nos décisions sont multiples dans une journée, une grande partie anodines.
Vais-je manger ceci ou cela ce soir ? Vais-je demain, rendre visite à un tel ou une telle ? Jean ou flanelle ce matin ? Qui décide ?
Notre machinerie mentale nous aide en partie à prendre nos décisions, soit par l’analyse et le raisonnement cartésien, soit par intuition ou par goût.

1- Image de Micha

Dans la plupart de nos décisions, il y a une part d’imprécision et le plus souvent, nous n’avons pas forcément la vision nette et précise des conséquences de ces choix.
L’histoire nous a montré quelques fois que même un gouvernement ou bien des hommes politiques ne peuvent anticiper totalement les conséquences de leurs choix, ce qui peut donner a posteriori le meilleur ou le pire.
Pour revenir au pantalon de flanelle du matin, nous avons finalement peu anticipé le café renversé maladroitement par votre collègue à la pause.

Imaginez alors, lorsque vous étiez jeune, du choix fait pour tel type d’étude ou pas, de l’aval ou non de vos parents, de vos départs loin d’eux ou pas. Cela incluait une idée floue des conséquences réelles immédiates ou futures, malgré des intentions et objectifs précis à atteindre.

Prendre des décisions, c’est essayer de lire dans l’avenir. Dans une certaine limite et la plupart du temps, nous arrivons quand même à réaliser nos intentions malgré les nombreux paramètres perturbateurs du monde extérieur.

Que se passe-t-il dans notre cerveau lorsque nous faisons des choix ?
« Le cerveau met en place une stratégie pour appréhender toutes les options possibles et les met en compétition pour voir laquelle est la plus performante.
Il tient compte des informations sensorielles que chaque option lui renvoie pour leur attribuer une valeur, un vote. Ces votes se cumulent sous forme de courants ioniques dans les neurones jusqu’à ce qu’ils atteignent un seuil où le cerveau estime qu’il a suffisamment d’éléments pour prendre une décision.
Se dessinent ainsi des circuits neurologiques qui coode rdonnent la prise de décision », nous dit Mariano Sigman, neuroscientifique et physicien argentin.

Par exemple, dans le cas d’un jeu simple et visuel où il faut au joueur décider dans quelle direction l’élément sur l’écran se dirige, les chercheurs ont mis en évidence un processus neurologique en trois étapes.

1er temps : la rétine envoie des informations au cortex visuel et donc à un certain groupe de neurones. Le courant des neurones reflète la quantité et la direction observées à chaque temps mais n’accumule pas un historique de cette observation.

2e temps : les neurones sensoriels sont connectés à des neurones du cortex pariétal, qui sait faire l’historique. Des circuits neuronaux du cortex pariétal établissent des codes sur la façon dont, au cours de la prise de décision, la tendance naturelle à chaque action possible évolue dans le temps.

3e temps : plus les informations augmentent sur une option, plus les neurones du cortex pariétal codifiant cette option augmentent leur activité électrique. Lorsque cette activité arrive à un certain seuil, un circuit de neurones situés dans les ganglions de la base, structures sous-corticales, déclenche l’action correspondante et lance le processus pour faire place à la prise de décision.

Bien sûr, cela se réalisant à grande vitesse.
L’influx nerveux se propage le long des neurones à une vitesse comprise entre 1 et 100 m/seconde, et notamment aux alentours de 50m/s pour les nerfs des membres.

3- image de Gerd Altmann

Dans un tel exemple, la prise de décision est rapide et simple. Mais nous sommes dans l’existence, confrontés à faire des prises de décisions bien plus complexes et délicates.
N’en parlons pas lorsqu‘il s’agit de choix de vie fondamentaux tels un choix amoureux, un départ, un changement de profession, des investissements, un voyage, etc.
Ce que nous devons noter malgré tout, c’est l’action des dimensions sensorielles, voire émotionnelles et de leurs effets physiologiques qui peuvent intervenir dans une prise de décision apparemment uniquement intellectuelle.

