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Mâha Kâla, le temps transcendant

« L’œil de la clairvoyance n°3 »

Conférence du vend 4 avril 2014 donnée par Jaya en cours de méditation.

Mâha Kâla, le temps transcendant

Nous reprenons ce soir l’enseignement millénaire avec la même joie et la même soif de connaissance qui caractérise le chercheur spirituel.
Nous allons donc redéfinir ensemble certains concepts qui sous-tendent notre pratique.


Lorsque nous observons de nos jours les religions, elles apparaissent comme des organisations de croyances, de dogmes, de rituels, de conceptions morales. La plupart reposent sur les révélations d’un prophète, (excepté l’hindouisme), lui même représentant l’incarnation du principe divin.

Chacune d’entre elles revendique son unicité et sa seule valeur de référence.
Pourtant, toute religion a pris naissance dans un contexte environnemental souvent antique. De ce fait, ses principes doctrinaux, justifiables à une certaine époque, ses valeurs morales et conventionnelles relevant d’une société passée essayent de se maintenir dans un monde contemporain totalement transformé, et sont devenus bien souvent inappropriés.

A leur origine, les religions avaient pour but de s’approcher de l’inconnaissable et de comprendre ce qui apparaissait surnaturel. La quête de la perception de la nature de l’être et de la création en était leur fondement.
Mais en devenant dogmatiques, elles perdirent cet aspect là et se rigidifièrent.

« La recherche de la vérité et de la réalité transcendante comme toute véritable recherche, ne peut admettre aucun dogme », nous dit Alain Dianélou.

Elle nécessite cependant un moyen, voire une méthode.
Cette méthode est celle du yoga qui relève d’un patient développement basé sur la seule expérience.
La force du yoga repose dans le fait qu’il intègre le plan physique au plan mental et au plan métaphysique.
Le yoga ne sépare pas la matière de l’esprit. Il englobe toute la connaissance, à savoir l’énergie et ses manifestations ainsi que la structure de la pensée.
Il s’intéresse donc à la grande puissance énergétique et créatrice qui donne naissance à l’univers. Le pouvoir de sa méthode nous permet de pénétrer dans les plans les plus cachés de notre système individuel et d’arriver à éveiller nos plans les plus subtils afin d’appréhender la source créatrice de toute chose que nous appelons le divin.
Les conceptions animistes furent dans les temps très anciens, la base de toutes les religions, de leurs rites et de leurs croyances. Pour l’animisme, toute chose contient un esprit, une présence consciente, maléfique ou bénéfique induisant des règles de conduites, telles la crainte, la vénération ou une attitude morale.

C’est dans ce contexte animiste où la perception du surnaturel était primitive que se développa le Shivaïsme.
Selon la chronologie des Purâna, parmi les plus anciennes chroniques, c’est vers le 6° millénaire avant JC que le concept de Shiva, révéla aux hommes le moyen de se dépasser par la transcendance et de connaître par une expérience directe et extra-sensorielle la nature subtile du monde manifesté.
La technique de cette expérience est appelée Yoga.

Le yoga est donc à l’hindouisme ce que le soufisme est à l’islam ou ce que sont les mystiques chrétiens au catholicisme.
Il n’est pas une religion mais un système pratique philosophique mystique.

Les Purânas sont des livres sacrés hindous contenant une masse énorme d’informations telles que de nombreuses histoires de dieux et de héros, des généalogies précieuses, des manifestes sur l’art, des traités de science, des rituels de magie et des enseignements philosophiques.
Il existe 18 Purâna principaux et 18 secondaires. Ils représentent l’ensemble des connaissances d’époques très anciennes. Ils furent composés dans des langues précédant les langues dravidiennes du sud de l’Inde.

