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"Célèbre pomme de pin"

« Célèbre pomme de pin »

thème : La pinéale
Conférence donnée par Jaya Yogācārya en cours de méditation du vendredi 21 sept 2018


Dans beaucoup de traditions mystiques, qu’elles soient d’Asie, d’Égypte, d’Afrique ou du continent Amérindien, nous trouvons depuis la nuit des temps des rites initiatiques dont l’objectif est le passage à un stade supérieur de conscience et d’intelligence.
C’est un des aspects propre à l’initiation.
De même, dans beaucoup de traditions tribales, le passage de l’adolescence à l’âge adulte relève d’un rite initiatique. A cette période de la vie, le grand jeu des hormones et particulièrement des hormones sexuelles, va mettre en éveil les facultés de reproduction, d’éveil de la conscience et d’interactions différentes avec le monde.

Pour la majeure partie de ces rites, tous rites confondus, le passage en question repose sur l’éveil d‘une conscience permettant de renforcer le mental en déclenchant des visions, belles ou terrifiantes, mettant l’individu face à ses peurs et ses démons ou bien face à ses nouvelles potentialités.
L’initiation chamanique par exemple, en utilisant des plantes hallucinogènes, est censée être un traitement de choc qui éveille l’intelligence et la faculté visionnaire.
Des pratiques d’isolement dans la totale pénombre ou d’immersion sous la terre font partie de ces rites. Que ce soit dans les rites initiatiques des jeunes gens (onze ou douze ans) en vue du mariage ou non, ou dans ceux de l’adulte, nous trouverons des plantes hallucinogènes comme l’ayahuasca en Amérique du sud, l’iboga en Afrique, le Datura chez les sādhu साधु de l’ Inde, pour ne citer qu’elles.
Ces plantes ont des substances provoquant des visions transcendantales aussi bien dans le merveilleux que dans le terrifiant. Revenir de ces expériences en ayant frôlé la mort ou en ayant eu une vision divine permet de renaître à un stade d’homme ou de femme initié prêt à affronter l’existence.

Dans la tradition Brahmanique de l’Inde, l’initiation du jeune brahmane l’upanayana उपनयन vers onze ans, répond à ce même principe de passage par la révélation d’un mantra et d’un rituel permettant d’éveiller l’esprit à la lumière de la connaissance. Il n’ y a pas toutefois d’utilisation de drogues. L’accent est mis sur le principe de transcendance par la luminosité qui éclaire l’esprit et le côté sacré et secret de l’initiation, ainsi que des pratiques religieuses ou yoguiques. Voir « Le don de la déesse »

Que ces traditions utilisent des hallucinogènes ou non, que visent-elles à éveiller par le processus de la vision ?

Qui dit vision, dit œil ! Mais de quel œil s’agit-il ?

Je vous ai déjà bien souvent parlé du Śiva Cakṣu शिव चक्षु, l’œil de Śiva, du sva nētra स्व नेत्र, l’œil de la clairvoyance, du Jñāna Cakṣu ज्ञान चक्षु, l’œil de la connaissance, du bhrūmadhya भ्रूमध्य, le point inter-sourcilier, en résumé de l’Ajña cakra अज्ञ चक्, considéré par la science yoguique comme étant l’œil intérieur, ce fameux 3°œil pour les traditions ésotériques mystiques de l’Orient à l’Occident.

« 3° œil », « œil de l’âme » est donc une métaphore mystique et ésotérique d’origine orientale qui désigne, au-delà des yeux physiques, un troisième regard, celui de la connaissance de soi.
Les civilisations proto-védiques précédant celles de la Vallée de l’Indus furent à l’origine de cet engouement pour cet œil intérieur qu’ils situaient déjà à l’intérieur du cerveau.

C’est dans le Kriyā yoga क्रिया योग et la méditation Dhyāna ध्यान que nous appréhendons cet œil intérieur par les points de résonance que sont le kshetram solaire à l’avant (le point inter-sourcilier) et le kshetram lunaire à l’arrière (le Candra cakra चन्द् चक). Nous l’appréhendons physiquement, énergétiquement, psychiquement et intellectuellement par les pratiques de concentrations poussées, de respirations, de visualisations, de méditations et de réflexions métaphysiques.
La grande vertu du yoga est de pouvoir le solliciter par des approches saines et naturelles, sans substances psychotropes.
Du moins c’est ce yoga là que nous pratiquons !

Allons voir cependant d’autres approches en allant faire un tour dans l’ancienne Égypte.

La très ancienne Égypte vient elle aussi de tradition chamanique comme les périodes proto-védiques en Inde.
En Égypte, était pratiqué le culte d’Horus. " L’œil d’Horus ", appelé aussi « l’œil d’Oudjat », était un symbole omniprésent de cette culture.

