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"Le Sommet du Sommet"


Le Sommet du Sommet

A douze doigts au-dessus du Bhrūmadhya भ्रूमध्य , l’espace inter-sourcilier, plus communément appelé l’ Ājñā cakra आज्ञा चक्र ou le troisième œil, se trouve le dernier cakra. Selon les systèmes et les écoles, ce septième cakra n’est parfois pas considéré comme tel.
Brahmarandhra ब्रह्मरन्ध्र, an aperture in the crown of the head through which the soul is said to ..., "la porte de Brahman ब्रह्मन्", est son nom.
Gorakṣanātha गोरक्षनाथ, dont nous avons parlé la dernière fois dans la conférence "fenêtre sur le Haṭhayoga", voir article, l’appelle nirvāṇa cakra निर्वाण चक्र. Pour ce célèbre tantrika, c’est à cet endroit-là que toutes les disparités du monde et de l’humain disparaissent et que les oppositions se dissolvent.
Là, et nulle part ailleurs, "les choses sans essence" s’évanouissent.
Le Brahmarandhra est l’autre nom de Sahasrāra सहस्रार.

Comme Mūlādhāra cakra मूलाधारा चक्र, le cakra racine au niveau du périnée, il détient Para Vāc पर वाच्, la parole suprême. La concentration simultanée sur les deux cakra, celui de la base et celui du sommet, permet d’atteindre Mauna मौनम्, l’extinction de tout verbe. Vous noterez que le mot nirvāṇa signifie avant tout extinction.
Là, le microcosme et le macrocosme ne font qu’UN.

La libération, mokṣa मोक्ष dont parle les initiés, se fait donc par cette porte, par cette fissure.

En ce point, Sūtrātman सूत्रात्मन् le fil cosmique, nous relie au pouvoir de
l’énergie, l’Ādiśakti आदिशक्ति
Ce lieu était souvent considéré comme une porte identique à celles du nombril et du sexe par certaines traditions anciennes. Des pratiques ancestrales se centraient sur la libération de l’énergie de l’être par la cavité du ventre ou de la tête.
Ainsi, notre propre être est enfilé sur le Sutram (​सूत्रम्, l’axe, le fil cosmique par ces trois centres, nous dit A.Shuddha.

La voie des dieux (devayāna देवयान) est le nord (Uttarā उत्तरा ). Le sommet du crâne est donc le pôle, la porte du nord. Le Sahasrāra est le lieu par laquelle la vie est entrée. Quand Śrī Kuṇḍalinī श्री कुण्डलिनी le perce, elle se dresse flamboyante et illimitée pour se fondre avec le ciel Ākāśa आकाश, pour suivre l’axe, le sūtrātman सूत्रात्मन्. Elle devient pure énergie, śuddha śakti शुद्ध शक्ति .

Kha ख est l’espace, à savoir ici l’espace crânien.
Khecarī खेचरी est l’énergie qui se meut dans l’espace du crâne. Ce mudrā मुद्रा, ce geste du retour de la langue vers le voile du palais dans certaines pratiques (à ne pas faire sans guide), permet la concentration sur nābhi cakra नाभि चक्र (le centre profond du cakra de l’ombilic , Maṇipūra cakra मणिपूर चक्र). Son objectif est d’agir sur le feu qui réside là, afin de le faire monter jusqu’au vide du crâne, espace de la conscience. Si l’énergie śakti शक्ति atteint le niveau supérieur, le Prāṇa प्राण emplit le corps. śakti prend possession du crâne.
Le siège de nāda नाद (le son), est Viśuddha विशुद्ध (la gorge).
Celui de bindu बिन्दु (le point potentiel), est Bhrūmadhya (le front).
Bindu et nāda se réunissent dans le sommet. Ce septième chakra transcende les six autres, qui sont enfilés comme des perles sur Suṣumṇā Nāḍī सुषुम्ना नाडी l’axe central, dont l’équivalent physiologique peut être considéré comme la moelle épinière, bien qu’il reste un trajet appartenant au corps purement énergétique.
Brahmarandhra est son extrémité et parfois, il n’est pas considéré selon le contexte comme un cakra ayant attributs comme dans le Gorakṣanāthaka. Il est "a-causal", au-delà de la manifestation.

L’astre qui lui correspond est la lune Ketú केतु, la lune descendante, enfermée dans le chignon de Śiva शिव. Ce centre supérieur est le siège de l’amṛta अमृत, le nectar de l’immortalité.
De même, douze doigts au-dessus du Sahasrāra सहस्रार (Brahmarandhra), en dehors donc du corps, se trouve l’Ākāśa cakra आकाश चक्र, qui fait partie cependant de Sahasrāra. Selon les écoles ou les textes, il est censé être, soit au centre du Sahasrāra et comporter 12 pétales lumineux, soit être le "sommet du sommet" de Sahasrāra et avoir seize pétales, car seize est le nombre de la lune et de Śiva, dieu nocturne et lunaire.