Les Veda, textes ultérieurs des envahisseurs Aryens, Inde du Nord, mirent à mal le Shivaïsme. Il fallut attendre près de 2000 ans pour que la tradition populaire de Shiva, religion millénaire, soit intégrée par le Brahmanisme. C’est à partir de là que de nombreux livres techniques sur le yoga apparurent en sanskrit.
Aujourd’hui, la tradition Shivaïte et les techniques de Yoga associées sont considérées en Inde comme les formes les plus hautes de la pensée.
Les plus hauts degrés d’initiation sont toujours Shivaïtes. Le bouddhisme et le soufisme en furent les dérivés.
D’autres textes plus tardifs comme les Agama et les Tantra (6°s ap JC) conservent quant à eux tous les aspects philosophiques et symboliques de cette connaissance.

Les Pûrana présentent le principe Shiva sous divers aspects : mythologique, philosophique et symbolique.
Dans ses aspects mythologique et religieux, Shiva est un personnage complexe et contradictoire. Shiva est le dieu de la destruction, des illusions et de l’ignorance. Il représente la destruction, mais celle-ci a pour but la création d’un monde nouveau. L’emblème de Shiva est d’ailleurs le Lingam, symbole procréateur. Il a les yeux mi-clos. Il les ouvre lors de la création d’un monde et les ferme pour mettre fin à un univers et amorcer un nouveau cycle.
Il est représenté avec un troisième œil au milieu du front (l’Ajna chakra), symbole de sagesse. Il a des cobras autour du cou et des bras, symboles des désirs domptés. Il porte un trident, (trishula), symbole des trois gunas et tient un tambourin (dhamaru), symbole à la fois de la vibration primordiale pénétrant la matière phénoménale endormie, mais aussi la vibration cosmique. Il est assis sur une peau de tigre, symbole du mental terrassé. Shiva représente la source créatrice en sommeil. De sa chevelure, dans laquelle se trouve un croissant de lune, symbole du cycle du temps Kâla, s’écoule le Gange, symbole de la connaissance innée. Sa monture est le taureau Nandi.
Shiva est représenté sous différentes formes (l’ascète, le yogi, le mendiant, le danseur cosmique, l’androgyne, etc.) et possède, d’après les textes, 1008 noms distincts.
Shiva est marié à Shakti, la déesse-mère. Elle-même a plusieurs noms suivant la fonction qu’elle occupe Parvati, Durga, Kâlî, etc.
Il a deux fils, nés de Parvati : Ganesh et Kârtikkeya (ou Skanda, Kumâra, Subrâhmania, Shanmukha, Murugan, etc.)


Dans la tradition Shivaïte de l’hindouisme, Shiva est considéré comme le dieu suprême et a cinq grandes fonctions : il est le créateur, le préservateur, le destructeur, le dissimulateur et le révélateur. Les Hindous qui vénèrent principalement Shiva sont appelés Shivaïtes, alors que les traditions Vaiṣṇava sont centrées sur Vishnou et que les traditions Śhàkta sont centrées sur la déesse Shakti, parmi une des plus influentes de l’Hindouisme.
Je ne vais pas ici parler de la pseudo rivalité entre les Vishnouïtes et les Shivaïtes, puisque au bout du compte, les uns considèrent les autres comme étant l’émanation de leur divinité de prédilection. La tradition Shivaïte est cependant la référentielle.


Voilà pour la mythologie.

Pour les pratiquants de yoga que nous sommes, ce qui nous intéresse, ce n’est pas le culte de Shiva, mais la dimension philosophique du concept de Shiva associé à celui de Shakti, l’énergie primordiale.

Dans la conception cosmologique hindoue du monde, l’univers n’est qu’énergie (Shakti). La matière en est sa manifestation.

Tout ce qui existe dépend d’un équilibre de forces.
Ces forces sont la force centripète de concentration appelée Vishnou, la force centrifuge de dispersion appelée Shiva et la force résultante et " orbitante " qui donne le mouvement à la matière appelée Brahmâ.

Il n’existe pas de différence entre les forces spirituelles et matérielles, entre la pensée et la matière.
L’univers est une pensée divine perçue comme une réalité.
Notre rôle d’être humain est de la percevoir.
Le temps, l’espace, la matière ne sont que des valeurs relatives pour nous et dépendent de la limitation de nos outils de perception et de compréhension.