Horus, ancienne divinité de l’Égypte, était décrite comme un homme à tête de faucon. Son nom signifiait « le Lointain » en référence au vol majestueux du rapace.

Vous deveniez Horus, si vous deveniez apte à voler comme lui.

Dans les approches chamaniques, le pratiquant reconnaît son animal totem et apprend à s’identifier aux pouvoirs spécifiques de ce dernier.
Dans ces pratiques, les processus de la vision intérieure et de la visualisation jouent un grand rôle. Ces visions sont souvent associées à la fois à la pénombre et à la luminosité qui les révèlent, auxquelles sont ajoutées des substances psychotropes ou des " techniques psychotropes ".

Pour revenir à Horus, cette divinité était vénérée dans toutes les régions égyptiennes et le temple d’Edfou est un des plus beaux lieux où se pratiquait ce culte.
L’œil d’Horus est un symbole protecteur et ne doit pas être confondu avec « l’Œil de Râ  » dont le dessin est légèrement différent et symétriquement opposé.

Pour la légende, Horus, fils d’Isis et d’Osiris, aurait perdu l’œil gauche dans le combat mené contre son oncle Seth pour venger l’assassinat de son père. Seth découpa l’œil en six morceaux et les jeta dans le Nil. À l’aide d’un filet, Thot repêcha tous les morceaux sauf un. Thot rajouta cette part manquante et rendit à Horus son intégrité vitale. Cette partie manquante est la partie magique de Thot. L’œil Oudjat avait donc une fonction magique liée à la prophylaxie, à la "restauration de la complétude" et à la vision de « l’invisible ».

L’œil d’Horus est souvent associé au troisième œil.
L’Égypte semblait déjà associer cet œil à la dimension physique de la pinéale qu’ils isolaient lors de la momification.
Parfois, vous trouverez sur des sites ésotériques du net, des images montrant l’analogie entre l’œil d’Horus et la coupe longitudinale du cerveau avec son système (cortex, thalamus, hypothalamus, hypophyse (pituitaire), épiphyse (pinéale), tronc cérébral)
A vous seul de juger de cette analogie.

Les « rituels sombres » des Égyptiens semblaient indiquer leurs connaissances des effets de la glande pinéale.
Dans la tombe de Thoutmosis III, un rituel y est décrit montrant le pharaon se rendant dans l’obscurité totale. Là se tiennent des gardes qui lui tendent l’Acacia, reconnaissable à ses feuilles. Une seconde scène montre l’arbre émergeant du crâne du pharaon.
On sait aujourd’hui que l’acacia de Medani contient la fameuse substance DMT et la 5-MeO-DMT, molécules que l’on retrouve dans l’ayahuasca, l’iboga, le peyotl ou les psilocybines, les champignons hallucinogènes.

Cette DMT ou diméthyltryptamine est la molécule des hallucinations.
Elle a fait couler beaucoup d’encre et a commencé à être étudiée à l’époque des drogues de synthèse (LSD) et de l’art psychédélique des années 1970.
Elle est toujours d’actualité.
Cette substance psychotrope puissante est souvent présentée de façon synthétique mais elle est aussi présente de façon naturelle dans plusieurs plantes dont l’acacia. Considérée comme un stupéfiant, elle est généralement fumée et procure un effet hallucinogène immédiat et de courte durée ainsi qu’une expérience de mort imminente dans certains cas.
Certaines études relient cette expérience de mort imminente à une possible production de diméthyltryptamine par la glande pinéale.

Endocrinologues, neurologues, scientifiques restent prudents vis à vis des approches spiritualistes voulant faire de cette glande, celle de la conscience supérieure. La science est encore bien loin d’en avoir fait le tour.
Certains chercheurs en neurosciences expérimentent cependant les processus de vision intérieure en tenant compte de la nature photo-sensible de la glande en question ainsi que les effets de ses hormones. Parmi celles-ci, la mélatonine, l’hormone du sommeil. Elle est synthétisée par le neurotransmetteur, la sérotonine.
D’autres neurohormones secrétées par la pinéale intéressent nos scientifiques, particulièrement la pinoline et l’harmaline qui interviendraient dans les processus de la conscience, particulièrement la pinoline, comme catalyseur des rêves et des états de conscience modifiés.

La glande pinéale, souvent associée au sommeil, gère aussi la régulation des cycles circadiens. Les cycles circadiens, (circadien= période de 24 heures) sont sujets aux variations de pénombre et de luminosité. Ils agissent sur tous les rythmes biologiques de nombreuses espèces et chez certains animaux, sur leur rythme de reproduction, voire de migration, d’orientation ou d’anticipation comportementale lors de catastrophes naturelles.

