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L’impact du sacré



« Pûjâ 1 »




L’impact du sacré

Conférence donnée par Jaya en cours de méditation du vend 26 septembre 2014

Le yoga est un système mystique pratique philosophique.


C’est donc une méthode quasi scientifique de cheminement spirituel fondée sur l’expérience millénaire des yogins. Ces derniers ayant expérimenté les stades ultimes de la conscience invitent ceux qui s’y intéresseraient, à vérifier par eux-mêmes la véracité de cette pratique.

Au départ, le yoga non codifié va le devenir en devenant un des six Darshans de la philosophie indienne. Dans ce darshan, plus connu sous le nom de Raja-yoga, il est demandé d’offrir au Divin ses efforts avant toute mise en pratique. C’est, l’Ishwarapranidhana, l’abandon au divin, un des niyamas que sont les observances morales et comportementales.
Ce divin, ce Tat Purusha, omniscient et omnipotent, ayant les qualités d’illimité que n’a pas l’être humain, présente cette perfection absolue à laquelle l’adepte se réfère. Sa compassion infinie, sa pureté, confère la voie libératrice au sage qui tend vers lui.
C’est là sa fonction première. Il est le maître originel, le point de départ des lignées des initiés.

Mais le yoga n’est pas une religion et en cela, il laisse donc toute liberté de foi ou de conception de ce divin.
Tout en étant de nature théiste, il reste très indépendant et rend l’humain, seul responsable de son propre salut et de son propre éveil.

Même si le yoga est souvent juste considéré comme un entrainement pratique, il a toujours en toile de fond des préoccupations majeures telles que l’état de témoin, la réalisation du Soi, l’extinction de l’égo, l’élargissement de la conscience, l’union avec l’univers. Toutefois, seuls les résultats qu’il produit, le valident.
Pratiquer au départ sans aucune idée de transcendance permet finalement de vérifier cette transcendance.

Au début, le samkhya, le plus vieux darshan, système d’investigation méthodique et dualiste servit de point de départ au yoga, car il était dépourvu de supposition théologique et s’appuyait sur la description de l’homme dans son univers et des éléments qui le constituent du plus grossier au plus subtil.
Mais vouloir expérimenter l’inconcevable que l’on soit croyant ou non, nous oblige à regarder vers le subtil.
Le yoga, tout en restant dans la continuité de la tradition védique, évoluera par la suite et s’inscrira dans les traditions brahmanique et hindoue.
Ainsi dans les Upanishads, (appartenant au Védanta), le yoga devient l’expérience de l’intériorisation de l’ancien sacrifice védique. Il n’implique donc pas le rejet des rites.

Même s’il suspend les rites, il les remplace en les intériorisant. Les rites sont donc toujours présents sous forme de substituts.

Le sacrifice védique est un ensemble rituel très vaste et complexe. Dans sa pratique symbolique intérieure, on y identifie les instruments et les actes de cérémonies védiques avec certains organes du corps et certaines pratiques yoguiques.
Le but étant d’activer le plan divin, soit l’officiant manipule le sacré dans le plan extérieur et fait un rituel, une puja, soit le yogi le fait dans le plan intérieur.
Ainsi dans le sacrifice intérieur, les fonctions physiologiques remplacent les ingrédients du rituel. Par exemple, la respiration illustre la libation ininterrompue du soma ou illustre le beurre clarifié jeté dans le feu sacré des rituel extérieurs.
Dans l’inde post-védique se sont imposés ensuite des grands courants monothéistes, et là encore, le yoga, bien que dissocié de ces religions, en a toujours été le sommet, l’autre pôle non contradictoire. Il est la dimension métaphysique et mystique de la religion. Il en est dissocié tout en étant son point culminant.
Et c’est-là que le yoga, bien qu’universel, reste toutefois la partie subtile de la pensée religieuse hindoue, car il joue là son rôle transcendantal.

