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Le Darshan, vision profonde et point de vue philosophique

Le Darshan, vision profonde et point de vue philosophique.




Conférence donnée par Jaya Yogacharya en cours de méditation le 2 mai 2007




Si nous sommes réunis ce soir en méditation, c’est que le yoga ne se limite pas à la pratique physique, il va bien au-delà. Peu de personnes d’ailleurs ont accès à ce yoga qui va au-delà des plans physiques, car c’est une science qui nécessite d’allier une réflexion profonde à la discipline personnelle.

On dit que le yoga contient la promesse d’une bénédiction !
Pour avancer sur cette voie dite « du rasoir », il faut commencer par développer les qualités qui constituent la base de la maîtrise de soi. Véracité, courage et bonne humeur.
Il est dit que la maîtrise de soi est le meilleur des vœux.

Le contrôle de la langue, de la parole, l’absence de ruse, de haine, la bienveillance, la franchise, la fermeté constituent la maîtrise de soi. Plus le contrôle de soi s’accroît, plus l’énergie augmente. Nous serons toujours de toute façon dans des situations où des individus nous poseront des problèmes. Autrement dit, il vaut mieux commencer par se maîtriser.

Si vous êtes aspirant au yoga, c’est que vous aspirez à quelque chose. Vous aspirez à la santé, à l’équilibre physique et mental.

Le yoga demande beaucoup de foi et de courage pour persévérer et pouvoir recevoir cet enseignement millénaire.
Celui qui veut faire honneur à la race humaine a le devoir de s’appliquer à développer tout ce qu’il y a de supérieur en lui.

Mais on ne saute pas à pieds joints dans la pratique. Il faut d’abord se libérer de l’égo. Se libérer de cela est bien plus difficile que de maîtriser des techniques respiratoires ou des postures. Nous aurons toujours dans la pratique des difficultés, même trente ans après, qu’elles soient physiques ou mentales.
Pour les débutants, les difficultés commencent surtout par les idées préconçues qu’ils peuvent avoir sur la pratique spirituelle. En général, nous entretenons en nous des vieilles idées qui reçoivent un démenti frappant lors de la pratique spirituelle. Parfois la pratique peut provoquer des remous difficilement conciliables avec la vie ordinaire.
Le yoga et le Védanta ont pour but d’ouvrir les yeux et la conscience afin de vous permettre de voir la réalité telle qu’elle est et non telle que vous voudriez qu’elle soit.

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Or, beaucoup de néophytes ne sont pas prêts à ouvrir les yeux. L’égo tient à ses vieilles pensées, ses vieux concepts, ses vieilles habitudes, ses mécanismes qui lui ont permis de se forger une personnalité. Si vous restez attaché à vos vieilles conceptions dans la pratique spirituelle, cela risque d’émousser votre démarche. C’est pour cela qu’il vous faut être vigilant pour rester neuf et jeune d’esprit, et ne jamais penser ni travailler avec habitude et automatisme. Il vous faut maintenir l’effort et rester ouvert. La pratique spirituelle nécessite d’appliquer deux grands principes Abhyasa et Vairagya, à savoir, pratique ininterrompue et lâcher-prise. C’est avec l’effort qu’un chercheur trouve, avec l’effort qu’un artiste devient un virtuose, avec l’effort que l’on peut atteindre ses idéaux. La pratique du yoga a pour but d’augmenter votre endurance et vos temps de concentration et de méditation.

Un petit effort dans la pratique apporte des résultats illimités. Le succès est assuré à celui qui sacrifie un peu.

Pensez à tous ces efforts que vous faites dans une journée et qui ne sont pas pour vous.

Plus vous maîtriserez le Prâna, plus vous aurez une compréhension profonde des textes sacrés. Plus vous développerez la capacité d’intériorité, plus vous rayonnerez à l’extérieur. Plus vous serez centré, plus vous serez à même d’aider les autres. Votre devoir est de vous éveiller en développant votre disponibilité intérieure. Et cela ne peut être atteint par les faibles. Cela ne peut se pratiquer qu’avec joie.


Le nom de Yoga sert en général à distinguer d’une part les techniques d’ascèses et d’autre part la pratique de la méditation.

Le Yoga de Pantajali est considéré comme étant le yoga classique de référence bien qu’il n’incorpore pas les yogas non brahmaniques que sont les yogas tantriques, bouddhistes, jaïns et autres.

Le yoga obéit à deux aspects bien précis ; d’une part son aspect pratique et d’autre part sa structure initiatique.

On n’apprend pas le yoga tout seul.

Un maître spirituel, un guide, est nécessaire pour que la transformation de l’être se fasse. Il faut que l’esprit soit éclairé par le Darshan. En Inde, Darshan signifie "vision profonde, vision, mais aussi point de vue". Il concerne donc deux aspects : les points de vue philosophiques issus de l’expérience humaine et qui ont pour but de permettre à l’homme de se débarrasser de la souffrance par l’étude et le raisonnement, et d’autre part, le Darshan qui est la vision profonde apportée par l’expérience initiatique.

