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" Je suis l’Océan "

" Je suis l’océan "

Conférence donnée par Jaya Yogācārya le vendredi 10 novembre 2017 en cours de méditation.



Nous avons récemment eu la chance d’avoir comme support de réflexion, la vidéo de la conférence portant sur « L’éveil » de Swāmī Atmananda Udasin de l’Ajātānanda āśrama de Ṛṣikeś et réalisée par Fabien da Costa pour les éditions "A Ciel Ouvert " et proposée par la revue « Sources ».


Nous allons faire ici la synthèse de la première partie, afin de vous faciliter la compréhension des concepts védantiques concernant l’éveil spirituel qui y sont développés et que nous avons déjà abordés dans mes conférences précédentes. voir Chapître Vedanta.

Le terme d’Udasin उदासीन définit à la fois le philosophe, le religieux, l’ascète, le moine, mais aussi le Jñāna Yogin ज्ञान योगी. Udasin est celui qui est indifférent aux attachements terrestres, un stoïcien, un renonçant.
Le Jñāna yoga étant le yoga de l’érudition, le Jñāna Yogin est celui qui cherche l’éveil et la connaissance spirituelle par la connaissance des textes sacrés et le raisonnement poussé métaphysique. Il est le plus souvent apparenté à la philosophie Védantique.

Le Swāmī स्वामी d’origine européenne, est entouré ici de quelques visiteurs occidentaux. Son intervention porte donc sur le sujet de l’éveil qui va être abordé dès le départ de façon abrupte en terme métaphysique. Son discours, à la fois clair et apparemment simple nécessite toutefois de la part de l’auditoire une attention soutenue.
Dès le départ, le Swāmī pose la question ;

« Qu’est ce que l’éveil ? »

Pour traiter de ce sujet millénaire, nous devons, dit-il, nous poser la question ;
Qui s’éveille et à quoi ?

Comme le sujet porte sur la connaissance de Soi, voire du Soi, l’Ātman आत्मन्, l’éveil spirituel va donc être le processus qui permet de s’éveiller à sa vraie nature, à son moi profond et identique à l’absolu, ce que les sages appellent le « Je profond  ».
Le « Je profond », est ce principe fondamental, immuable et inchangé en nous depuis l’enfance. Il sous-tend le « Je personnel  ».
Le « Je personnel » étant défini par l’égo, le mental et les émotions, nous enferme dans l’ histoire personnelle et subjective.

D’un point de vue védantique, on considère qu’il y a dans la nature humaine et individuelle, deux types de conscience. La conscience subjective et la conscience objective.

 La conscience objective est en nous la dimension absolue de la conscience.

 La conscience subjective est une conscience de l’attention, de nature bipolaire, faite de la conscience des objets d’une part et de la conscience du « Je » d’autre part, à savoir sa dimension subjective.

Pour mieux cerner cette dernière, il est nécessaire d’appréhender la nature de la conscience absolue qui sous-tend cette conscience subjective. La métaphore universellement utilisée en philosophie spiritualiste est celle de l’Ākāśa आकाश (l’espace).
L’espace est ce principe réel de la manifestation qui, sans limites, reçoit tous les possibles, y compris la Conscience absolue.
Cette conscience là est ce qui est non vu, non perçu.
Elle est Ce qui voit.
C’est en nous, en tant qu’individu, Ce qui Sait.
Au-delà même des Tanmātra तन्मात्र (les organes des sens) et de la subjectivité de notre moi personnel, le « Je profond » est ce qui « sait en nous qu’il est vivant et qu’il est là ».

L’éveil de la conscience absolue arrive lorsque la conscience d’attention subjective n’est plus orientée vers les objets du monde.

La conscience d’attention est un reflet de la conscience absolue, ce que le Swāmī appelle un « réfléchissement ». Ce terme apporte une notion de luminosité à la notion du reflet.
Le postulat du Vedānta वेदांत le dit bien :
«  Seul Brahman ब्रह्मन् est réel, tout le reste n’est qu’irréel. »
voir conférence « Fenêtre sur le Vedanta »

La Conscience absolue n’étant pas une conscience bipolaire, elle n’est faite
ni de regardant, ni de regardé. Elle est de nature indifférenciée.
Elle est le Brahman du Vedānta.
Les grandes proclamations Védantiques, les mahāvākyas, (mahāvākyāni au pluriel) महावाक्यानि déclarent que la nature de l’Ātman, le Soi, l’âme individuelle est apparentée à celle du Brahman.