Le culte hindou repose sur l’adoration et cela peut prendre divers aspects.

Le rituel d’adoration par excellence s’appelle Puja et est exécuté dans la tradition Shivaïte, particulièrement bien préservée dans l’Inde du Sud.

Dans l’hindouisme, l’ascension spirituelle procède par niveaux. Ils sont complexes et nombreux et commencent déjà par des points de départ très variés. Comme une échelle immense, une pyramide à degrés, s’élançant des points les plus bas vers les plans les plus subtils, les plus hauts et les plus absolus. Ainsi chaque individu, en fonction de son effort, passera d’un niveau à l’autre dans telle vie ou telle autre.
Dans ce travail de cheminement spirituel il y aura donc deux méthodes d’adoration ;
l’adoration extérieure, bahir-yâga et celle intérieure antar-yâga.
Les deux pouvant se compléter.
Mais il y a une transition graduelle de la première à la seconde.
Dans l’analogie que fait l’auteure T.Michael, ces deux méthodes d’adoration peuvent être comparées aux deux baguettes sur lesquelles est monté un éventail. Lorsqu’il est déployé, il révèle toute la multiplicité des possibilités religieuses, les plus éloignées l’une de l’autre, mais quand il est fermé, les deux extrémités coïncident.
C’est avec la forme extérieure du culte que souvent commence le voyage spirituel.


Bien sûr, des rituels populaires aux liturgies complexes, il y a un grand nombre de degrés d’expressions possibles. Mais le but reste le même.
Faire descendre le divin en soi-même ou se hisser à lui.
Ainsi se réalise le passage progressif vers soi-même de la présence du divin perçue dans un support extérieur telle une icône ou un symbole.
Ainsi les forces cosmiques sont mises en œuvre.

Les structures des rituels extérieurs sont reconnus par les hindous comme ayant été instaurées par les Rishis, les contemplatifs, les voyants, les yogins, les siddhas, c’est-à-dire par ceux qui ont travaillé à la perfection spirituelle.

Dans le rituel, les gestes, les mouvements, les paroles, les sons, les lumières les couleurs, les parfums, toutes les expériences sensorielles et mentales qui leur sont associées, vont devenir la transcription de vérités parmi les plus hautes et les plus subtiles.
Cet impact du sacré sur les consciences se joue dans un espace-temps très particulier, où la sagesse et le divin vont se déployer dans leur aspect illimité.
C’est un moment de fête mais il est sacré et solennel.



L’autre mot pour adoration est Upasana nous dit S.S.Sivananda.
Cela veut dire littéralement « s’asseoir près du Divin ».
C’est l’état intérieur avec lequel nous allons faire une puja soit extérieure, soit intérieure.
L’upasana consiste à s’approcher de l’idéal choisi ou de l’objet d’adoration en méditant sur lui, en accord avec les enseignements des Shastras (écritures sacrées) et des directives du guide spirituel, et en demeurant dans le cours de cette seule pensée, comme un filet d’huile versé d’un récipient dans un autre.
Il y a donc deux sortes d’upasana, Pratik upasana et Ahangra Upasana.

 Pratik veut dire symbole, c’est dont Saguna upasana, avec support.

 Ahangra est nirguna upasana, à savoir sans support, c’est-à-dire un état de méditation sur l’absolu sans forme ni attribut.
-Saguna Upasana est donc ce qui sera associé au bahir-yâga, la pûja extérieure avec les kirtans (chants), les offrandes de fleurs, les mantras, tous les supports du rituel.
-Ahangra Upasana relèvera plutôt de pratiques méditatives sur le mantra So-Ham, les mahavakyas védantiques, les analogies védantiques, les pratiques transcendantales au-delà de tout support, mais toujours dans cet état d’adoration intérieur.
Le mental devient l’objet sur lequel il médite.
Vous devenez ce que vous pensez.
Il y a un pouvoir mystérieux et impénétrable dans l’upasana, qui rend celui qui médite et le médité identiques
.

