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Pratique, Etude et Lâcher prise




La Sadhana selon Patanjali

Conférence donnée par Jaya yogacharya en cours de méditation le 9/04/ 2006

 Nous avons parlé la dernière fois du mysticisme intrinsèque du corps et la nécessité de devenir son meilleur ami. Nous allons voir quelles sont les argumentations du sage Patanjali (voir Patanjali), en ce qui concerne la Sadhana, c’est à dire la pratique spirituelle.

Le sage nous dit ceci ;

« Tapas, Swadhyaya, Ishwarapranidhanah constituent le Kriya Yoga »

Nous allons passer en revue ces trois points, à commencer par Tapas.


Tapas

 1) Habituellement, Tapas est traduit par « austérité », ce qui sous-entend l’austérité de la pratique physique. Mais Tapas signifie surtout brûler, ce qui produit de la chaleur, ce qui sous-entend un acte de combustion. Tapas ne concerne donc pas uniquement la sadhana physique mais concerne aussi l’être intérieur et la personnalité intime.
C’est donc une action de combustion visant l’auto-purification.
Dans la tradition yoguique, on s’attèle à « brûler le Karma » en travaillant sur Chitta, la substance mentale inconsciente, afin d’y déraciner les Samskaras que sont les impressions latentes (voir samskaras).

« Tapas » revient à brûler les imperfections du mental et choquer le corps pour le débarasser de ses inerties. On brûlera ainsi les imperfections des plans physiques ainsi que les samskaras (les mauvaises habitudes sur les plans psychiques), par les techniques de pranayama, les asanas du hatha Yoga, les mudras, les bandhas, les techniques de dharana (la concentration) ainsi que celles du bramacharya, le contrôle des sens.

Swadhyaya

 2) Swadhyaya signifie littéralement « l’analyse de soi-même ». Swadhyaya est souvent traduit par « l’étude des textes sacrés ». Dans la voie du yoga, l’étude des textes sacrés ou des grandes écritures philosophiques ne peut être séparée de la sadhana physique et de l’analyse psychologique. De même que vous étudiez minutieusement votre peau, vos boutons ou vos dents dans le miroir, de même swadhyaya est l’étude détaillée de toute votre être, physique, psychique, émotionnel et spirituel.

C’est cela la connaissance de soi ! C’est l’impact direct de la vision de votre conscience. L’étude de soi ne peut donc se réduire à l’étude intellectuelle des textes ou à la répétition des mantras ou des aphorismes. Elle nécessite surtout le développement d’une perception subtile et de l’analyse qui sont alors associées à la pratique physique, par le biais des techniques spirituelles.


Les deux supports d’étude qui sous-tendent la pratique du yoga sont les philosophies du Samkhya (voir samkhya système dualiste) et du Védanta, (système non dualiste voir vedanta).

Ishwarapranidhanah

 3) Ishwarapranidhanah signifie « l’abandon à ce qui est supérieur ».
Dieu, le Divin, le Soleil, le grand Architecte, etc. vous y mettez ce que vous voulez ! Ishwarapranidhanah sous-entend de préférence, « mettre complètement en place sa conscience dans une perception intime et la faire fusionner avec le subtil. Ishwara littéralement est souvent traduit en tant qu’esprit supérieur pensant. En fait, ce n’est pas quelque chose d’extérieur à vous qu’il vous faut atteindre mais la conscience profonde qui se trouve en chacun de nous.

«  Kriya yoga » signifie « yoga pratique » ; c’est le yoga englobant les pratiques du Hatha yoga, du Pranayama, du mantra yoga, du kundalini yoga, du Raja yoga. Ceci implique des actes d’auto-purification, d’auto-analyse et de développement de la prise de conscience de soi. Ces 3 démarches constituent le kriya yoga.


Patanjali pose ensuite la question


Pourquoi la discipline ?

Il nous dit ceci : On doit pratiquer le yoga dans le but de développer le Samadhi et réduire les kleshas (les afflictions). Le but n’est pas ici de développer ce qu’est le Samadhi, car il représente un vaste sujet à lui seul . S’il fallait le résumer, on parlerait de lui en tant que réalisation finale, dissolution, état extatique (voir samadhi).

A votre niveau de Sadhana, c’est surtout le 2e terme qui nous intéresse, à savoir les kleshas.

les kleshas

« Kleshas » signifie afflictions, causes de la souffrance. Le yoga doit donc être pratiqué pour réduire graduellement les causes de ces afflictions. En éliminant les Kleshas, l’état de fusion peut-être atteint. Il y a cinq kleshas répertoriées par Patanjali.


