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"Souveraineté"

« Souveraineté »

Conférence donnée par Jaya Yogācārya en cours de méditation du vendredi 14 dec 2018

C’est la dernière conférence de l’année et nous nous devons de finir sur des concepts essentiels.
Dans notre quête de l’élévation et du savoir, nous cherchons la transcendance des plans grossiers afin de faire ici-bas, dans cette vie là, l’expérience qui nous amènera à approcher au plus près la réalité qui sous-tend notre existence.

Nous savons que l’esprit ordinaire humain Manas मनस् le mental a toujours été comparé à un singe sans cesse en mouvement.
Cette agitation perpétuelle est une des plus grandes causes de la souffrance humaine.
Dans le sommeil profond, elle est absente car nous y lâchons tout.

Pour comprendre les aspects essentiels de notre existence, il y a d’un côté le raisonnement, de l’autre, l’expérience.
En ce qui concerne le raisonnement, il y a celui qui relève du bon sens et s’appuie sur la raison et celui qui spécule indéfiniment. Ce dernier est stérile voire destructeur.
Si l’on s’appuie sur la raison saine, Sattarka सत्तर्क on obtiendra rapidement des résultats qui pourront alors nous permettre de nous concentrer sur les moyens.

Le succès de notre entreprise spirituelle dépend donc de la raison saine sur laquelle nous nous appuyons.

Attention donc aux spéculations « métaphyso-philosophico » de bas niveau qui peuvent à long terme mettre en nous un état de doute ou de suspicion envers l’évidente réalité relevant du bon sens.
Lorsque vous observez des personnes dites « sages », ce n’est pas tant par leur niveau de sophistication de la pensée qu’elles s’imposent à notre respect, mais par l’évidence et le bon sens qui les caractérisent. Nos anciens, voire nos parents peuvent avoir ce bon sens que la longue traversée de la vie leur a apporté. Ce n’est bien sûr pas le cas de tous les anciens. Beaucoup ont raté le coche du cheminement vers le Soi.
Pour ceux qui ont avancé avec succès, ils ont puisé leur confiance dans le bon sens, la raison saine. Il ne faut donc pas que le raisonnement soit une fin en lui-même, mais trouver en lui, la confiance.
C’est cette confiance qui sera récompensée dans l’expérience.

C’est grâce au bon sens que l’agriculteur sème et récolte aux bons moments.
De même, c’est par le bon sens et la raison claire et saine qu’il nous faut déterminer avec confiance ce qu’est la nature réelle de notre existence, mais aussi la nature réelle de l’argent, de nos quêtes matérielles, de la quête de la santé, de l’amour, etc.

Nous n’échapperons pas bien entendu dans ce raisonnement à ce qui est bien et ce qui est mauvais pour nous. C’est pourquoi chacun doit déterminer par le bon sens et la confiance en quoi consiste le bien pour lui. Une fois cela fait, il lui faut mettre en œuvre les moyens pour l’atteindre.

Souvenez-vous, la dernière fois, je vous disais :
"Les gens avisés ne font jamais rien en vain ! Celui qui agit sans envisager les résultats possibles de ses actions et des lois qui le gouvernent est un sot. »

Pour mettre en œuvre les moyens, il ne faut pas se perdre dans les aléas des raisonnements ou des nombreuses justifications que le mental s’accorde en renonçant au courage et à l’effort.

Beaucoup d’élèves en yoga débutant ont de grands discours sur la spiritualité et beaucoup d’attraits pour cette science spirituelle. Une partie d’entre-eux succombent très souvent et très vite à leurs inerties mentales et physiques renforcées par leurs nombreuses justifications devant le réel travail à entreprendre sur eux-mêmes. Certains mettent toute une vie à essayer de commencer.

Appuyé sur sa confiance, l’homme courageux n’est jamais vaincu.

Il s’appuiera sur Icchā Śakti इच्छा शक्ति, la volonté inébranlable.

C’est par un effort obstiné que le cultivateur obtiendra sa récolte, le marchand sa richesse, le roi son pouvoir, le yogi sa science bienfaisante et sa compréhension suprême.

Celui qui manque totalement de confiance en lui, dans la science yoguique et dans le guide et s’adonne aux raisonnements divers sans fin n’obtiendra jamais le moindre résultat.
C’est un beau parleur, un « tâtonneur » ! Il n’est pas fait pour le yoga !

Celui qui prend prétexte d’un moindre échec pour perdre toute confiance est un homme perdu, un ennemi de lui-même. Il n’est pas fait pour le yoga !

Celui qui « prend pour prendre », des clés yoguiques, des recettes en vue d’en faire carrière est un consommateur outrecuidant de la spiritualité dont la seule confiance est celle qu’il met dans son égo, sous-estimant l’envergure de l’engagement personnel de la vraie démarche spirituelle. Lui aussi n’est pas fait pour le yoga !

Quand nous entreprenons la démarche yoguique, c’est en vue d’atteindre, en toutes circonstances, le but.
Il faut donc choisir les meilleurs moyens et se hâter de les mettre en œuvre, car l’expérience, le vécu Anubhūti अनुभूति ajouté au bon sens et au raisonnement sain seront les sources du succès.

Avant d’attribuer au but une notion de transcendance vers le plan divin absolu, il est nécessaire dans ce bas monde où la douleur et le mauvais sont partout présents, de donner au but la notion de Bien.
Aux yeux des yogis, des clairvoyants, la douleur est partout dans ce monde, or tout est mêlé à elle.
Richesses, possessions, amour, enfants, époux, intelligence, jeunesse, beauté physique, savoir relatif, tout cela est en étroite relation avec l’éphémère et donc associé à la séparation.
Tous ces principes nous maintiennent sous l’état d’illusion Māyā माया.
Tout cela sera broyé dans les mâchoires de Kāla काल, le Temps.
Tous sont les graines qui nourrissent le chagrin. Ils ne sont pas le but pour parvenir au Bien.
Le véritable moyen pour y parvenir est tout différent.