L’état intérieur avec lequel vous assistez à une célébration détermine donc le degré de votre compréhension du rituel.
La puja mène donc le mental du chercheur du connu à l’inconnu.

La méthode des maîtres Upanishadiques pour transmettre la connaissance transcendantale à leurs disciples était de prendre les instruments déjà existants dans le monde (corps, mental, intellect) et de les purifier en les engageant dans un processus d’échange avec la réalité.
Pour comprendre la Réalité la plus élevée, les sages nous disent qu’il nous faut un mental pur qui serve de moyen de réflexion à la conscience infinie. Si le moyen de réflexion n’est pas propre, le reflet ne sera pas clair, comme un miroir plein de poussière.
La puja est donc une méthode de purification du mental, par la concentration sur le Divin
La puja ne s’effectue pas obligatoirement dans les temples et peut très bien se faire à la maison aussi bien par un homme que par une femme, à condition qu’elle ne soit pas en période menstruelle.
Pour l’hindouisme, les règles sont en soi un processus de purification naturel du corps dont la femme dispose et qui lui permet de se décharger des impuretés.

Dans cette nécessité de purification, le carême est nécessaire à des degrés différents selon les participants. Les officiants bien sûr auront à faire abstinence durant plusieurs jours ou semaines, de tout produit animal, d’alcool, de produits toxiques et d’activités de plaisirs sensoriels et sensuels afin d’aiguiser la concentration sur l’objectif Divin de la puja.
Cependant, dans certaines pujas dites tantriques comme dans la chakra-puja de la main gauche, les rituels collectifs consomment les cinq substances (pancha tattva) ou comme on les appelle, les Cinq M (panchamakâra). Ces 5 catégories représentent les objets du désir humain : madya (le vin), mamsa (la viande), matsya (le poisson), mudra (les céréales grillées) et maithuna (l’union sexuelle).
Entendons-nous bien, les officiants dans ces cas là sont des initiés sous la guidance d’un maître et non des personnes de hasard.
Traditionnellement considérés comme des obstacles, ces moyens sont accueillis dans le rituel tantrique comme autant de degrés sur l’échelle de la perfection. Le principe directeur de ce rituel ne consiste pas à s’abstraire des sens mais à en acquérir la maîtrise à travers l’expérience.
Les pratiquants de la main droite utilisent des substituts matériels comme le lait, le jus de noix de coco, le gingembre, le riz et les fleurs, les encens et les icônes de la Shakti afin de s’unir à elle. Ce que faisait notre maître.
La puja que nous ferons au mois d’octobre ne s’inscrit pas dans ce rituel directement.


Cette cérémonie s’appelle une Shraddah, qui est une cérémonie dédiée aux ancêtres, ou en mémoire d’un maître disparu, en l’occurrence notre guide Sri Sri Sri Satchidananda yogi.
Nous l’inviterons donc à nous rejoindre afin de communier avec lui et recevoir sa bénédiction et sa puissance.
C’est l’occasion pour les chercheurs que nous sommes de valider un seuil de pratique tout en purifiant les lieux et percevoir les principes divins qui y résident.
Nous ferons le rituel dans la pure tradition.
Je vous parlerai dans la prochaine conférence, de l’aspect technique de la puja et comment elle se déroulera afin que vous ayez un regard éclairé et une participation active dans ce moment très privilégié.
Hari om tat sat

Jaya yogacharya

Bibliographie :
« Le yoga de l’éveil » de Tara Michael aux edts Fayard.
« Puja » de Swami Saraswati Sivananda.
« Puja , méthode d’adoration », selon Amritananda Mayi Mata.
« Le feu religieux, l’hindouisme à la Réunion », institut de Linguistique et d’Anthropologie - Université de la Réunion.

Adaptation et commentaire Jaya Yogacharya.

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