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"La noble inclination"

"La noble inclination"

Conférence donnée par Jaya Yogācārya en cours de méditation du vendredi 8 décembre 2017

Il est dit dans les textes : «  L’arrogance de l’homme est en proportion de son ignorance...  »

Durant des milliers d’années, l’homme n’a vu dans le ciel et l’univers que des minuscules luminaires que la providence a bien voulu allumer pour lui rendre la nuit plus agréable ou plus terrible. L’astronomie a corrigé cette illusion et l’homme d’aujourd’hui sait qu’il y a autant de dimensions autres que de mondes bien plus grands et tout aussi glorieux que le sien.

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L’univers en ses moindres recoins abrite la conscience et des modes de vie qui lui sont propres. De la moindre goutte d’eau peuplée de myriades d’éléments, aux millions d’êtres qui peuplent nos canaux veineux, à l’infini impalpable sans bornes du cosmos, le grand système qu‘est l’univers relie par des connexions plus ou moins mystérieuses, des formes de vies et de consciences par une affinité magique ou terrible.

Pour comprendre cela, la vision de l’homme doit être rendue subtile, son corps plus sensible, son esprit plus prompt et plus ouvert. Son âme doit être préparée à recevoir la connaissance, qu’elle soit spirituelle ou une vérité scientifique.
C’est d’ailleurs, au cours des âges, un constat évident. Plus l’homme a évolué, plus il a augmenté ses outils et son espérance de vie, plus il est devenu apte à appréhender intellectuellement la réalité de l’Univers. En terme de spiritualité, il n’a pas échappé tout comme la science, aux erreurs, aux dérives en tous genres, tout en permettant de développer un vrai savoir.
Ce vrai savoir, qu’il soit spirituel ou scientifique n’est toutefois pas celui d’un grand nombre.

La compréhension de la réalité de l’univers par l’homme contemporain lambda est tronquée par le bruit du monde humain que lui même a crée. C’est un monde chaotique qui semble courir à sa perte par manque de conscience chez le plus grand nombre d’entre-nous.
Le yogi travaille à cette compréhension et sait qu’en affutant ses outils de perception et d’entendement, il est à même d’agir sur les éléments subtils de la nature.
L’air, l’éther par exemple, par des procédés secrets de la pratique yoguique peuvent être rendus palpables et lumineux. Cela ne relève pas de la magie, mais de la science par laquelle la nature peut être commandée, sans l’asservir tout en la sublimant.

Il y a dans l’espace, des millions d’êtres imperceptibles à commencer par les organismes vivants invisibles à l’œil nu. Mais pour le yogi, il y a d’autres formes de matières délicates, aériennes, subtiles, animées d’esprit conscient. Les unes sont de sagesse insurpassable, les autres d’une grande hostilité, d’autres intermédiaires et bienveillantes à la survie de l’homme. Je ne parle pas bien sûr de fantômes ou d’esprits, mais de forces et d’énergies conscientes et cosmiques qui animent les grandes lois de l’univers qui nous gouvernent.

Si nous revenons sur le travail de la dernière conférence, et si nous reprenons quelques Yoga sūtra योग सूत्र de Patañjali पतञ्जलि ;
il y est dit ;

«  En portant la concentration sur la relation entre le pouvoir d’audition et l’espace (l’Ākāśa आकाश ), nous acquérons l’audition céleste ».

Toute vibration fait vibrer quelque chose. L’air étant un milieu propagateur, le son terrestre y est propagé et audible. Pour le yogi, le son subtil commence déjà par le son du silence. Il est l’antichambre du son divin.
Notre pollution sonore contemporaine est un grand obstacle à cette perception.

Un autre sūtra nous dit ;
«  En portant la concentration sur la relation entre le corps et l’Ākāśa, et en nous imprégnant du principe de légèreté, nous pouvons nous déplacer dans l’espace ».

Conformément aux théories quantiques, nous pouvons agir sur l’espace-temps.
Nous l’avons bien analysé la dernière fois, voir conférence « Sésame, ouvre toi ! ».
Dans cette démarche, le yogi est dans un véritable travail de conquête de la prakṛti प्रकृति .
La notion de conquête "Jaya" जय suggère une continuité dans le mouvement des transformations. Il faut en effet au pratiquant, envisager d’abord tous les plans grossiers, puis les plans subtils, les objets qui les caractérisent, pour ensuite venir aux outils supérieurs de la connaissance et là encore à leurs objets relatifs.

Grahaṇa ग्रहण, qui veut dire « saisissant, prendre », illustre cette propension de l’homme à vouloir prendre, saisir un objet, qu’il l’obtienne ou non.
Ce concept est un mouvement à double orientation.

    • la première direction est celle vers l’objet. Cela concerne la perception relative à tous les Jñāna Indriya ज्ञान et les karma Indriya कर्म इन्द्रिय).

Ce mouvement appartient à Pramāṇa Vṛtti प्रमाण वृत्ति, le premier vṛtti qui est la compréhension juste, le moyen de connaissance.

    • l’autre direction est celle vers le sujet, vers celui qui désire connaître, le « Je personnel », qui ordonne le rapport aux objets. C’est par ce dernier que la transformation, la connaissance, la maitrise peuvent se faire.

Le concept de Grahaṇa concerne donc aussi bien le mouvement qui consiste à se saisir de l’objet qu’à se saisir du sujet qui saisit lui-même les objets.