La pinéale agit donc comme une horloge interne sur le mammifère diurne que nous sommes.
La mélatonine, hormone du sommeil va être synthétisée la nuit par l’obscurité.
Sa production sera inhibée par la lumière. D’où le réveil le matin aux premières lueurs du jour. La mélatonine est neuroprotectrice, elle protège les neurones.

Nous pouvons déjà là, anticiper sur le rôle important de la luminosité ou de l’occultation permettant la révélation et l’éclairage divin dans la pratique de l’éveil.
On sait que le phénomène d’activation des hormones dans la pinéale par l’obscurité va être exploitée par les yogis, soit par la fermeture des yeux dans la méditation, soit par des techniques de Trāṭaka त्राटक ou de concentrations particulières, soit par les retraites sombres et prolongées dans des ermitages. Ces stratégies permettant d’activer l’éclairage intérieur.

Pour le yoga, l’Ajña cakra n’est qu’un stade d’activation de facultés supérieures en vue de l’illumination finale par la montée de l’énergie rejoignant la conscience absolue au brahmarandhra ब्रह्मरंध्र, la porte de Brahman ब्रह्मन् au sommet du crâne.
Mais cette expérience est associée à la maîtrise des plans viscéraux et la volonté inébranlable d’unification avec des principes élevés et subtils de conscience.

Ce n’est pas la simple recherche de pouvoirs ou d’une expérience psychédélique.

Elle s’accompagne d’une réflexion basée sur le savoir millénaire de la nature humaine, ce que l’on appelle la connaissance de Soi.
La tentative de cette expérience sera déconseillée au néophyte susceptible de ne pouvoir supporter les visions et autres manifestations d’une telle révélation. Si le corps physique et la dimension psychologique sont fragiles, il peut en découler de graves
désordres. D’où le danger des expériences de drogues à objectif initiatique sans démarche encadrée par un guide compétent.

Lorsque nous sollicitons l’ Ajña cakra, le trivēṇī त्रिवेणी, le confluent des trois grands nadī नदी, la montée de l’énergie dans le Brahmā nadī ब्रह्मा नदी, nous considérons l’ensemble « hypotalamo-hypophysaire-pinéale » afin de pouvoir jouer à plusieurs niveaux :

 d’une part, nous allons intervenir sur l’activation de l’hypophyse (le chef d’orchestre) qui, par son lien direct avec l’hypothalamus (le compositeur de la partition) crée l’homéostasie du corps par ses sécrétions et commandes hormonales via le système endocrinien.
Parmi les commandes de l’hypophyse, son contrôle des hormones de croissance est pour le yoga, l’occasion d’agir sur ce processus en permettant de ralentir la dégénérescence par le retour des forces "prāniques" vers le cerveau, via des techniques précises. Il agit donc sur l’allongement de la vie (Kriyā yoga), d’où un changement quantifiable obtenu par une pratique régulière.
Thyroïde, thymus, pancréas, surrénales, gonades sont les glandes sur lesquelles l’hypophyse agit.
Gonadolibérines agissant sur les gonades sexuelles, adrénaline secrétée par les surrénales lors d’un stress, etc., montrent la main mise de cette glande maitresse sur nombre de nos processus de survie.
On voit là un des objectifs du yoga, qui, en agissant sur les systèmes hormonal et endocrinien, maintient la santé et ses processus de régulation et d’activation.

 d’autre part, nous agissons sur l’activation de la pinéale par des visualisations, des activations lumineuses, des concentrations sur des supports énergétiques, des méditations, des techniques de contrôle du rêve, etc.

Dans l’éveil et l’activation de l’Ajña cakra, nous sollicitons forcément ces deux glandes maîtresses, l’hypophyse et la pinéale.
L’activation de l’hypophyse (pituitaire) en premier permet ensuite d’accéder plus en profondeur, au relais suivant qu’est l’épiphyse (pinéale), cette glande encore méconnue par les scientifiques et dont la forme s’apparente à une minuscule pomme de pin.

L’hypophyse et la pinéale ne sont pas étrangères l’une à l’autre, même si l’hypophyse dépend de l’hypothalamus. Hypophyse et pinéale appartiennent toutes deux à ce groupe supérieur du cerveau.
Dans les traditions des Siddha yogis सिद्ध , la «  grotte de Brahmā ब्रह्मा  » est l’ensemble de six organes supérieurs : hypophyse, hypothalamus, pinéale, thalamus, hippocampe et amygdales (noyaux amygdaliens).
Dans les processus de l’éveil, c’est cet ensemble qui intervient dans les états modifiés de conscience, toutefois, la pinéale remporte la plus grande renommée.

Hari om tat sat
Jaya Yogācārya

Bibliographie :
 "Epiphyse ou Glande pinéale" du Dct Berthe Vivien-Roels, Encyclopedia Universalis.
 "Puissante pinéale", interview avec Ananda Bosman, revue Science et Conscience.
 Adaptation et commentaire Jaya Yogācārya

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