Des grands mouvements mystiques et courants de pensées de la tradition Indienne sont parvenus les six grands Darshans ou points de vue philosophiques.


*1)le Purva mimansa de Jaïmini rishi, système philosophique basé sur la notion du bien et du mal et les rites d’invocation et d’apaisement des dieux.

*2)L’uttara Mimansa (ou Advaïta Védanta, le pur Védanta) de Maharishi Vyasa, système non dualiste qui postule que la réalité absolue, Brahman est non qualifiée et que tout ce qui appartient au monde manifesté n’est que sa projection.

*3)Le Samkhya de Kapila Rishi, est quant à lui un système dualiste où la matière (Prakriti) et l’esprit (Purusha) sont séparés. C’est de leur interaction que naît la nature manifestée et les trois Gunas, à savoir Satva, la pureté, Rajas, l’action et Tamas, l’inertie.

*4)Le Yoga de Patanjali est quant à lui un système pratique de concentration du mental qui affirme que le mental humain crée les illusions. Il est l’écho du Védanta. Il ne représente pas toutefois tous les autres yogas répertoriés.

*5)Vaisheshika de kanada rishi est un système matérialiste et scientifique qui postulait le principe de l’insécabilité de l’atome. Très en avance à l’époque, il est dépassé de nos jours par la physique quantique.

*6)Nyaya de Gautama rishi est quant à lui un système qui se rapprocherait le plus du système Judéo-chrétien qui postule que c’est Dieu qui créa l’homme.


De ces six Darshans, trois sont d’une importance capitale pour nous, à savoir le Védanta, le Samkhya et le yoga. Les trois sont interdépendants.

Ces points de vues philosophiques remontent jusqu’aux temps védiques d’où sont issus les Védas, textes sacrés par excellence datant de plus de 2000 ans av JC. Ces textes ont été écrits dans des états intuitifs par des sages en contemplation.


Il y a 4 Védas
*1)Le Rig Veda qui traite des problèmes de la nature

*2)Le Sama Veda qui concerne les arts et la science des mantras

*3)Le Yajur veda qui concerne les rites et les cultes

*4)L’Atharva Veda qui traite de la magie et de l’Ayurveda

Chaque Véda est lui-même divisé en quatre parties :

**Les Mantras que sont les hymnes à la gloire du divin.
**Les Samhitas qui concernent l’art de la prononciation des mantras.
**Les Brahmanas qui sont des textes mystiques expliquant les aspects psychologiques des rites et cultes.
**Les Upanishads qui concentrent l’essence de chacun des Védas, comme un nectar philosophique.


L’ensemble de la connaissance des Upanishads s’appelle le Védanta.

Védanta signifie donc « la fin DES connaissances », ce qui veut dire du point de vue spirituel, « le début de LA connaissance ».

La pensée Védantique est donc une invitation à la réflexion profonde sur les lois de l’univers et de ses aspects constamment changeants. Face à cette impermanence, le Védanta postule pour quelque chose de stable,d’ immuable, sans qualité, non affecté par le Karma, à savoir l’action.
Cette réalité absolue, c’est le Brahman.
Sans noms, sans formes, sans qualité, seul Brahman est réel, le monde phénoménal étant quant à lui irréel.

Pour le mental humain, ce postulat est difficile à concevoir. Le mental humain étant limité à ses attachements et fausses identifications, il lui est impossible de percevoir cette réalité absolue. Le védanta va utiliser la logique du raisonnement pour amener le discernement afin que l’être humain puisse séparer le permanent de l’impermanent, le réel de l’irréel, l’essentiel de l’inutile. Viveka est ce grand pouvoir du discernement védantique qui est représenté par le symbole du cygne Hamsa, qui en buvant sépare l’eau du lait.

Pourquoi discerner ?
La réalité absolue du Védanta est donc omnisciente, omniprésente, illimitée. Le mental humain quant à lui est sujet à limitation. Il appréhende le monde par ses organes des sens et par son intelligence pour les analyser, mais il est limité par le temps et l’espace. Les sages affirment que l’âme individuelle est voilée par les illusions du corps et du mental et que les souffrances de l’homme viennent de son identification erronée à ses agents limitants (les Upadhis). Ses misères, ses peines, ses souffrances, ses naissances, ses joies et ses morts viennent de ces identifications erronées.


L’homme est constitué de plans allant des plans grossiers aux plans subtils, mais il s’identifie le plus souvent aux plans grossiers par ignorance de ses plans plus subtils. Avidya est cette ignorance de l’homme, de la non-connaissance de sa véritable nature. Avidya est la non-connaissance de la réalité absolue. L’homme vaut beaucoup plus qu’il ne l’imagine. Son mental a besoin d’être éclairé par le Darshan, la vision spirituelle.