Ainsi donc, la conquête des sens s’obtient par la totale maitrise de cinq stratégies interdépendantes méditatives suivantes :

  • la perception de l’organe du sens concerné et ses facultés de cognition, sa physiologie.
  • la connaissance de la nature réelle des indriya इन्द्रिय, à savoir leur substance matérielle et leurs qualités spécifiques. Ce travail relevant de l’analyse intellectuelle.
  • le principe d’individuation par rapport au sens en question. C’est le principe d’ Asmitā अस्मिता et la nature du « Je suis », le Je personnel et ses critères subjectifs. Rappelez-vous de la conscience subjective du Je personnel. voir conférence « Je suis l’océan"
  • les interactions entre les indriya constituent la quatrième partie, à savoir l’interpénétration, la corrélation des organes sensoriels entre-eux. Ceci implique le fonctionnement simultané de nombreux organes sensoriels. La connaissance venant de divers stimuli. Le Sāṃkhya सांख्य retenant cinq actions d’influence entre les indriya, à savoir (la domination, le fait de s’appuyer, l’engendrement, l’union duale et la modification).
  • la finalité dans l’existence, à savoir le but. Chaque organe des sens a une finalité claire dans la structure de la vie humaine. Cette finalité est double : Bhoga भोग, l’expérience et Apavarga अपवर्ग, la libération.

Ce travail en cinq points permet selon Patañjali, d’unifier le travail de perception, depuis l’objet jusqu’aux instruments de la cognition qui incluent le sens du Je personnel.

Les nombreuses méditations que nous faisons depuis des mois travaillent à développer cette maitrise progressive des tattva तत्त्व et de la prakṛti afin de toucher du doigt ces potentialités, ces pouvoirs dont parlent les yogis.

En attendant de développer ces fameux Siddhi सिद्धि les pouvoirs yoguiques, les méditations visent à développer votre compréhension subtile de l’univers et de son énergie, dans le processus de l’éveil en vous de cette même énergie.

En terme d’énergie spirituelle, l’homme ordinaire n’y comprend pas grand-chose.

Il porte souvent un regard ignorant sur les cultes et les pratiques.
Il ne comprend pas toujours de quoi parle le yogi en terme de Prāṇa प्राण.
Pourquoi est-il possible d’adorer une icône ? A quoi sert tel rite, tel ārtī आरती devant la photo d’un maitre ? A quoi sert de s’incliner devant un maitre vivant ?

Tout est une question de Prāṇa et de conscience.

Quand on se prosterne devant un saint homme et lui touche les pieds en y posant les mains ou le front, cela a plusieurs significations.

Le fait premier est qu’en déposant l’égo du « Je personnel » devant celui qui s’est débarrassé du sien, on reconnait la valeur du guide.

Mais cela va bien plus loin encore.

Quand l’homme est en colère, il aimerait bien frapper son adversaire, lui marcher dessus, l’écraser. Partout dans le monde, l’objet lancé est une chaussure, symbole inconscient du désir d’écraser, nous dit Osho. Jadis, il était habituel que le vainqueur pose le pied sur la tête du vaincu allongé au sol.
Aujourd’hui toutefois, si vos chaussures sont chères, vous hésitez !

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L’inverse est tout aussi spontané. Quand vous ressentez un immense respect pour quelqu’un, vous pouvez avoir envie de vous prosterner à ses pieds. Il y a une raison subtile à cela.
Quand vous êtes incliné, vous sentez l’énergie vitale de l’autre couler vers vous.

Pour recevoir quelque chose, il faut toujours vous mettre à un niveau plus bas.

Tous les courants se déversent vers le bas.
Devant un maitre spirituel, plus vous vous inclinez, plus vous pouvez recevoir l’énergie qui émane de lui.

Bien sûr, il vous faut le discernement nécessaire pour que ce ne soit pas un simulacre entre deux personnes n’ayant aucun Prāṇa à échanger. Sans quoi, le spectateur de la scène pourra penser que le disciple est manipulé par une foi aveugle ou souffre d’hallucination, et il aura raison.

Si vous êtes un vrai chercheur réceptif ayant développé le prâna et la conscience, alors la prosternation permet de recevoir la grâce.
Si le guide est en défaut de transmettre l’énergie à ce moment là, la personne inclinée recevra toutefois l’énergie de sources supérieures à travers le canal qu’est le guide. Vous recevrez alors l’énergie des yogis qui l’ont initié.

La valeur de l’ image d’un guide, d’une icône, d’un temple vient lorsqu’ils ont été construits ou crées avec l’accord du guide et du disciple. Le guide donne à l‘élève un support chargé de son Prāṇa que le disciple pourra réactiver en mémoire de lui.

Les lieux sacrés, les temples, les tombes des saints, leurs effigies, les autels avaient une utilité au départ. Ils détenaient la promesse du maitre de son vivant, de revenir en ces lieux afin de venir honorer de son énergie consciente la démarche du chercheur sincère.
C’est ainsi que se sont développés des lieux sacrés de pèlerinage. Plus les promesses se sont effacées de la mémoire, plus ces lieux sont devenus des lieux de pèlerinage par habitude ou par superstition où les fidèles ont peu de contact "pranique" avec le maitre.

Un éveillé décédé peut tenir ses promesses.
Une simple photo peut être aussi importante que sa présence vivante, pour celui qui a établi le contact "pranique" avec le maitre de son vivant.

Les cultes aveugles sont par contre suicidaires.

Ainsi, si durant votre vie ou au moment de mourir, vous faites fermement une promesse et si votre volonté spirituelle est intense, vous pourrez tenir cette même promesse après votre mort.

Hari Om tat Sat
Jaya Yogācārya

Bibliographie :
 « Propos sur la liberté » de Swami Satyananda Saravati aux edts Satyanandashram
 « L’expérience mystique » de Osho Rajneesh aux edts « du Gange »
 « Les yogasutras » d’Alyette Degrâces aux edts Fayard
 « Raja yoga et occultisme » de H.P Blavatsky (Textes théosophiques)
 Commentaire et adaptation de Jaya Yogācārya

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