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Qu’est-ce que le Tanstrime ?




Qu’est-ce que le tantrisme ?

Conférence donnée par Jaya Yogacharya en cours de méditation le 06/05/2005

Nous avons vu ensemble, il y a quelques temps, une vidéo d’Arnaud Desjardins concernant le tantrisme tibétain.
De grands auteurs et érudits, des indianistes ont souvent tenté de présenter cette connaissance fort ésotérique à l’occident. Ce qu’il en est souvent ressorti tourne autour de pratiques mal connues, déformées, avec des orientations tendancieuses, qui aujourd’hui sont très à la mode. Même en Inde, à certaines époques, cette connaissance spirituelle a suscité des réticences.

tantrika du bengale

Pourtant, elle relève de la grande tradition du yoga et vise à la transformation intégrale de l’être humain. Le mot « yoga », comme vous le savez probablement déjà, est issu de la racine « yug » et exprime le concept d’union, et plus encore, d’union indissoluble qui repose sur l’identification expérimentée entre l’âme individuelle et l’âme cosmique. Mais pour atteindre cet état de grâce, le chemin reste à faire et implique un travail de très longue haleine, de contrôle et de maîtrise du corps, des sens et du psychisme.

Bien que l’on présente souvent le yoga par ses différentes voies (Jnana, bhakti, karma, Raja..) le yoga reste "un" et toutes ces voies sont intimement interdépendantes.
Le Tantra yoga n’échappe pas à cette règle.
La forme classique de référence étant cependant le "Raja yoga" de Patanjali qui, avec la pratique du "Hatha-yoga", apparaissent comme les voies de l’ascèse sans concession. C’est la voie de la recherche du Brahman, reconnu par l’orthodoxie brahmanique.

Le yoga tantrique, quant à lui, est cependant plus difficile à cerner quant à ses origines.
Il est en fait un ensemble de pratiques, qui, loin de se substituer au yoga traditionnel de l’étude rigoureuse des fonctionnements de la pensée, apporte une conception très énergétique de l’être humain.

Le tantrisme est avant tout le culte de la Shakti.

Il est donc une discipline issue de la tradition yoguique, avec tous les mêmes supports iconographiques, symboliques déjà connus du yoga, auquel il rajoutera d’ailleurs ses propres codes.

Mais surtout, il pose le postulat de l’acceptation la plus entière de nos désirs et de nos sentiments ainsi que des situations que nous rencontrons en tant qu’êtres humains.
Les voies spirituelles telles que le yoga de Patanjali, le Védanta de Shankara, et bien d’autres, postulent au renoncement, au détachement, voies de l’ascétisme qui permettent à l’individu de se libérer des servitudes de l’existence, afin de retrouver cette union avec la source de l’univers.

Le Tantrisme revendique le même but, mais pas le même chemin.

Il s’attache à construire un pont entre la réalité intérieure et le monde physique.

Pour un Tantrika, l’organique ne contredit pas le spirituel. Son but n’est pas de réaliser l’inconnu, mais de réaliser le connu.
On retrouve bien là ce qui sous-tend la pratique du Hatha-yoga.


Tantra est un mot sanskrit dérivé de la racine « Tan » qui évoque l’expansion. Il signifie donc la connaissance d’une méthode expérimentale systématique et scientifique, permettant une expansion de la conscience et des facultés humaines, afin de réaliser les pouvoirs spirituels.

Il existe une relation entre les Tantras et les Védas.
Certains textes tantriques se fondent d’ailleurs sur les pratiques védiques.
Agamas, Nigamas, tous les textes tantriques revendiquent l’inspiration divine de leur origine.
Dans le yoga tantrique, on va trouver quatre grands modes sur lesquels se fondent les pratiques.

  • Le premier, le plus accessible à tous et relevant du ritualisme est le mantra yoga.