  • AVIDYA l’ignorance
  • ASMITA le sentiment du Je
  • RAGA le désir
  • DVESHA le rejet
  • ABHINIVESHA la peur de la mort


Ces kleshas ont le plus souvent leurs racines dans le passé lointain. Le Klesha est une souffrance qui se trouve à l’intérieur de notre être. Tout le monde ressent des douleurs subconscientes mais nos activités journalières et superficielles nous les rendent inconscientes. Pourrions-nous d’ailleurs supporter la vision permanente ou directe de la douleur ?
Il nous faut comprendre un principe très important.
L’homme extérieur est différent de l’homme intérieur, les deux ne disent pas la même chose.

Les mouvements de l’homme extérieur et de l’homme intérieur vont dans des directions opposées. L’aspirant en yoga doit apprendre à connaître la psychologie des profondeurs qui nous enseigne que le bonheur n’est pas une chose superficielle.

La vie intérieure peut-être différente de la vie extérieure, aussi ne pouvons nous pas juger d’après la vie extérieure.
Un homme riche et cultivé, heureux aux yeux des autres, peut-être extrêmement malheureux en lui-même, et le cas inverse.


Quant à la peur de la mort, ABHINIVESHAH, elle dort au plus profond du subconscient. La simple crainte lorsqu’on va subir une opération, c’est abhiniveshah. C’est une action réflexe, de la même manière que l’on s’écarte à l’arrivée d’un camion. La peur de la mort est là, à la racine. Aussi les kleshas ne se situent pas simplement au niveau de la douleur mais aussi au niveau de la conduite. L’instinct qui pousse à éviter les conditions déplaisantes de la vie est une des pulsions des kleshas. S’il fait chaud, on met un ventilateur, s’il fait froid, on met un manteau. Ce n’est pas la faute de l’hiver mais nous voulons chercher à éviter la souffrance qu’engendre l’hiver.

AVIDYA, l’ignorance, est celle des causes qui animent en arrière plan nos actions. Elle est la source d’ASMITA (le Je), mais aussi de RAGA, de DVESHA et d’ABHINIVESHA.

AVIDYA, l’ignorance est donc la cause des quatre autres kleshas.
Les Kleshas peuvent être exprimées sous formes de trois états :

  1. ils peuvent être latents et enfouis, on ne peut les apercevoir ;
  2. ils peuvent être éparpillés et osciller épisodiquement ;
  3. ils peuvent s’exprimer pleinement.

Nous les observons ainsi chez bon nombre de gens comme chez nous-même. Nous en sommes rarement libérés et ils ressurgissent souvent insidieusement ou brutalement au moindre déséquilibre dans notre vie. Lorsqu’ils s’expriment pleinement, ils peuvent alors nous enfermer dans des pathologies ou comportements aux conséquences regrettables. Certains grands yogis arrivent peu à peu à s’en débarrasser.

La réalisation de Soi n’est pas possible sans leur disparition.

Avidya est donc le père d’Asmita. Asmita naît d’Avidya, Asmita donne Raga et ainsi de suite. Si l’on peut maîtriser Avidya, il est plus facile de maîtriser les autres kleshas.
Le processus qui consiste à déraciner Avidya doit commencer au bout de la chaîne par un processus d’involution. Nous devons travailler sur la peur de la mort puis travailler sur le rejet, le désir, le Je, l’égo pour enfin se libérer d’Avidya, afin de pouvoir faire l’expérience de Vidya, l’illumination ou du moins la disparition de l’ignorance.
voir les 25 voiles de l’illusion


La conscience est pure et éternelle alors que la base est non éternelle et souffrante.
A un stade individuel, l’ignorance est Avidya.
A un stade cosmique et Védantique, on l’appellera Maya.

Maya est donc la grande illusion qui recouvre la perception du Brahman, à savoir cet absolu sans forme ni nom, inqualifié. Seule la méditation profonde peut nous permettre de voir le réel tel qu’il est, en ayant la vision juste du corps, mais aussi celle de la conscience. Apprendre à voir ce que sont tous nos attachements et nos justifications, apprendre à voir ce que sont les kleshas, sources des souffrances que nous causons à nous-mêmes et aux autres, c’est mettre sa conscience bien en place dans une perception subtile et élevée.


hari om tat sat
Jaya yogacharya

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