 Prajnānam Brahma प्रज्ञानम् ब्रह्म signifie ; « La conscience est Brahman »,

 Aham Brahma Asmi अहम् ब्रह्म अस्मि, « Je suis Brahman »,

 Tat Tvam Asi तत् त्वम् असि, « Tu es Cela »,

 Ayam Ātmā Brahma अयम् आत्मा ब्रह्म, « Ce Soi est Brahman ».

Là où il y a la vraie connaissance, la connaissance du Soi immortel, il n‘y a pas trace d’ignorance causale.
Dans la déclaration Ayam Ātmā Brahma, ceci exprime l’expérience intérieure intuitive du méditant quant à la nature de son être profond. Il peut alors commencer à percevoir en lui, cette présence absolue.
Notre âme est la présence la plus pure qui soit en nous.

Les Ṛṣi ऋषि, 2000 ans av JC, les voyants des Veda वेद, avant même l’écriture des Upaniṣad उपनिषद् parlaient déjà de cette expérience directe d’une présence intérieure.
Ils reconnurent en eux cette dimension absolue de l’âme individuelle, de ce « Je profond » qui est à l’image de l’absolu universel et immuable.
Ils reconnurent qu’ils étaient déjà ce qu’ils cherchaient.
Ils nous envoyèrent le message :

« Vous êtes déjà ce que vous cherchez ! »

Toutes les grandes traditions initiatiques spirituelles reposent sur cette compréhension de base entre l’absolu, le monde et l’individu.
Pour le Vedanta, il n’y a aucune différence entre Brahman et Jīva Ātman जीव. C’est la clarté de la réflexion qui est différente d’un être à l’autre. Si on place un miroir propre et un miroir sale au soleil, le miroir propre réfléchit davantage la lumière. L’intensité de réflexion divine qu’un être projette dépend de son degré de pureté et du pouvoir de l’illusion qui le recouvre.
On pourra reconnaître sa véritable nature par le processus de purification qu’apporte le chemin spirituel. Ici, le chemin est celui du Jñāna yoga et de l’étude du Vedanta.
L’éveil spirituel à la connaissance de ce qui Est, n’est pas une vérité à atteindre, c’est une vérité à reconnaître car déjà existante .

L’Advaita Vedānta अद्वैत वेदान्त est la forme la plus répandue de la philosophie du Vedānta.
Advaita signifie littéralement non-dualité. Son principe fondamental affirme la non différenciation de l’individualité ou l’âme individuelle (jīvātman) et de l’absolu (Brahman).
L’Advaita, qui s’oppose à l’école Dvaita द्वैत, est une des doctrines majeures de la philosophie indienne et la plupart des maîtres hindous ont été influencés par celle-ci.

L’Advaita Vedānta, dans la nécessité de la reconnaissance de cette vérité déjà présente, va proposer différentes approches pour que nous sachions déconstruire notre « Je personnel ». Ces approches sont intellectuelles mais aussi méditatives.
Cela sera possible en commençant par la prise de conscience des pensées erronées, des fausses identifications, des mécanismes de l’illusion et des pouvoirs couvrants de la conscience, par les questions pertinentes philosophiques d’un intellect clair et précis, et par des réponses toutes aussi claires données par une pensée juste et pénétrante.

Comment est né ce Je profond ?
Quels sont les rouages de la personnalité et de l’individualité ?
Ce reflet de la conscience absolue par la conscience d’attention est une caractéristique de la vie et de la manifestation. Brahman, l’absolu, non manifesté, se projette lui-même comme Prakṛti प्रकृति, le monde tel que nous le connaissons, avec ses règles universelles.

« La vie, dit le Swāmī, a choisi de se manifester par des êtres sensibles, sous la forme de cette conscience d’attention afin de permettre une plus grande interaction des formes conscientes entre elles. »

Ici est abordée la notion des règnes qui détermine les niveaux de conscience des différentes manifestations. A chaque règne, nous retrouvons ces différents degrés de la conscience et la complexité du manifesté. Chaque élément vivant de chaque règne est d’ailleurs animé par un phénomène d’entropie qui l’amène à tendre vers un degré plus élevé de sa condition.
La conscience du galet de rivière et celle d’un cristal de roche ne sont pas les mêmes, et leurs niveaux d’interaction avec d’autres éléments du monde non plus.
Le même principe s’observe entre la conscience d’une mousse et celle d’une orchidée, celle d’un mouton et celle d’un tigre. Les êtres très sensibles que nous sommes ont une interaction supérieure dans le cadre de l’évolution et nos expériences sont des expériences conscientes.

