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"L’irremplaçable espoir"

Conférence donnée par Jaya yogacharya en cours de méditation le vendredi 30 oct 2015

« L’irremplaçable espoir »

J.M.W TURNER

Nous avons la chance, pour une majorité d’entre-nous ici présents, de parcourir ensemble ce chemin spirituel depuis de longues années. Nous affinons graduellement la compréhension et les pratiques et plus nous nous élevons dans la connaissance du yoga et de sa philosophie, plus l’humilité est nécessaire devant l’ampleur du travail qui reste à faire.

Notre constance et cohérence en tant que chercheurs nous assurent cependant des succès déjà récoltés en terme de stabilité mentale, d’affirmation de soi et de rayonnement.
L’enseignement profond de l’Inde éternelle à laquelle nous puisons s’élève au-dessus de tous les aspects de notre vie. Elle les englobe tous. Chacun de nous montre un ou plusieurs aspects de sa compréhension de l’ enseignement, et plus encore ce qu’il a en a réalisé.
Notre propre degré peut nous permettre d’ailleurs d’estimer le degré de réalisation d’un maître en la matière.

Pour un être spirituel, le divin est réel et dépasse l’éphémère d’un être de chair. Il en est sa raison d’être. Nous avons déjà vu ces grands principes dans le Védanta !
La réalisation de ce divin en lui est le but à atteindre. Cela ne peut se faire sans la sadhana, à savoir la pratique rigoureuse. Il ne faut pas voir là des pratiques arides nous coupant avec le monde. L’ascèse doit être ajustée à votre mode de vie. Toutefois, le progrès dépend d’elle.

Pour maintenir notre objectif de réalisation dans le monde d’aujourd’hui où l’on pense plus en termes d’avoir et d’individualisme, nous devons en permanence raviver notre compréhension des règles qui régissent l’univers et non nous soumettre uniquement à celles régies par la société. Or l’homme contemporain est le résultat d’une éducation et des conditionnements acquis au sein des villes.
L’homme d’aujourd’hui dirige toute son énergie sur sa propre vie sociale et son propre travail. Il en résulte une dissociation avec la nature dont il est issu et au sein de laquelle il évolue malgré tout. Oublier les règles fondamentales qui gouvernent notre existence et ne s’en remettre qu’à des frivolités pour passer l’existence est l’attitude de l’autruche. La vie nous rattrape immanquablement.

La beauté du yoga et des sciences méditatives nous rappelle sans cesse d’entretenir ce lien entre l’individuel et l’universel.

Nous pouvons parcourir le chemin de la vie de deux façons différentes.
Nous pouvons voir, d’une part, ce qui nous sépare du but et chaque pas que nous faisons dans notre marche est du terrain conquis de force quels que soient les obstacles.
Nous pouvons de même voir ce qui nous conduit à notre but et dans cette conception, la route fait partie de notre destination. Elle est déjà le commencement de notre succès. En la parcourant, nous pouvons déjà récolter ce qu’elle nous offre spontanément.
Pour la philosophie indienne, le but même de la vie est de réaliser cette harmonie avec l’univers dans le sentiment et l’action.

«  Le sens profond de l’existence de l’univers a pour nous une signification vitale !  »
Le connaissons-nous pourtant ? »

Les maîtres nous disent depuis des milliers d’années, que nous devons établir avec cet univers des liens qui nous permettent de le réaliser dans un sentiment de calme et de plénitude, voire de joie et non dans une crainte, ou une simple conquête matérielle et uniquement scientifique.

Dans le yoga, on invite l’être à être pleinement conscient dans son corps et dans son âme de la filiation avec tout ce qui l’entoure.
Si l’on se sépare de l’inépuisable source de la nature et devenons de simples hommes empêtrés dans nos carcans mentaux et physiques au lieu de nous percevoir comme un enfant de l’univers, nous nous créons de terribles problèmes.
«  Lorsque l’homme perd sa perspective intérieure, il mesure sa grandeur à sa propre taille et non à ses liens vitaux avec l’infini » nous dit Rabindranâth Tagore, prix Nobel de littérature.