  • Ensuite vient le Hatha-yoga comme étant une voie plus difficile, réputée rapide, intense voire violente. Les anciens textes nous disent à ce propos ; "De même que la force est utilisée pour ouvrir un vantail avec une clé, de même par le hatha-yoga, le yoguin ouvre de force la porte de la libération au moyen de la kundalini".
    Même si le yoguin travaille avec acharnement ses articulations et son souffle, il n’oublie pas son but qui en réalité n’a rien de physique. Ni la posture de lotus, Padmasana, ni Nasikagra Dristhi Mudra, la fixation du bout du nez, ne constituent le yoga.
    Seule l’identité de l’âme individuelle avec l’âme cosmique, Jivatman avec Paramatman constitue le yoga.

  • Vient ensuite, dans la tradition tantrique, le Laya-yoga ; cette expression évoque le concept de dissolution dans le non-manifesté. C’est une forme en fait très proche du kundalini-yoga, qui suppose la connaissance des chakras.

  • Vient ensuite le Raja-yoga, mais c’est la forme du Raja-yoga de Patanjali revu et corrigé qui introduit des pratiques supplémentaires basées sur l’extase.

 Beaucoup d’écoles au cours des âges ont eu tendance à mélanger les genres. Quand de nos jours, nous entendons parler communément du Tantra-yoga, nous lui attribuons pour les rituels d’extase les pratiques des rites sexuels. Or cela est restrictif.

Dakshina marga et Vama marga

En ce qui concerne les écoles tantriques, nous allons trouver les voies de la main droite Dakshina marga, et celle de la main gauche Vama marga.
Dans la plupart des traditions spirituelles orientales, un sens favorable s’attache au côté droit tandis que la gauche est tenue pour maléfique.
En Inde, on se tourne le plus souvent vers l’Est pour les pratiques spirituelles. Le Nord se trouve alors à gauche et le sud à droite.
Or le Nord est favorable et lumineux, il correspond à la voie des Dieux.

Le sud correspond à la direction des sacrifices aux ancêtres, à l’invocation des forces maléfiques et de destruction, mais aussi aux grandes pratiques de l’Atharva véda.

Dans l’école tantrique, lorsqu’il y a des rites secrets, on dira que si la femme s’assoit à droite de l’homme, on aura à faire à la main droite (Dakshina marga) et cette position implique qu’il n’y aura pas d’union sexuelle.
Au contraire, si elle doit avoir lieu, la femme se place à gauche de l’homme. Ce qui est, dans l’iconographie, la position de Parvati par rapport à Shiva.

Parvati et Siva

Dans l’univers tantrique Hindou, la distinction gauche-droite coïncide avec l’union ou la non-union de l’homme et de la femme.

On retrouve ce concept également dans la représentation androgyne de Siva que l’on appelle Ardhanarishwara, dont la moitié droite est masculine tandis que la gauche est féminine.

La caractéristique du tantrisme reposant sur le culte de l’énergie pure, dans Vama marga, la Shakti apparaît comme l’ingrédient principal du rite.

L’étreinte sexuelle est précédée des quatre autres centres de consommations que l’on appelle les Panchamakara (vin, viande, poissons, céréales grillées et union sexuelle.

Les adeptes de la main droite sont ;

    • soit attachés aux interdits de leur caste et refusent ce rituel ;
    • soit ils intègrent ce rituel dans les cérémonies en usant de substitutifs inoffensifs (lait, gingembre, sésame, ail, plantes) et remplacent le contact sexuel par la méditation de Siva et de Shakti, ou de Vishnu et de Shakti, sur le Sahasrara Chakra.
    • soit, ils accomplissent entièrement un rituel intériorisé et sublimé, sur les éléments terre, eau, feu, air, et les 5 prânas. On se retrouve alors dans le climat du yoga traditionnel mais avec un rituel beaucoup plus complexe.


      La main droite, s’apparente donc à la pratique qui exalte la vertu, la discipline, qui conserve les cultes et la tradition, parfois souple dans ses pratiques mais inflexible dans ses principes.