Dans la Mahāvidyā महाविद्या, "Grand Savoir des choses subtiles" de la philosophie du Tantrisme, ce grand savoir est représenté par dix types d’énergie qui sont à l’origine du monde et l’animent. Autrement dit, ce sont des śakti शक्ति, des Déesses.
Parmi ces dix Déesses qui couvrent la gamme complète de la divinité féminine, de la Déesse terrible à la beauté sublime de l’autre,
-Ṣoḍaśī षोडशी, la Déesse de seize ans, personnalise les seize modes du Désir.
les autres śakti, à titre d’information, sont :
- Kālī काली la Nuit Éternelle,
-Tārā तार, la Déesse de la Compassion,
-Bhuvaneśwari भुवनेश्वरी, la Créatrice du Monde ; elle représente les forces substantielles du monde matériel
-Chinnamastā छिन्नमस्ता, la Déesse qui se tranche la tête ; elle représente la distribution de l’énergie vitale dans l’Univers ,
- Bhairavī भैरवी, la Déesse de la désintégration ; elle préside à la multiplicité des formes,
-Dhumavatī धूमवती , la Déesse Veuve ; elle symbolise les forces obscures de la création ,
-Bagalamukhī, la Déesse qui saisit la langue du démon ; elle symbolise les espoirs de l’humanité ,
-Mātaṅgī मातङ्गी, la Déesse "la Pollueuse" ; elle symbolise les émotions violentes,
-Kamalā कमला, la Dernière mais pas la moindre ; elle symbolise la pure conscience de la śakti.

Revenons cependant à notre propos philosophique : śakti, l’énergie Sri Kuṇḍalini कुण्डलिनि, elle seule, la supérieure à toutes et qui les englobe, est la seule qui intéresse le yogin.


Cet Ākāśa cakra, le sommet du sommet est appelé Pūrṇagiri-Pitta पूर्णगिरि दोष, le siège de la montagne de Meru- Kailāsa मेरु कैलास - le lieu sans limite.
Il est le Turīyātīta तुरीयातीत, au-delà même de Tūrya तूर्य, le Quatrième état, l’état d’éveil. voir principe vedantique de l’Adhyāropa अध्यारोप.

Ici l’état de vacuité est sans retour. Les sages y décrivent un état de plénitude vide d’objets, de temps et d’espace. Le Siddha सिद्ध (celui qui a obtenu les Siddhi सिद्धि, les pouvoirs que donnent la Sādhana साधन, voir conférence "méditations et pouvoirs" établi dans cet état, n’est animé que de conscience. On dit même qu’il peut se dissoudre et disparaître comme certains l’auraient fait dans le sanctuaire vide du temple Naṭarāja नटराज à Chidambaram छिदम्बरम् à 10 km de Pondichéry dans la Tamil Nadu.
Des légendes au réel, d’autres religions font bien allusion à ce phénomène. A chacun de discerner.


Śiva est le pôle nord du Sahasrāra.
śakti le pôle sud du Mūlādhāra.


La montée de śakti attirée par le magnétisme de Śiva transforme le corps grossier du Paśu पशु (celui qui est lié à la Māyā माया,l’ illusion des trois états : rêve, sommeil et veille) en corps divin (Divyā दिव्या).

Cette alchimie est appelée Kāya Sādhana काय साधन, la réalisation du corps.
Le corps est avant tout de l’énergie.
Dans le propos tantrique, "Tout est énergie".
Les maîtres affirment que la matière n’existe pas et qu’elle n’est qu’une extrapolation du mental. Lorsque nous voyons nos difficultés multiples de somatisation, nous sommes bien loin de réaliser cela. L’énergie dont parle le yogi n’est pas l’énergie en kilojoules des performances musculaires. Il parle de l’énergie intérieure, de la Kuṇḍalini. Celle, rendue possible, par le pouvoir de transmutation du Serpent, (celui qui mue).
Pour que le corps physique soit capable de recevoir l’expérience de l’énergie, qui est une énergie considérable, un processus de transformation doit se faire, sans quoi cela serait dévastateur.
Dans ce processus, il y a quatre stades.


 apakva अपक्व est le stade où le corps physique ordinaire n’est pas mûr pour la Sādhana.

 Pakva पक्व est l’état du corps mûri au feu de la pratique et apte à la Sādhana.

 Divyā deha दिव्य देह est le corps divin, purifié pour devenir,

 Siddha deha सिद्ध देह, le corps ayant des pouvoirs.

Kuṇḍalini abstrait le corps, bien qu’elle vienne de la terre.
Dans les religions, Dieu est crée mentalement et est vénéré comme une entité extérieure. Il est le préservateur de la forme humaine et mentale.
Pour le yogi, c’est l’énergie fondamentale,śakti, qui est la réalité de l’univers. Ce pouvoir, cette énergie est hors de toute expérimentation mentale.
Kuṇḍalini ne s’éveille que lorsque le mental se tait lui-même, lorsqu’il fait silence et que les souffles se suspendent (art du prāṇāyāma प्राणायाम).
L’impulsion d’un guide spirituel apte à cela est nécessaire sans quoi une pratique ambitieuse, obstinée et égocentrique ne donneront que du désatreux. Icchā śakti इच्छा, l’énergie de la Volonté, ne surgit que lorsque la volonté individuelle, la connaissance de l’être enchaîné cessent.
L’Energie primordiale est l’héritage des Āryā आर्या, (nobles)maîtres.


Hari om tat sat
Jaya Yogācārya

Bibliographie :
"Tantra et Yoga" de Jean Papin
"Le serpent primordial" de A.Shuddha
"La Kundalini" de Lilian Silburn

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