Avidya est donc cet état d’ignorance qui doit être transcendé, selon le Védanta. Tant que l’homme sera pris dans les engrenages du monde manifesté, il souffrira de ses derniers et sa conscience sera obscurcie.
Une célèbre analogie Védantique illustre cet état d’avidya.

« Un homme marche à la tombée de la nuit. Soudain il semble voir sur le sol un serpent. Pris de panique, il éprouve les affres de la peur tant physiquement que mentalement. Il est envahi par la vision du serpent. Il avance cependant et s’aperçoit à la lueur du réverbère que ce n’est qu’une simple corde. C’est alors l’illumination induite par la vision de l’objet réel. Cependant ses sens l’ont induit en erreur. Avidya, l’ignorance, est cette vision erronée du monde.

Le yoga et la méditation ont pour but d’éclairer notre conscience pour apprendre à voir la réalité telle qu’elle est. La vision de l’objet réel ! C’est cela le Darshan.

Des sages nous ont laissé en héritage le fruit de leur découverte. Ils affirment que le but de l’existence est de nous permettre de nous unir de nouveau avec notre véritable nature.
Pour cela, il nous faut le discernement, à commencer par celui concernant l’authenticité de l’enseignement et des maîtres.

Le Védanta repose sur trois grands principes :
écritures, raisonnement et expérience.

Il faut donc raisonner par la logique pour comprendre les écritures afin d’arriver à l’expérience directe intuitive. La philosophie occidentale en général nous amène à la réflexion intellectuelle, mais rarement à l’expérience mystique. Le yoga et le Védanta ne sont pas une religion même si on y parle beaucoup du divin.

Le yoga nous demande de pratiquer, le Védanta ne nous demande pas de faire quelque chose mais de devenir quelque chose.

C’est pourquoi cet enseignement nécessite un vecteur qu’est le guide spirituel. Dans ces connaissances, la lignée des maîtres est très importante.

Le Maître est celui qui va éclairer l’esprit. Le maître est très souvent un être de compassion entièrement dévoué à donner la connaissance à ceux qui la désirent. Le maître peut-être bon mais aussi exigeant, et si le maître est infatigable, l’aspirant doit le devenir. Le maître est le véhicule de l’illumination du soi et peut transformer le Jiva, l’âme individuelle en Brahman, réalité absolue.
Il a le pouvoir d’ouvrir l’œil de l’intuition spirituelle. Il peut éveiller la kundalini par un simple toucher, un simple mot, un simple regard ou une simple pensée. Il peut donner la connaissance spirituelle comme on donne un objet, mais il peut également la reprendre. Il met bien souvent ses disciples à l’épreuve et cela peut durer des années, mais il peut également plus rarement donner le Darshan de manière immédiate et imprévue.
Cette vision profonde donnée par l’initiation s’appelle Darshan ou Shaktipat.

Elle peut être de quatre niveaux :

 Sparsha, par le toucher, un chakra par exemple.

 Mantra par l‘initiation d’un mantra

 Darshan par un simple regard

 Sankalpa par une pensée, une communion mentale.

Les deux derniers niveaux sont plus rares et plus élevés.
Le Shaktipat Sanchara est l’ensemble de l’enseignement donné : d’abord l’élève doit pratiquer pendant des années, asanas, mudras, pranayamas, pratyahara, dharana, dhyana et ce n’est que lorsqu’ il les incorpore de façon naturelle dans sa vie quotidienne, qu’il sera enfin prêt à recevoir le shaktipat.

Quant au Darshan de foule, où néophytes, non pratiquants se pressent pour le recevoir, nous sommes bien loin de la relation maître-disciple, relation intime et familière basée sur un long apprentissage des connaissances et de la maîtrise des disciplines yoguiques. Nous sommes d’avantage dans l’aspect dévotionnel Bhakti où la sublimation des sentiments permet l’abandon momentané à un représentant du divin. Mais bien peu en fait sont à même de recevoir le véritable darshan.


Je voudrais à présent finir avec la notion d’un darshan basé sur l’apprentissage des facultés yoguiques en vue de développer des hauts pouvoirs psychiques.
C’est le Drishti Samya, la vision tranquille.
C’est l’art de poser un regard concentré, les sens et la conscience en éveil sur un seul but et un seul . Que vous soyez en train de travailler ou de vous adonner à des activités de plaisir, poser sur les actions de ce monde un regard tranquille, permanent et conscient, assurera le succès de ces actions.
C’est une haute pratique que vous pouvez développer par les techniques de Mudras ,de Tratak et de Pratyahara afin de tendre vers ces plans subtils de la compréhension du monde et des ses phénomènes.
A vous de pratiquer.
Hari om
Jaya Yogacharya

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