      C’est la voie de Sri Sri Sri Satchidananda yogiqui pratique le rituel de la Shakti Lalita Tripurasundari, rituel de la déesse très complexe qu’il honore depuis si longtemps et auxquels certains ont participé lors de ses pujas.

sri yantra

La voie gauche est toute autre.


Elle peut elle-même se diviser en deux orientations dans sa quête du détachement absolu au dogme. Soit elle est ascétique et solitaire (yogis et yoginis se retirent pendant de longues périodes dans des ermitages, ce que vous avez pu voir dans le film de A.desjardins), soit elle est la voie de la destruction (alcool, érotisme, drogue, incivilités) qui ont appartenu à certaines sectes yoguiques extrêmes.

C’est cette tendance qui a valu au Tantra sa mauvaise réputation.

Dans la tradition Hindoue, tout ce qui est remède est en même temps poison et inversement.
Ce qui peut noyer la plupart des hommes ordinaires peut se révéler hautement bénéfique pour quelques-uns. C’est l’art de la transformation du venin en nectar d’immortalité réservé aux plus audacieux
.

Les textes tantriques quant à eux, sont groupés en trois sections selon la divinité protectrice de chacun.

Nous trouverons :

  • les Saiva Agama pour le culte de Siva
  • les Vaishnava Agama pour Vishnu
  • les Shakta Agama pour le culte de Shakti
    sans compter les autres textes bouddhistes tibétains. On trouvera plus d’adeptes de la main gauche dans le culte de Shakti.

les supports

Toutes ces pratiques vont reposer sur des supports lors des nombreux rituels qui sous-tendent l’art indien en général. C’est là un vaste sujet où formes, sons, diagrammes constituent une expression artistique à part entière. Toutefois la plupart des images tantriques Yantras, Mandalas n’ont pour but que de souligner les analogies entre les individus et le cosmos et les énergies vitales qui le gouvernent.

La représentation imagée dégage alors une vibration méditative, lorsqu’elle n’est pas elle-même issue de la méditation.

Une fois révélée et acceptée par les sages en contemplation, elle conserve leur sens à travers les siècles. Elle devient intemporelle et aujourd’hui même, dans nos codes graphiques contemporains, elles sont nombreuses et toujours d’actualité.


L’iconographique tantrique peut-être répartie en quatre catégories :

    1. Les formes et diagrammes psycho-cosmiques que sont les yantras et les mandalas.
    2. Les représentations visuelles du corps subtils et de ses éléments constituants (nadis, chakras).
    3. Les calculs astronomiques et astrologiques.
    4. les images représentant les divinités, les saints, les asanas ou accessoires de rituel.

En fait, il y a des images abstraites et figuratives et les réactions qu’elles provoquent, à savoir Sattviques (sereines et sublimes), Rajasiques (dynamiques) et Tamasiques (terrifiantes).


Nous terminons à titre d’exemple, par le symbole de Trikona, le triangle.
Le triangle représente les trois mondes de la Gayatri (Bhur la terre, Bhuvah le ciel, Svah l’espace). Il peut représenter également les 3 gunas (neutre, positif et négatif). Il représente toute triplicité.

gayatri yantra

Le triangle dans le culte de la Shakti, lorsqu’il pointe vers le bas représente le principe féminin de la nature. Vers le haut, il s’identifie au principe masculin du Purusha.
Lorsque les deux triangles s’imbriquent en un pentagone, hexagone ou autre, les pointes ou sommets représentent alors des principes qui lors de la contemplation permettront à l’adepte de tendre vers un modèle subtil et parfait.

C’est là un des innombrables supports que propose le tantrisme à la contemplation.

Jaya yogacharya

bibliographie :

  • "la voie du tantra" de Ajit Mookerjee et Madhu Khanna : edit du seuil
  • "Tantra " de Chogyma Trungpa :edit du seuil
  • "Tantrisme" de Pierre Feuga : edit Dangles
  • " Tantra et Yoga" de Jean Papin : edit Dervy livres
  • Kundalini tantra" de Swami Satyananda Saraswati : edit Swam
  • adaptation et commentaire par Jaya yogacharya.

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