Un magicien ne soumet à son leurre qu’un nombre restreint de gens car son savoir est limité. Cependant, pour avoir la vérité du tour de magie, il leur faut l’aide du magicien qui expliquera le subterfuge.

L’homme humain est illusionné par la principe couvrant du grand illusionniste qu’est l’univers absolu. Pour s’arracher à la grande illusion dont nous avons longuement parlé lors la dernière conférence voir conf « Le double enchantement, il nous faut pouvoir émettre une relation de confiance avec le « Grand Illusionniste », à savoir l’Absolu, afin qu’il nous révèle sa loi.
Sans sa bienveillance et sa coopération, ce que l’on appelle la « grâce du divin", tous les moyens que nous mettrons en œuvre seront inopérants.

Comment obtenir la grâce de l’Absolu afin qu’il se rende intelligent à notre compréhension limitée ?
Comment obtiendriez-vous la grâce de quelqu’un pour qu’il prenne attention à vous ?

Il faut lui parler avec Amour !

Cela ne veut pas dire s’adresser à un dieu créateur à la barbe blanche, un dieu créateur du monde avec un début et une fin.
L’Absolu omniscient, le Brahman ब्रह्मन् du Vēdānta वेदांत, l’Absolu qui contient tout, sans nom, sans forme, intemporel, est à la fois le même et tout à fait différent des agents qui opèrent en ce monde. Ses pouvoirs sont inconcevables pour nous. Le caractère illimité de ses effets nous conduit à l’infinité de sa puissance.

L’ordre cosmique est maintenu par la conscience souveraine de cet absolu.

Les humains ont bien du mal à maintenir une quelconque notion d’ordre humain sur cette pauvre planète. Inconstants, injustes, impitoyables, avides, manipulateurs, sont les caractères qui animent les intérêts des soi-disant souverains de la planète Terre.

L’Absolu est bien au-delà de ces enjeux.
Il maintient le monde de sa propre sagesse inhérente.
On peut donc lui faire confiance en matière d’absolu.
Inutile de le prier pour obtenir de lui. Nous retomberions dans les carcans d’intérêts.
Seul l’amour désintéressé, la reconnaissance désintéressée d’un principe supérieur à nous, comme conscience suprême, peut être le refuge pour ce qu’il y a de meilleur en nous, de plus élevé.

Les hommes ont toujours prié cet Absolu sous différentes formes selon leurs latitudes et leurs époques. Que ce soit un Śiva शिव, le Soleil, Mahomet, Jesus, Buddha बुद्ध, chacun le détermina à sa manière et lui donna même un corps ou une forme grossière, associé à une conscience supérieure. On ne rencontre pas un dieu inconscient et désincarné.
L’intelligence grossière des hommes a toujours eu du mal à concevoir cet absolu dont la nature incorporelle est radicalement différente d’elle. Alors on donna à des représentations anthropomorphiques les qualités et pouvoirs les plus nobles qui soient en comparaison des limitations des qualités ordinaires humaines.

L’Absolu étant omniscient, omnipotent, conscient en toutes choses manifestées ou non, son corps est à la fois dans chaque partie aussi infinie soit elle de l’univers manifesté et dans sa totalité non manifestée.
C’est la conscience absolue qui forme son corps.
Sa conscience absolue constitue le noyau de la vérité commun aux diverses conceptions du divin.
L’univers entier, immobile et mobile, se reflète dans ces conceptions.
Le yogi doit diriger son attention non pas vers ces conceptions diverses et anthropomorphiques ou parties différenciées, mais uniquement vers la forme transcendante, dépourvue des parties.

Des millions de renaissances ne démentiraient pas d’autres voies possibles.

Dans Le Vedānta वेदान्त, l’absolu est Brahman ब्रह्मन्.
Dans le tantrisme, il est Lalitā Tripurasundarī ललिता त्रिपुरसुन्दरी
Elle est le miroir dans lequel se reflète l’Univers immobile et mobile à la fois.
L’Univers semble distinct d’elle et pourtant il en est indistinct.
Elle est la transcendance de toutes choses.
Elle est le désir suprême du non manifesté à se manifester et inversement.

Elle donnera donc la grâce de sa compréhension à l’esprit tourné vers elle.

Mais pour cela, il faudra que l’esprit du pratiquant ait déjà développé intelligence et conscience, réflexion, contrôle du mental Manas मनस् et des organes des sens Tanmātra तन्मात्र.
Il lui faudra surtout avoir développé la maîtrise du souffle, le meilleur ami du mental qui permettra de développer la Buddhi बुद्धि, l’intelligence lumineuse.

C’est de la rencontre de la Buddhi lumineuse du pratiquant avec la Grande Déesse, représentant le principe unifié de l’énergie et de la conscience absolue, que viendra la véritable compréhension de notre manifestation ici bas.

Je finirai l’année par un vers tantrique :
« C’est par Toi que celui qui crée, soutient et dévore le monde,
est mis en sommeil.
Qui est capable ici de Te chanter ? »

Hari om Tat Sat
Jaya Yogācārya

Bibliographie :
 « Le Tripuraràhasya » de Michel HULIN aux Edts Fayard
 Adaptation et commentaire par Jaya Yogācārya

©Centre Jaya de Yoga Vedanta Ile de la Réunion

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