Le yoga travaille à développer ces outils par l’obtention de facultés.

Il développera ainsi la perception hors du temps apparent, dans le passé ou le futur, hors de l’espace apparent, par la connaissance intuitive de l’infiniment grand ou petit, telle que la téléportation par exemple, peut le permettre.

Le yoga, c’est l’art de s’insérer dans la conception relative du système espace-temps en jouant avec sa dimension éternellement éphémère.

Le yoga contrôle les rythmes vitaux, met sous son joug la nature instable du mental, maîtrise les énergies créatrices en nous libérant de leur aliénation en terme de survie, afin qu’elles expriment leur puissante réalité.

Énergie, tension, mouvement constituent la matière qui nous anime.
Shiva est donc considéré comme la force d’expansion du monde mais aussi sa force de dissolution. Ces forces sont bien sur présentes en nous.
Partout, en toute chose, tout naît et tout meurt.

Ce qui cause cela, c’est le principe de Shiva. Ne voyons pas là un dieu anthropomorphique mais un principe conscient et actif. Shiva est parfois appelé le Mâha Kâla, le temps transcendant, c’est à dire l’éternité, et sa parèdre Kâli, une des formes de l’énergie Shakti, la puissance du temps qui détruit toute chose.

Sans l’acquisition de la connaissance spirituelle, sans le contrôle des énergies qui dirigent le processus de vie, le yogi ne peut dépasser ses limitations.
Le pratiquant de yoga doit apprendre à remonter à la source des mécanismes profonds et vitaux qui soutiennent notre existence.
Ces mécanismes sont aussi bien les énergies physiques que les instincts, les mécanismes émotionnels, les fonctions psychiques, les facultés cérébrales et intellectuelles et tout ce qui appartient aux plans supérieurs et subtils de la conscience. Il ne peut en éliminer aucun.

Dans le Shivaïsme et dans le Shaktisme, les rituels sont différents. Les premiers vénèrent Shiva, les seconds, la grande déesse Shakti.
Malgré ces différences, le Tantrisme fait partie du Shivaïsme et inversement, et tous deux ont une même conception du monde. D’un point de vue archéologique, l’on trouve cependant une antériorité proto-historique pour le culte de la grande déesse. Ce n’est pas sans rappeler les Vénus du paléolithique telle que la Vénus de Willendorf, pour ne citer que celle-là.




Dans le yoga, et plus encore dans le yoga de l’éveil de la kundalini, ces deux principes fusionnent dans le processus de la réalisation. Le couple Siva-Shakti y devient indissociable.
Nous approfondirons ultérieurement cela.


Pour finir, je voudrais vous distraire par la légende suivante. Les textes nous disent, que la beauté divine est si merveilleuse que les dieux eux-mêmes en furent stupéfaits.
Krishna, avatar de Vishnou, représentait entre autre l’incarnation de la volupté. Le dieu de l’amour Kâma, fut subjugué à la vue des ongles de pieds de Krishna, brillants comme des rayons de lune, pareil à des joyaux. Il en perdit toute notion de virilité ou de féminité et décida : « Même si je dois pratiquer la plus dure des ascèses pendant des milliers de vie, il me faut renaître un jour en fille de bouvier pour pouvoir caresser les pieds de cette divinité. »


Cet amour de l’amour, cet auto-érotisme divin est représenté par l’hermaphrodite Ardhanariswara, en qui la déesse, qui est existence (Sat), et Shiva qui est conscience (Chit), sont réunis, réalisant la volupté totale, la jouissance absolue de l’existence.

Les Véda vous diront :
« Tout amour est une recherche de l’Atman, une recherche de l’âme universelle ».

Hari om Tat Sat

Jaya yogacharya



Bibliographie :

 « Le mystère du culte du linga » de A.Dianélou et Swami Karpâtri aux edts du Rélié.

 « Yoga, méthode de réintégration » de A. Dianélou aux edts de l’Arche.

 commentaires et adaptation de Jaya yogacharya.

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