« Il juge son activité par son propre mouvement et non par celui du monde et il se coupe ainsi de la sérénité et de la perfection que lui propose la vie.

Nous percutons alors sur le mal, la mort et l’imperfection lorsque nous ne sommes pas unis avec l’universel. » C’est une affaire de conscience et de vision.
« Quand nous regardons un jeune enfant qui apprend à marcher, nous dit R. Tagore, nous le voyons souvent tomber et ses succès sont rares. Si nous devions limiter nos observations dans un court laps de temps, le spectacle serait décourageant. Mais nous constatons que l’enfant réitère et éprouve une sorte de joie qui le soutient et le pousse dans ses tentatives apparemment sans espoir. Il pense moins à ses chutes qu’à son pouvoir de maintien d’équilibre.
Il en est de même de nos souffrances de chaque jour. Elles nous montrent nos imperfections mais notre volonté nous maintient en vie malgré tout car nous avons un idéal de perfection plus large.

Si nous maintenions notre esprit constamment braqué sur le fait qu’est la Mort,
l’univers nous paraitrait un effroyable charnier. Mais nous constatons que dans le monde de la vie, la pensée de la mort n’a que fort peu de prise sur notre esprit
finalement ».
Nous survivons malgré tout au départ des êtres chers.

Lorsqu’un homme prend conscience finalement qu’il lui faut évoluer, il commence à avoir une vision plus vaste de son vrai Moi, et là, il devient conscient de ce qui lui reste à devenir. Sa volonté prend la place de ses désirs. La volonté devient le désir essentiel d’une vie plus vaste. L’homme a conscience de son moi futur et de même, éprouve au fond de lui la perception de son moi fondamental. Mais la majeure partie des êtres humains ne s’y attarde pas, car les hommes sont affairés par le futile ou les vicissitudes qu’ils s’imposent. »

Ce ressenti toutefois permet parfois à l’homme ordinaire d’aller au-delà de l’égo et se comporter de façon altruiste soit par amour envers les siens, soit par amitié et sacrifier un peu de son confort personnel.
« L’homme n’est pas un être isolé, il a un aspect universel et cela est une grande loi de l’univers.  »

L’homme ordinaire dénie les lois universelles. Du fait de son grand nombre, il en tire rarement l’altruisme et le plus souvent bascule dans l’instrumentalisation de l’autre pour son propre intérêt. Cependant entre voleurs, il existe parfois une éthique de comportement. L’homme s’impose malgré tout des règles de conduite, même entre mafieux.
Finalement l’amour fait partie de la nature de l’être.
Est-ce de cet amour là dont nous parlent les sages ?

Ces derniers vous diront que la réalisation suprême spirituelle doit être atteinte par la voie de l’amour et que cet amour là, est le point culminant de l’amour.
Cet amour est celui qui vous amène à la liberté de votre être. Cette liberté est obtenue en se libérant d’avidya, l’ignorance. Nous conquérons notre vraie liberté lorsque nous parvenons à notre nature la plus vraie qui soit.
La liberté de la graine réside dans l’accomplissement de son dharma, de sa nature et de sa destinée, qui est entre autre de devenir un arbre.
Si vous connaissez le haut idéal de votre être, vous connaitrez votre dharma, votre mission de vie.
Soit votre moi se manifestera alors comme tel, soit votre moi se dépassera et révèlera son propre sens.
Pour se manifester, votre moi essaye de grandir, de se hisser sur un piédestal qu’il s’est forgé. Soit votre moi tente de se dépasser, et renonce à ne pas être que ce piédestal afin de se hisser au-delà et devenir libre. C’est dans le parfait amour que nous découvrons alors la liberté de notre moi.
«  Cela seul qui est fait par amour est fait librement, si douloureux que ce soit. » 

C’est pourquoi travailler avec amour est la liberté dans l’action. 
Dans les Upanishads, il est dit « Connaissance, pouvoir et action sont de la nature de l’univers. Rien ne lui est imposé de l’extérieur. Son travail est sa liberté et dans sa création il se réalise. Il est dit que toute cette création jaillit de sa joie à se manifester.
Il n’est la conséquence d’aucune nécessité.