Dans la prise de décision, interviennent des aspects fondamentaux tels :
 la clarté ou l’évidence des informations et le temps pris à décider,
 les effets de nos connaissances ou préjugés sur notre choix,
 le moment quand cela se décide véritablement.

Bien sûr, plus les informations sont incomplètes, plus sera lente notre prise de décision. Elle sera lente d’autant plus si le choix est délicat, impliquant et décisif, sans visibilité des conséquences

Mariano Sigman dit qu’à ce moment-là, « le cerveau mijote ».
Si nous revenons à l’exemple du jeu vidéo simple, si les informations sont incomplètes pour décider de la direction, alors les réactions neuronales entre les codages du pariétal et le seuil atteint, dont nous avons parlé précédemment, sont plus lentes à obtenir.
Si le cerveau mijote trop, il va lui falloir estimer un moment où il lui faut arrêter de tourner en rond ou d’hésiter sur le choix à prendre.
Il lui faut atteindre le seuil pour déclencher la décision.
Il estime donc à ce moment-là le rapport entre une éventuelle erreur, le temps disponible pour la prise de décision et l’optimisation du gain qu’apportera le choix.
Si l’erreur est préjudiciable, il prendra plus de temps en rehaussant le seuil de décision pour obtenir plus d’informations ou d’indices.
Si la décision ne met pas grand chose en jeu, il répondra le plus vite possible.
Dans ce cas-là, les neuroscientifiques ont estimé finalement, que bien que le cerveau semble moins conscient lorsqu’il décide de façon immédiate et intuitive, il est bien plus performant et optimal qu’on pourrait le supposer.
Ainsi donc, dans une prise décision, plusieurs aspects entrent en jeu ;
 l’intérêt de l’action,
 le temps investi à la décision,
 l’information sensorielle,
 la nécessité intérieure plus ou moins anxiogène à décider.

Dans le cas d’un danger immédiat tel un éventuel accident de la route, le nombre de paramètres pris en compte par le cerveau pour estimer le danger et la nécessité de freiner est considérable et ce dernier n’est pas conscient de ce calcul.
Son système de surveillance a pris le contrôle et il doit freiner au bon moment.
Le conducteur en sait beaucoup plus qu’il ne le croit à ce moment-là.

Par contre, lors de nos longues élucubrations mentales et conscientes où nous devons réfléchir pour prendre une décision finale, les neuroscientifiques vous diront que le seuil atteint par le cerveau pour sa prise de décision est beaucoup moins efficace.

2- Image de Arek Soccha

Paradoxal, n’est-ce pas !

Combien de fois avons nous perdu du temps dans des hésitations inutiles alors que nous aurions pu trancher intuitivement et qu’au fond de nous, nous avions déjà la réponse.

Mais nous ne nous faisons pas assez confiance !

Vous, pratiquants yoguiques, à force d’heures de silence, de méditation, de maitrise du souffle, d’observation de vos états intérieurs, du développement optimal de vos facultés dormantes, avez la chance d’avoir développé une intuition supérieure à la normale.
Votre problème est, non seulement votre manque de confiance envers vous-même et ceux qui le méritent, mais vous n’avez pour certains d’entre-vous, même pas conscience de la faculté de ce outil puissant en vous qu’est l’intuition.
Il ne s’agit pas dès à présent de tout décider de façon impulsive bien sûr, mais d’observer davantage en vous, les perceptions sensorielles, émotionnelles, la voix intérieure et décrypter ce que votre cerveau a déjà mis en place, ce que votre cœur a ressenti, avant les élucubrations de votre mental.
Rappelez-vous, votre âme sait ce que l’esprit ne sait pas.
Hari Om tat sat
Jaya yogācāryaḥ

Bibliographie :
 « La vie secrète de l’esprit » de Mariano Sigman aux éditions Odile Jacob
 Adaptation et commentaire de Jaya yogācāryaḥ

©Centre Jaya de Yoga Vedanta La Réunion & métropole

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