Dans la manifestation, tout se manifeste, y compris notre individualité et notre mental qui la façonne. S’y manifeste aussi et surtout l’Absolu.

Notre sentiment du Je personnel et de notre individualité vient de la nature de notre mental. Ce dernier est un ensemble de structures, de couches, (pensées, émotions, mémoires, etc.), de contenus mais qui ne sont pas toujours directement accessibles.

Dans les classifications de la philosophie du Sāṃkhya सांख्य qui n’est pas étrangère au Vedanta, Manas मनस्, la machinerie mentale est l’Antaḥkaraṇa अन्तकरण. voir la conférence "Les 25 Upadhis".

C’est une structure faite de quatre principes :

 Citta चित्त, l’inconscient (souvent apparenté au terme manas lui-même),

 Manas, la conscience psychique,

 Buddhi बुद्धि, l’intellect,

 Ahaṃkāra अहंकार, l’égo.

Au-dessus de l’Antaḥkaraṇa, arrive Ānanda आनन्द, l’état de Béatitude, qui appartient toujours à l’état de manifestation tout en étant dans l’Ānandamaya kośa आनन्दमय कोश. On touche là, à la dimension subconsciente, à savoir la partie supérieure de l’être qui connaît la nature de ses expériences.
Mais l’individu n‘a pas toujours accès à ses couches soit inconscientes soit subconscientes de son mental. Seule la pratique progressive de l’éveil de la conscience et du corps par les pratiques spirituelles permet d’y accéder.
Ces contenus difficilement accessibles sont ce que l’on appelle en Inde, les Vasānā वासना et les Saṃskāra संस्कार.

Les Vasānā sont les imprégnations ou impressions d’une sensation intérieure (désirs, tendances latentes, inclinaisons).
Les Saṃskāra sont les impressions latentes de vies antérieures, les tendances résiduelles subconscientes.

C’est par l’influence de ces contenus inconscients qui ont associé la conscience absolue avec la conscience d’attention que se crée le sens d’individualité, de l’égo, du Je, nous dit Swāmī Atmananda.
Le Je crée l’égo, l’Ahaṃkāra. Une pensée, un ressenti émerge et la pensée du Je personnel se forme. Ahám Vṛtti अहम् वृत्ति, est cette première vibration du Je, cette première perturbation de la conscience.
 
Chez l’enfant, la dimension personnelle, l’affirmation du Je s’observe par la prise de possession du corps. La conscience de lui-même se modifie et son Je s’approprie la dimension physique.

Le premier Vṛtti est donc celui du corps. Ce sens d’individualité naissant est une programmation innée de la vie afin d’assurer une certaine sécurité à l’individu nouvellement conscient.
Sans la conscience de notre corps, nous ne pourrions le préserver.

Notre survie et notre évolution ultérieure dépendent étroitement de cette association entre notre conscience réfléchie, notre mental et notre corps.

Mais, nous dit le Jñāna yogi, il y a une complication dans cette association.
C’est le problème d’identification qui s’y surimpose
.

C’est ce que l’on appelle Tādātmya तादात्म्य.
Tādātmya c’est l’identification. Elle peut être erronée ou bien juste.
Lorsque les confusions du mental et son peu de clarté lui font associer la conscience absolue avec la conscience subjective, lui font confondre le subconscient et l’inconscient, les perceptions du monde sont erronées.
Mais Tādātmya est aussi le principe d’unité parfaite entre le Soi et Brahman, c’est à dire d’unité entre l’âme individuelle et la conscience absolue.

Dans l’identification erronée, la conscience d’attention semble s’oublier pour adopter la nature du mental. Là où il n’y avait aucun Je personnel, une individualité émerge.

A ce moment là, Swāmī Atmananda utilise la métaphore de la bouteille et de l’océan.
« L’eau de l’océan dans la bouteille s’identifie à la bouteille et oublie qu’elle est de la nature de l’océan.