Notre liberté consiste pour notre nature physique à trouver la santé, notre être social à trouver la bonté et pour notre Moi, notre âme, à trouver l’amour.
Le véritable amour spirituel, c’est la révélation en nous de la joie infinie de la création du monde et de sa lumière.

Mais nous avons en nous deux principes, l’illusion associée à nos limitations et la vérité associée à notre liberté. Nous sommes en dualité car nous oscillons entre l’apparence et la liberté. Notre volonté égoïste est l’apparence de notre liberté, la vérité en est l’amour.
Les mots par exemple sont illusions tant qu’ils sont limités, sans sens apparent et uniquement des sons. Ils deviennent vérité quand ils révèlent leur sens, deviennent des idées et peuvent être déployés à l’infini.
Notre moi est illusion lorsqu’il est individuel et limité et qu’il considère son isolement comme absolu. Il est satyam, vérité, lorsqu’il reconnaît son essence dans l’univers, dans l’absolu illimité.
«  La signification de notre être ne pourra être découverte dans la perception d’un isolement du divin et d’autrui. »

Elle se trouvera dans la réalisation continue du yoga, qui signifie Union.

« De la même façon que vous pouvez vivre l’isolement et la séparation comme une calamité, de la même façon vous pouvez être entouré et pourtant votre égo peut s’enfermer dans des hauteurs vertigineuses et jetter une ombre lugubre sur le clair visage de l’existence », nous dit Rabindranâth.
L’égo est une calamité, il est orgueilleux, destructeur et sournois et il est prêt à dépouiller le monde pour son propre intérêt.

Les sages vous diront que votre âme, en tant que expression de la joie de la manifestation est immortelle. Sa joie est éternelle. Elle est Amrit, ambroisie.

Ce n’est pas l’Amrit qui donne la joie mais la joie qui est Amrit.

Sa présence en nous nous rend dubitatif et sceptique devant la mort. Pour l’âme qui se sait infinie, la mort est une porte, une apparence et une réalité à la fois.
« Elle est l’inséparable compagne de la vie , nous dit le poète.
Pour que nous mourrions à notre propre mort, il nous faut nous appeler nous-même à la vie éternelle .
Partout le jeu de la vie et de la mort transmute l’ancien en nouveau. »

« Le jour vient à nous chaque matin, tout nu, tout blanc, frais comme un fleur.
Mais nous savons qu’il est vieux, » dit Tagore. « Il est le Temps lui-même. »

Rabindranâth Tagore

Le poète finit enfin par nous dire ceci.
« Il est le Temps lui-même. C’est le même très ancien jour qui a reçu dans ses bras notre globe nouveau-né, l’a recouvert de son blanc manteau de lumière, et l’a lancé dans le grand pèlerinage au milieu des étoiles. Ses pas pourtant ne sont point las, ni ses yeux fatigués. Il porte l’amulette d’or et d’éternité qui ne connaît pas la vieillesse et dont le toucher efface toutes rides du front de la nature. Notre monde porte l’immortelle jeunesse au plus profond de son cœur. Décrépitude et mort font glisser sur sa face de fugitives ombres, et s’en vont sans laisser nulle trace. Et la vérité reste, fraîche et jeune. Ce vieux, ce très vieux jour de notre terre renaît chaque matin. Il revient, toujours au même appel de la même musique. Si sa marche suivait une ligne infinie et droite, s’il n’avait pas la terrible halte dans l’abîme des ténèbres pour renaître dans la vie des commencements sans fin, il souillerait et ensevelirait peu à peu la vérité sous la poussière, et le lourd martèlement de son pas répandrait sur la terre une douleur sans trêve. Chaque instant laisserait son poids de lassitude et la décrépitude trônerait sans rival sur son trône d’ordure.
Mais chaque matin, parmi les fleurs tout fraichement écloses, le jour renaît, répétant son message, nous assurant toujours que la mort doit mourir éternellement ; que les vagues de l’agitation ne sont qu’à la surface et que l’océan de la sérénité est insondable ».

Hari om Tat sat
Jaya Yogacharya.

Bibliographie.
« Sâdhanâ » de Rabindranâth Tagore aux Edts Albin Michel.
Commentaire et adaptation de Jaya Yogacharya

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