Le processus d’éveil, c’est lorsque l’eau dans la bouteille prend conscience qu’elle n’est pas liée à la bouteille. « Elle est l’Océan », « Je suis l‘Océan », « Je suis Cela » ».
« Tat tvam asi  » तत्त्वमसि.
Je suis l’absolu inqualifiable, illimité, intemporel.

Au processus de l’identification erronée, se rajoute le sentiment de la séparation.
C’est un sujet dont nous avons déjà longuement parlé durant de nombreuses conférences précédentes.
Le mental est un instrument interne dans le cadre de la manifestation, c’est-à-dire qu’il ne se capte pas de manière matérielle. Il est un instrument à la fois surprenant et essentiel à bien des égards en termes d’outils de découvertes et de compréhensions. Il n’en reste pas moins un instrument parfois peu fiable dans notre perception du monde en créant ce sentiment de séparation. Il entretient l’illusion.

Cette notion de séparation qu’éprouve le Je personnel est à l’origine de nombreuses situations de souffrance et solidifie nos limitations.
Pour illustrer cela, la métaphore de la vague est utilisée par le conférencier.
« La vague a une durée de vie très brève si elle s’identifie à son état de vague. Mais la vague est immortelle dans sa propre essence, puisqu’elle est l’océan lui-même. » 
Comment procéder pour prendre conscience que notre nature est celle de l’océan et non celle de la vague ? 

C’est un des fondamentaux de l’enseignement spirituel et l’éternelle problématique du guide spirituel. Le guide doit éclairer l’esprit dans la pénombre qu’est celui du chercheur spirituel. La force des symboles est bien souvent plus lumineuse et parlante que de longues tirades métaphysiques.
Djalâl ad-Dîn Rûmî le poète persan, ne disait-il pas ; " Étranges ces créatures humaines, qui dans l’obscurité, pleurent sur leur propre immortalité !

Dans notre expérience du monde, le fait de nous sentir une personne est un ressenti direct et spontané. Cette spontanéité malgré tout n’enlève pas se sentiment d’isolement et de séparation.
Parce que nous ne sommes pas spontanément touché par l’éveil de la conscience comme on le serait par une illumination soudaine, prendre conscience que notre vraie nature relève de celle de l’océan nécessite que nous fassions un réel travail de réflexion et d’analyse, afin de passer ensuite dans une compréhension profonde et indélébile.
Pour prendre conscience de l’océan de la conscience, il y a spirituellement plusieurs approches.
Là, Swāmī Atmananda va citer la célèbre approche du maître Sri Ramana Mahaṛṣi, connue sous le nom du « Self-enquiry », ce que l’on appelle en sanskrit, l’ Ātma Vicāra विचार.

Sri Ramana Maharshi était un jñāna-yogin et guru indien de l’Advaita Vedānta, né le 30 décembre 1879 sous le nom de Venkataramana Aiyer et mort le 14 avril 1950. Son enseignement, dans la tradition de la non-dualité, est essentiellement centré sur la notion du Soi et la question « Qui suis-je ? ». De nombreux hindous le considèrent comme un saint et son rayonnement en Occident fut considérable.

Sa démarche reposait sur l’investigation du Soi, le questionnement du Soi par le fameux « Qui suis-je ? ». Cela ne peut-être que le Je personnel qui en fasse l’investigation.

Indépendamment des contenus et couches personnels de Manas, il y a de la conscience dans le Je personnel.

Sri Ramana Maharishi affirmait (après expérimentation par lui-même et ayant rencontré l’extase très jeune) que, si nous arrivons à ôter de notre Je personnel, tous les éléments surimposés par le mental, nous arrivons à trouver notre Je profond.

Ce que Sri Ramana Mahaṛṣi appelait le « Pur Je ». Ce "Je non personnel "est cette présence pure de l’absolu en nous.
La conscience absolue objective gouverne le mental. Nous pouvons observer le contenu de ce dernier. Le travail d’objectivité consciente est cette introspection, cette
déconstruction des mécanismes mentaux qui permet de remonter aux processus initiateurs et donc à la source qui les crée pour ensuite aller au-delà.

Comment procéder ?
Toutes les pratiques méditatives, du rājā राजा yoga, du Jñāna yoga, du raisonnement Védantique, du Laya लय yoga, toutes les pratiques du Yoga en général sont là pour entrainer cette dé-construction du mental.
Sri Ramana Maharishi, après sa révélation, expérimentera lui aussi pendant de longues années ces systèmes pratiques yoguiques. Il s’installera finalement par la suite dans la pratique régulière du simple ressenti de l’état de conscience à soi, en toutes choses, à tout moment, de cette présence simple en lui, et qui fût le moyen lui permettant de s’établir naturellement dans ce Je pur, dans cette pure présence.

Pour le chercheur, cette prise de conscience de la pure présence en soi est un stade primordial, une auto-initiation dans la pratique spirituelle.
Advient alors un changement total de la personne.

Au départ, l’aspirant voit la vie à partir de sa conscience mentale. Il la voit ensuite à partir de la conscience pure.

Le Swāmī nous rappelle cependant que dans la conscience de « Je suis », il y a un Je !.
Ce n’est donc pas encore l’état de libération !
Dans cette conscience pure, il y a encore un principe de subjectivité, mais elle n’est plus personnelle, elle est fonctionnelle. C’est le mécanisme intrinsèque à la vie de permettre à l’humain sensible d’observer le monde par les formes. S’il n’avait pas cette subjectivité résiduelle, il ne serait pas conscient des objets. Il n’y aurait donc pas d’objectivité.

Le Vishvasāra Tantra विश्वसार तन्त्र dit ceci :
«  Ce qui est ici, est là. Ce qui n’est pas ici, n’est nulle part ».

Si je ne peux voir le monde, il n’y a pas de monde !
voir conférence « Le Château de l’âme »

Cependant, quand je suis établi dans ma conscience pure, cette subjectivité n’est plus séparée de l’objectivité.
« Je vois tout dans ma propre présence. » disait Sri Ramana Mahaṛṣi.

Il n’y a plus ce sentiment de séparation. Je deviens relié.
Les objets du monde étant l’émanation, l’expression dynamique de la conscience, ils ne sont plus séparés de moi. Je les perçois enfin dans leur nature essentielle, par leurs vibrations énergétiques qui sont l’expression de la conscience.

Toutes les pratiques yoguiques visant à identifier les Tattva तत्त्व les principes des Tanmātra तन्मात्र (les organes des sens ), à développer leurs aspects subtils et psychiques, illustrent bien cela.
Les siddhi सिद्धि (pouvoirs spirituels) n’ont d’autre but que la vision de ce qui EST, de ce qui sous-tend la manifestation. Nous travaillons sur ce thème depuis plusieurs mois dans nos pratiques en Méditation et Kriyā yoga क्रिया योग.

On peut vérifier cela dans la simple expérience du mécanisme de la perception, Śabda शब्द.
voir Conférence « L’Oreille suprême ».

Le Swāmī prend alors l’exemple de la cloche qui sonne.
Il nous invite à identifier quel type de conscience (objective ou subjective) nous utilisons lors de l’écoute et de la manifestation d’un son.
Si nous restons dans un pur état de perception, si nous ne rapportons pas dans la conscience nos fluctuations mentales diverses (pensées, émotions, etc.), si simplement nous écoutons avec une pure attention une cloche qui sonne, alors il n’y aura pas moyen de distinguer le son entendu de celui qui entend. Il n y aura aucune dualité dans cette expérience. C’est une expérience directe.
La dualité vient lorsque le mental intervient. Si c’est la cloche du repas, cela va intéresser notre mental, nous serons dans la dualité.

Ainsi donc, une perception dénuée de tout intérêt permet l’expérience directe, là où il n’y a pas de distinction entre ce qui entend et ce qui est entendu.

La perception directe de cette conscience pure est le début de la révélation du Soi, de l’ Ātman.
Ce n’est toutefois pas encore l’ultime révélation du Brahman, car le mental humain doit être prêt pour supporter cette vision ou en assumer l’expérience.


Il nous faut donc d’abord percevoir le reflet, soutenir le « réfléchissement » du Brahman, l’absolu, en nous tenant déjà dans la perception de notre Soi. Alors, la révélation du Brahman pourra peut-être s’opérer, si nous savons faire taire suffisamment notre subjectivité.

Hari Om tat sat

Jaya Yogācārya


Vidéographie :

 « L’éveil » de Swāmī Atmananda Udasin de l’Ajātānanda āśrama de Ṛṣikeś et réalisée par Fabien da Costa pour les éditions "A Ciel Ouvert " et proposée par la revue « Sources ».
 Commentaire et adaptation par Jaya Yogācārya

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